Personne ne déchoit du Vaikuntha (Bhagavat Sandarbha, 51) – Partie 8

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Une autre objection pourrait être soulevée : les âmes conditionnées sont appelées « patita », ou déchues, et cela implique qu’auparavant elles n’étaient pas déchues.

Suite du commentaire de Satyanarayana Das Babaji

Une autre objection pourrait être soulevée : les âmes conditionnées sont appelées « patita », ou déchues, et cela implique qu’auparavant elles ne l’étaient pas. Lorsque nous disons « Ceci est une purée de pommes de terre », cela signifie qu’avant les pommes de terre n’étaient pas réduites en purée. Ainsi, bien que nous soyons incapables de comprendre comment nous sommes déchus, il semble que nous l’eussions fait, sinon nous ne serions pas désignés comme « déchus ». Le Seigneur Suprême, Caitanya Mahaprabhu, Se trouvant dans l’humeur d’un dévot, dit qu’Il est déchu dans l’océan des morts et des naissances : « patitam maṁ viṣame bhavāmbudhau » (Le Shikshashtakam 4). Si nous sommes déchus, alors nous sommes tombés du Vaikuntha, car tout autre endroit est déjà une position déchue.

Le défaut de cet argument réside dans l’hypothèse selon laquelle la condition déchue est précédée d’un état non déchu. Si la chute d’une personne n’a pas de commencement (anadi-patita), alors la personne est aussi appelée patita, car il n’y a pas d’autre mot pour décrire un tel état. L’adjectif « anadi » n’est pas toujours utilisé. Un adjectif distingue un objet des autres de la même classe et identifie une qualité spécifique appartenant à un objet particulier. À titre d’exemple, lorsque nous disons « un lotus rouge », nous précisons par là que ce lotus est différent des lotus bleus ou jaunes. Néanmoins, le lotus rouge est aussi un lotus et peut être appelé simplement comme tel lorsqu’il n’est pas nécessaire de le distinguer des autres. De même, lorsque le mot « patita » est utilisé sans l’adjectif « anadi », il renvoie à toutes les entités vivantes déchues. L’enfer est un endroit déchu et il n’y a jamais eu de temps où il ne l’était pas. L’appeler un endroit déchu n’implique pas qu’il ne le fût pas auparavant.

« Patita » est un participe passé qui, selon la grammaire de Panini, se forme lorsque le suffixe kta- est ajouté à la racine verbale √pat (déchoir). Ce suffixe est appelé « nishtha » (Panini 1.1.26) et s’applique dans différents cas, dont certains sont décrits ci-dessous :

  1. Pour indiquer quelque chose qui a été fait dans le passé, comme dans « bhuktam » (mangé), (Panini 3.2.102).
  2. Employé au sens actif, il indique le début d’une activité, par exemple : « prakṛtaḥ kaṭaṁ devadattaḥ » – « Devadatta commence à faire le tapis » (Panini 3.2.102 vartika 3).
  3. Au sens de l’action au présent, le suffixe est appliqué aux racines qui se terminent par un ñ muet, ainsi qu’aux racines ayant le sens du désir, de la connaissance et de l’adoration (Panini 3.2.187-88). Par exemple : « rājñām iṣṭaṁ » – « désiré par les rois ».
  4. En tant que nom verbal, tel que « hasitam », un rire. Lorsqu’il est employé de cette manière, le mot est toujours au neutre (Panini 3.3.114).
  5. Lorsque le mot se terminant par kta- est employé en tant que substantif, comme dans « Devadatta », il a le sens d’une bénédiction (Panini 3.3.174 et son Kasika-vritti).

De ce fait, le suffixe kta- n’est pas toujours employé pour indiquer le passé. Lorsque le mot « patita » est employé pour indiquer une âme conditionnée, cela signifie que l’on est dans un état éternellement déchu. En commentant le verset 15.187 de L’Ujjvala-nilamani, où il démontre l’éternité des divertissements du Seigneur, Shrila Jiva Gosvami explique le sens du mot « sannihita », qui est également un participe passé formé de la même manière, avec l’ajout du suffixe kta- à la racine √dhā. Il dit que dans ce cas de figure le suffixe kta- est employé au présent : « laṭ-pratyayavat kta-pratyayasya ».

Pour étayer son point de vue, Shri Jiva Gosvami donne un exemple tiré de la Shruti : « ayam ātmāpahata-pāpmā » – « Le Seigneur est libre de péchés » (ChU 8.15.1). Le mot « apahata » est formé en appliquant le suffixe kta- et lorsqu’il est combiné avec le mot « pāpmā », il signifie littéralement : « Ses péchés ont été conjurés ou détruits ». Cela signifie-t-il que le Seigneur fût  pécheur auparavant ? Non, ici le suffixe kta- renvoie à l’éternité, à ce qui n’a pas de commencement. Ainsi, cet énoncé signifie que le Seigneur est éternellement libre de péchés. 

Le suffixe kta- est également employé dans le terme « pratilabdha », utilisé pour indiquer l’éternité dans la parole adressée par le Seigneur aux Kumaras :

« En vertu de Mon service pour vous, la poussière de Mes pieds de lotus est devenue si pure qu’elle détruit immédiatement tous les péchés. Et J’ai acquis une disposition telle que Lakshmi Devī, pour les jeux de regard de laquelle les autres suivent toute sorte de règles et de prescriptions, ne M’abandonne jamais, bien que Je lui sois indifférent ». (SB 3.16.7)

Ici, le Seigneur dit : « J’ai acquis une telle disposition » (pratilabdha-śīlam). Or, cela n’implique certainement pas qu’autrefois Il n’eût pas de telle disposition.

Le mot « bhakta », un dévot ou un adorateur, est également formé avec l’ajout du suffixe kta- à la racine verbale √bhaj, adorer. Ce mot n’implique pas nécessairement que le dévot auquel il fait référence fût auparavant un non-dévot. Les compagnons éternels du Seigneur, tels que Nanda Maharaja, sont des bhaktas. Cela signifie-t-il qu’ils fussent autrefois des non-dévots ? Par conséquent, il est incorrect de supposer que le mot « patita » (déchu) implique un état antérieur de libération.

Les compagnons éternels du Seigneur, tels que Mère Yashoda, sont des âmes libérées, des nitya-mukta. Le mot « mukta » est également formé avec l’ajout du suffixe kta-. Cependant, cela n’implique pas que toutes les âmes libérées fussent auparavant déchues. De même, les mots « patita » (déchu) ou « baddha » (lié), qui sont tous deux des participes passés, peuvent indiquer une condition éternelle (c’est-à-dire sans commencement) lorsqu’ils sont utilisés pour décrire l’état d’un jiva dans le monde matériel. Cela ne signifie pas que ceux qui sont déchus aient été précédemment libérés.

À suivre

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    The modern marketing research says that packaging and product are one. This is surely true in case of human beings. Hypocrisy, the packaging, sells better than the bare truth. Sukadev Gosvami was free from packaging and thus misunderstood by people, who were making fun of him.

    — Babaji Satyanarayana Dasa
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