Le Soi et le libre arbitre dans la sampradaya de Shri Caitanya Mahaprabhu (6ème partie)

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Toute connaissance accumulée, valide et invalide, est un produit de l’esprit (mano-vritti). Shri Kapiladeva dit qu’il existe cinq types de vrittis.

Les différents types de vrittis

Toute connaissance accumulée, valide et invalide, est un produit de l’esprit (mano-vritti). Shri Kapiladeva dit qu’il existe cinq types de vrittis (SB 3.26.30) :

saṁśayo ‘tha viparyāso
niścayaḥ smṛtir eva ca
svāpa ity ucyate buddher
lakṣaṇaṁ vṛttitaḥ pṛthak

« Les caractéristiques de la buddhi selon ses diverses fonctions, vrittis, sont le doute, l’illusion, la connaissance valide, le souvenir et le sommeil ».

Toute expérience (externe ou interne), dans tous les différents états d’esprit (éveil, rêve ou sommeil profond) est dans ces cinq vrittis, il n’y a pas d’expérience en dehors d’elles. [On peut noter ici que même le sommeil profond est un type d’expérience. Cela prouve que l’ahamartha et le jnatritva sont inhérents à l’atman, existant même pendant l’état de sommeil profond. Ce ne sont pas des qualités fortuites acquises uniquement au contact de l’antahkarana, c’est-à-dire dans les états de rêve et d’éveil].

Bien que toutes nos expériences se situent dans l’esprit, qui est externe à l’atman, c’est l’atman qui est considéré comme le véritable expérimentateur (jnanin ou jnata) parce qu’il est la source de la sensibilité (jnatritva).

Bien que le vritti-jnana ait été traduit comme « connaissance accumulée » et attribué à l’atman, ce n’est pas exactement un attribut de l’atman au sens propre du terme. Normalement, un attribut est inhérent à la substance qui est son substrat. Cependant, le vritti-jnana est lui-même une substance (une substance mentale, une condition de l’esprit) et il n’est pas inhérent à son substrat, l’atman. La relation entre l’atman et le jnana ne peut être expliquée par aucun concept philosophique accepté. Comme cela sera expliqué ci-dessous, c’est un effet de la maya qui est « translogique », c’est-à-dire qu’elle peut agir contrairement à la logique. La raison pour laquelle il est utile de décrire le vritti-jnana comme un attribut enraciné dans l’atman est que l’atman est le substrat de la conscience, qui est le catalyseur de toute expérience.

L’atman est karta et bhokta

Il y a une corrélation entre la capacité de connaître (jnatritva), de vouloir (icchatva) et d’agir (kartritva), et les trois existent intrinsèquement dans l’atman. Nous acceptons l’atman comme l’agent de l’acte (karta) parce qu’il est le substrat de l’initiative (kriti). L’initiative est amenée à devenir acte par le biais de la volonté (iccha) et c’est un état de conscience (mano-vritti jnana). La volonté et l’initiative créent l’effort, qui aboutit à l’action (kriya).

Bien que l’atman soit le principal agent de l’action, il ne peut agir que lorsqu’il est associé à un corps, un esprit et des organes sensoriels. C’est comme une personne voyageant en voiture : la voiture voyage, mais c’est la personne qui s’appelle le voyageur car c’est elle qui est la cause du voyage. La voiture ne voyagera pas sans lui, et elle ne voyage pas pour elle-même. De même, l’atman est la cause profonde des actions, c’est pourquoi on l’appelle celui qui agit. Même si c’est en réalité l’énergie matérielle (prakriti) qui agit, cette énergie n’agirait pas sans la volonté de l’atman, et ses actions sont accomplies dans l’intérêt de l’atman. Par conséquent, l’atman est également connu comme étant le « jouisseur » des actions (bhokta). Les capacités d’agir (kartritva) et de prendre plaisir (bhoktritva) doivent coexister dans le même substrat (sujet), sinon il y aurait deux défauts : a) le premier serait que l’on n’obtienne pas le résultat de l’action accomplie par soi-même ; b) le second serait que l’on obtienne des résultats d’une action accomplie par un autre acteur.

L’objection du sankhya

Les membres de l’école Sankhya soulèvent une objection : « L’atman n’est pas vraiment celui qui agit. La véritable action est le corps physique fait des trois gunas de la prakriti. L’atman n’est que le jouisseur, bhokta ». Ils citent la Bhagavad Gita :

kārya-kāraṇa-kartṛtve
hetuḥ prakṛtir ucyate
puruṣaḥ sukha-duḥkhānāṁ
bhoktṛtve hetur ucyate

« La prakriti est considérée comme la cause du corps et des organes sensoriels qui sont le fondement de toutes les actions. Le purusha est dit être la source de l’expérience du bonheur et de la souffrance » (13.20).

prakṛteḥ kriyamāṇāni
guṇaiḥ karmāṇi sarvaśaḥ
ahaṅkāra-vimūḍhātmā
kartāham iti manyate

« Dans toutes les circonstances, les actions sont accomplies par les gunas de la prakriti, mais l’atman, abusé par l’ahankara, pense : “Je suis celui qui agit” »  (3.27). 

La Bhagavad Gita elle-même (18.13-15) réconcilie la question soulevée par ces références en déclarant explicitement que l’atman est compté parmi les acteurs : « Ô Arjuna aux bras puissants, connais de Moi les cinq causes nécessaires à l’accomplissement de toutes les œuvres. Elles sont décrites dans les écritures du Vedanta qui expliquent comment détruire le karma. Ces cinq causes sont : le siège de l’action (le corps), l’agent (l’entité vivante qui s’identifie au corps), les différents sens, les différents types d’efforts et le daiva. Quelle que soit l’action – juste ou injuste, qu’une personne accomplit par le corps, la parole ou l’esprit –, est le résultat de ces cinq causes qui est la cinquième cause ». La prakriti est appelée l’acteur car dans l’état conditionné, l’atman fonctionne sous l’influence des gunas de la prakriti et ne peut pas agir indépendamment. Les versets de la Bhagavad Gita cités dans l’objection de l’école Sankhya mettent en évidence le rôle prédominant joué par la prakriti dans l’accomplissement d’une action. Ils font valoir que l’atman n’est pas le seul à agir. Mais le corps ne peut pas non plus agir sans la présence de l’atman. Le corps est inerte et n’a pas de pouvoir indépendant. Le véritable agent est l’ahankara. L’atman s’identifie à l’ahankara et se considère ainsi comme celui qui agit. En raison de ce concept de soi, à savoir « je suis celui qui agit », le jiva devient également le bhokta, ou jouisseur, bien que l’acte de jouissance se produise uniquement dans le corps. Le corps est également déclaré comme étant celui qui agit pour créer un sentiment de détachement qui est nécessaire à la réalisation de soi.

Par conséquent, Shri Krishna dit : « Une personne qui n’a pas la notion d’être celui qui agit, et dont l’intellect n’est, de ce fait, pas entaché, ne tue pas vraiment, ni elle n’est liée [à ses actes] même après avoir massacré tous ces gens » (BG 18.17). L’intention de cet énoncé est que l’asservissement à la matière est causé par l’attachement aux gunas de la prakriti. Il faut se considérer à l’écart des gunas et de leurs actions, alors on ne sera pas assujetti par eux (BG 3.28). L’intention n’est pas de nier que l’atman est un acteur. Cela ressort clairement du verset précédent (BG 18.16) : « Cela étant [c’est-à-dire qu’il existe cinq causes derrière chaque action énumérées au verset 18.14], celui qui se considère comme le seul à agir est insensé. Son intelligence obscurcie ne voit pas les choses correctement ». En disant : « le seul acteur », Krishna reconnaît que l’atman est l’un des cinq acteurs.

Dans le verset 3.27 cité ci-dessus, le fait de penser « Je suis celui qui agit » est reléguée à l’atman abusé et non aux gunas. Cela signifie que l’atman n’est pas dépourvu de kartritva. En d’autres termes, le verset montre l’atman accomplissant l’activité mentale, lorsqu’il pense : « je suis celui qui agit ». Ainsi, il démontre que la capacité d’agir fait partie de la nature de l’atman.

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    — Babaji Satyanarayana Dasa
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