Le Soi et le libre arbitre dans la sampradaya de Shri Caitanya Mahaprabhu (3ème partie)

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L’atman est nitya-nirmala, toujours pur. Cela signifie qu’il ne se mélange jamais avec les qualités (gunas) de la matière (prakriti), il est toujours distinct de la matière et ne la touche jamais.

h) L’atman est toujours pur et possède les capacités de connaître, d’agir et de prendre plaisir

L’atman est nitya-nirmala, toujours pur. Cela signifie qu’il ne se mélange jamais avec les qualités (gunas) de la matière (prakriti), il est toujours distinct de la matière et ne la touche jamais. Cela ressort d’une déclaration du Bhagavata Purana (5.11.12) : « Le soi pur est témoin des activités de l’esprit impur ».

Le même verset déclare que l’atman a la capacité de connaître (jnatritva), sans aucune assistance ni aucun lien à la matière. Ce terme « jnatri » signifie « connaisseur », « possesseur de connaissance », le suffixe -tva ressemble beaucoup aux suffixes anglais -ness ou -ship, car il indique une caractéristique essentielle. Ainsi le mot entier jnatritva signifie-t-il la « capacité de connaître », ayant l’attribut essentiel d’un connaisseur.

Le sage Jamatri affirme que l’atman possède les capacités de connaître, d’agir et de prendre du plaisir : jnātritva-kartritva-bhoktritva-nija-dharmakaya. Le corps est insensible. Il devient sensible uniquement grâce à son lien avec l’atman. Bien que ce soit un objet inerte et insensible, il hérite des capacités de connaître, d’agir et de prendre du plaisir parce qu’il est lié à l’atman. Le Bhagavata Purana (6.16.24) explique  cela : « Le corps, les sens, l’air vital, l’esprit et l’intelligence : tous ces éléments peuvent effectuer un travail parce qu’ils sont imprégnés de sa force (celle de l’atman). L’opération (de connaître, d’agir et d’éprouver du plaisir) n’est pas un attribut naturel du corps ».

Selon Shri Krishna, l’action dépend de cinq causes :

« Ô Arjuna aux bras puissants, apprends de Moi quelles sont les cinq causes nécessaires à l’accomplissement de toutes les actions. Elles sont décrites dans les écritures du Vedanta qui expliquent comment mettre fin au karma. Ce sont le siège de l’action (le corps), l’agent (l’entité vivante qui s’identifie au corps), les différents sens, des types d’efforts divers et variés, et le daiva. Quelle que soit l’action – juste ou non – qu’une personne accomplit au moyen du corps, de la parole ou de l’esprit, c’est le résultat de ces cinq causes qui en est la cinquième » (Bhagavad Gita 18.13-15)

    Shri Vishvanatha commente :

  • Le « siège » est le corps.
  • L’« agent » est l’ahankara, qui forme un nœud entre l’atman et la matière inerte du corps.
  • Les « instruments » sont les organes des sens.
  • Les « efforts » sont les mouvements corporels qui sont actionnés par les cinq vayu (apana, prana, vyana, udana et samana).
  • La « providence » (daiva) est l’être immanent, l’entité qui se trouve à l’intérieur et qui donne les forces à tous.

Quand Vishvanatha dit que celui qui agit est l’ahankara, il veut dire l’ahankara qui a été activé par l’atman, parce que le corps matériel ne peut pas fonctionner par lui-même. Ainsi, la source de l’action provient de l’atman et non de l’ahankara matériel. Pour rendre cela plus clair, Shri Baladeva a explicitement commenté que l’« agent » est l’atman conditionné.

L’action se produit par la coopération de ces cinq facteurs, mais comme l’action se produit dans la matière et via un corps fait de matière, la matière elle-même (prakriti) est souvent décrite comme la cause de l’opération. Cela s’explique par le simple fait que ces nombreux facteurs d’action sont des aspects de la matière. Selon l’adage populaire : « L’on comprend une chose par ses composantes » (ādhikyena vyapdeśā bhavanti). C’est pourquoi le Srimad Bhagavata (3.26.8) déclare : « La matière – qui constitue le corps, les sens et la providence – est connue comme la cause des actes. L’esprit, qui est supérieur à la matière, est connu comme le jouisseur du bonheur et de la misère que produisent les actes ».

i) L’atman a le potentiel d’agir, de connaître et de prendre plaisir

Le fait est que la source originale de l’action est l’atman. Prendre plaisir ne peut pas être enraciné dans la matière car la matière est insensible. Seul un être conscient peut jouir ou souffrir. Prendre plaisir est une forme de conscience et doit, de ce fait, être enraciné dans l’atman

La capacité d’agir et de prendre plaisir fait partie de la nature essentielle du jiva, mais dans son état conditionné, ces caractéristiques ne se manifestent qu’à travers le corps matériel, l’esprit et les organes des sens. Par conséquent, parfois il est dit que le jiva n’agit pas, tandis que c’est la prakriti qui agit, comme dans les versets suivants du Bhagavata Purana (3.26.6-7) :

« En raison de l’absorption dans l’autre (prakriti), le jiva se considère comme l’auteur des actions qui sont accomplies par les gunas. Cette idée fausse entraîne l’asservissement [à la matière], la naissance, la mort et la dépendance qu’éprouve le jiva vis-à-vis de la prakriti ; ce jiva n’est en réalité pas celui qui agit mais seulement le témoin [de l’action], qui a une forme de félicité et est supérieur à la prakriti ».

Ici, il est clair que l’asservissement à la matière est le résultat du fait de se considérer comme le seul à agir. L’asservissement ne fait pas partie du svarupa du jiva. Dire que le jiva n’est pas le seul à agir (akartuh) ne nie pas qu’il est la source de l’action. La phrase « par absorption dans l’autre (prakriti) » (parābhidhyānena) signifie que l’atman a le potentiel d’agir comme sa caractéristique inhérente, par laquelle il accomplit l’acte de s’absorber dans la prakriti. Le jiva est appelé « non agent » uniquement en relation avec les actions physiques qui se produisent à travers le corps et les sens. « Du maître » (ishasya) signifie que le jiva est un maître et ne se trouve pas vraiment sous le contrôle du karma de la prakriti. Qu’il soit le « témoin » (sakshinah) indique qu’il est conscient (jnana-svarupa) et possède la conscience (jnana-gunaka). Qu’il soit « heureux par nature » (nirvritatmana) signifie que le jiva n’est touché par aucune souffrance : toutes les expériences de douleur et de plaisir sont extérieures au svarupa du jiva.

Le Vedanta Sutra (2.3.31) dit que le jiva, et non la prakriti, est celui qui agit, car si cela n’était pas accepté, les instructions des écritures seraient vaines (« kartā śāstrārthavattvāt »). Les injonctions des écritures, telles que : « Que la personne qui désire les planètes édéniques accomplisse des sacrifices », n’ont pas de sens si la personne qui accomplit l’action n’est pas la même personne qui en appréciera le résultat. Toutes les injonctions des écritures n’auraient aucun sens si la personne qui les exécute était insensible (prakriti).

Comme l’atman est celui qui fait des actions (karta), il est naturellement celui qui jouit du résultat de ces actions (bhokta). « Bhoga » est l’expérience du plaisir ou de la douleur, qui est simplement un état de connaissance acquise (mano-vritti jnana). Le plaisir est un état d’esprit favorable et la douleur est un état défavorable. Comme le jiva est le substrat conscient qui expérimente ces états d’esprit, il est considéré comme le bhokta, ou jouisseur, bien que l’expérience elle-même ne se produise que dans l’esprit. Ainsi, bien que l’atman soit l’agent et le jouisseur, l’action et la jouissance ne l’affectent pas. Tel est le sens de l’affirmation citée ci-dessus du Brihad Aranyaka Upanishad (4.3.15) : « Le Purusha est intacte ».

Ainsi comprenons-nous que l’atman a le potentiel de connaître, d’agir et de prendre plaisir. Dans l’état conditionné, ces capacités ne se manifestent qu’à travers un corps matériel. Le corps, étant matériel, est inerte et insensible, et ne peut donc pas avoir son propre potentiel pour connaître, agir ou jouir ; alors il ne peut pas être la cause profonde de ces puissances.

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    We tend to blame others for our problems. But if we analyze, we find that we are the cause of our own problems. We think that everyone else is the cause of my problem but me. It is very comfortable for my ego to think that others create my problem. Not me. It is very painful to think that I am the cause of my own problem. Our intellect becomes blind to our own mistakes because of pride. Pride doesn’t allow us to see our own defects. It magnifies others defects and covers our own faults.

    — Babaji Satyanarayana Dasa
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