Personne ne déchoit du Vaikuntha (Bhagavat Sandarbha, 51) – Partie 10

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Ainsi, la conclusion est que personne, que ce soit un nitya-siddha ou un sadhana-siddha, ne tombe jamais du Vaikuntha. La question qui s’ensuit naturellement est : « Alors, d’où venons-nous ? » Ou bien : « Comment en sommes-nous arrivés à être dans cet état de conditionnement ? »

Suite du commentaire de Satyanarayana Das Babaji

Ainsi, la conclusion est que personne, que ce soit un nitya-siddha ou un sadhana-siddha, ne déchoit jamais du Vaikuntha. La question qui s’ensuit naturellement est : « Alors, d’où venons-nous ? » Ou bien : « Comment en sommes-nous arrivés à être dans cet état de conditionnement ? » La réponse simple est que nous sommes des nitya-baddhas (perpétuellement liés), c’est-à-dire que jusqu’à présent et indéfiniment jusqu’au moment de la libération, nous avons toujours été liés par l’énergie matérielle en raison de l’ignorance de notre véritable nature et de Dieu. Il n’y a jamais eu de temps où nous n’étions pas liés à la nature matérielle. La nature matérielle ainsi que les êtres vivants sont anadi, ou sans commencement, comme le dit le Seigneur Krishna dans la Bhagavad Gita :

« Sache que la prakriti, ou l’énergie matérielle, et le purusha, ou l’être conscient, sont tous deux sans commencement. Sache cependant que les modifications et les gunas sont produits à partir de la prakriti ». (BG 13.20)

Le mot « sans commencement » (anadi) est très important dans ce verset. Non seulement les êtres vivants et la nature matérielle sont sans commencement, mais il en va de même pour leur corrélation. Shrila Vishvanatha Cakravarti Thakura et Shripada Baladeva Vidyabhushana confirment ce fait dans leurs commentaires : « tayoḥ saṁśleṣo’py anādir iti bhāvaḥ ». Le Paramatma Sandarbha comporte plus de détails à ce sujet.

Objection : mais il y a des versets dans le Shrimad Bhagavatam qui déclarent clairement que l’être vivant était avec le Seigneur, puis tomba :

« Te souviens-tu de toi-même dans l’état précédent, lorsque tu étais avec ton ami nommé “Inconnu” ? Étant attaché aux plaisirs des sens terrestres, tu m’as quitté pour chercher des biens matériels. Ô noble homme, toi et moi sommes deux cygnes, deux amis, qui vivent ensemble dans le lac Manasa depuis des milliers d’années (sahasra-parivatsaran) loin de notre maison d’origine ». (SB 4.28.53-54)

Tout d’abord, il n’y a aucune mention de la chute du Vaikuntha dans ces versets. Les commentaires des acaryas précédents indiquent clairement que ces versets font référence au jiva résidant avec Maha Vishnu pendant l’annihilation totale. Les mots « sahasra-parivatsaran » (SB 4.24.54), « pendant mille cycles », confirme ce fait, puisque la période d’annihilation est égale à mille cycles des quatre yugas. La phrase « abandonner ma compagnie » signifie prendre naissance dans le prochain cycle de création. Narada Muni a explicitement relaté l’histoire de Puranjana au roi Pracinabarhi comme une allégorie. De ce fait, il ne faut pas la prendre à la lettre. Comme l’a déclaré Narada lui-même, c’est une expression indirecte (parokshya) :

« Ô roi Barhishman ! Je t’ai démontré ces vérités spirituelles de manière indirecte, à travers une allégorie, car le Seigneur, la Source du cosmos, aime les expressions indirectes ». (SB 4.28.65)

Cela dit, les mots « parokshyena » (d’une manière indirecte) et « paroksha-priyah » (amateur de l’expression indirecte) sont à retenir. De l’analyse ci-dessus, fondée sur l’autorité des shastras, nous concluons sans aucun doute que l’être vivant ne déchoit pas du Vaikuntha. Or, pour le bénéfice de ceux qui n’ont pas été exposés à toute l’étendue du point de vue du Shrimad Bhagavatam, comme nous l’a révélé Shri Jiva Gosvami, voici une nouvelle analyse de ce sujet sous un autre angle.

Dans le Tattva Sandarbha, Shrila Jiva Gosvami a accepté trois pramanas, preuves ou moyens valables de savoir, tout en établissant l’épistémologie de Gaudiya Vaishnava. Ce sont : shabda (son révélé), anumana (inférence) et pratyaksha (perception directe). Toutes les preuves venant du shabda indiquent clairement que le jiva ne déchoit pas. Le pratyaksha et l’anumana n’apportent aucune lumière sur ce sujet. Le pratyaksha, ou perception sensorielle, n’a aucune validité dans la détermination des questions transcendantes qui, par définition, se situent au-delà de la portée des sens. La logique, d’autre part, qui fait partie de l’anumana, peut être utilisée dans l’analyse des écritures. La logique conforme au shastra est acceptable comme moyen valable de savoir.

En définissant les caractéristiques d’un uttama-adhikari, Shrila Rupa Gosvami écrit :

śāstre yuktau ca nipuṇaḥ sarvathā dṛḍha-niścayaḥ
prauḍha-śraddho’dhikārī yaḥ sa bhaktāv uttamo mataḥ (BRS 1.2.17)

« Celui qui est expert en logique, argumentation et écritures révélées, qui a une détermination inébranlable et une foi ferme en Krishna, est la personne la plus éligible pour réaliser la bhakti ».

Le mot « yukta » utilisé ici signifie « logique » et « argument ». Shrila Jiva Gosvami commente que la logique dont il est question ici est ce qui corrobore l’écriture. Et de préciser en citant un verset du Vaishnava tantra   

« La logique appropriée est ce qui est utilisée pour parvenir à la conclusion appropriée en vertu de la compréhension des énoncés antérieurs et ultérieurs des shastras. La logique sèche [ou, en d’autres termes, la logique dépourvue d’une telle visualisation de la vérité] devrait être rejetée ».

Ainsi, la logique et l’argument ne sont pas dépourvus de valeur. Ils nous aident à comprendre la conclusion des écritures et à résoudre les contradictions apparentes. Il n’est pas rare de trouver dans les écritures des énoncés contradictoires. Par exemple, les Védas déclarent : « Celui qui observe le vœu de caturmasya atteint un mérite impérissable ». Pourtant, à un autre endroit, il est dit : « Tout comme les résultats de l’action matérielle ne perdurent pas, les résultats atteints dans le ciel par l’accomplissement de bonnes actions ne perdurent pas non plus » (CHU 8.1.6).

Naturellement, les deux énoncés ne peuvent pas être absolus. En d’autres termes, l’observation du caturmasya ne conduit pas directement à un mérite impérissable, mais seulement à la probabilité indirecte d’un tel mérite. Par conséquent, cet énoncé n’est ni faux ni vrai dans son sens premier. Un sens secondaire doit être appliqué à l’un des énoncés afin de les concilier. En comprenant l’intention de l’énonciateur, en délibérant sur les résultats du sakama-karma et en étudiant les nombreux énoncés sur la nature temporaire de l’existence céleste, nous comprenons que le premier énoncé n’est pas absolu. Il est destiné à inspirer ceux qui s’identifient à la matière et qui sont attachés aux résultats provenant de la cérémonie religieuse de caturmasya. Au cours de telles observances religieuses, ils peuvent rencontrer un sage vivant et être bénis d’une connaissance pure, et ainsi atteindre à la libération. Le seigneur Krishna confirme ce principe dans la Bhagavad Gita :

« Ô Arjuna, le sacrifice accompli à travers la connaissance est supérieur à celui qui implique des éléments physiques car dans son intégralité, ô Partha, toute action aboutit à la connaissance ». (Bhagavad Gita 4.33)

Les hommes en général sont attachés aux fruits de leurs actions. Ainsi, si les écritures devaient rejeter catégoriquement tout karma avec ses fruits et ne tenir compte que de la pure dévotion, les personnes enclines à la religion mais motivées matériellement et qui ne peuvent pas encore adhérer à la dévotion pure, pourraient perdre leur foi même dans le karma-yoga. Par conséquent, le Seigneur Krishna conseille :

« Ne trouble pas l’esprit de ceux qui sont spirituellement inconscients et qui sont attachés à l’action fructueuse. Tout en étant attentivement engagé dans l’action, le sage devrait engager ceux qui sont matériellement attachés dans toute sorte d’actions ». (BG 3.26)

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