À un moment de notre vie, nous avons tous souffert de phases temporaires de découragement. Le découragement nous submerge lorsque l’inattendu dépasse l’attendu, lorsque le mal l’emporte sur le bien et lorsque les mauvaises choses s’abattent sur nous à la place des choses justes.
Par Satyanarayana Das Babaji
Le découragement d’Arjuna
À un moment de notre vie, nous avons tous souffert de phases temporaires de découragement. Le découragement nous submerge lorsque l’inattendu dépasse l’attendu, lorsque le mal l’emporte sur le bien et lorsque les mauvaises choses s’abattent sur nous à la place des choses justes. Nous sommes des humains, il est alors tout à fait normal que nous ayons des attentes vis-à-vis des personnes et des choses qui nous entourent. L’attente équivaut à l’aspiration, à la nostalgie, au désir, à l’avidité ou à la convoitise. De même, l’incapacité à atteindre les résultats escomptés engendre le découragement, la tristesse, le chagrin, la morosité, le pessimisme et la dépression. Les anciennes écritures védiques telles que la Bhagavad Gita sont de puissantes forces de connaissance et de philosophie capables de nous guider en éliminant la cause profonde de la dépression afin que nous menions une vie heureuse, vertueuse et noble. Sans doute la Bhagavad Gita est-elle le livre de religion, d’éthique, de philosophie et de métaphysique le plus concis et le plus systématique jamais écrit. Il plonge son lecteur au cœur des complexités vexatoires de la tristesse et du chagrin. En soi, ce n’est qu’une seule partie du Mahabharata : un tableau étonnant de l’histoire et de la philosophie védiques antiques peint à travers la vie de plusieurs générations de la grande dynastie de Kuru.
La toile de fond
Permettez-moi de vous offrir quelques gouttes de l’immense océan de connaissances qu’est la Bhagavad Gita avant de passer à la discussion sur l’élément que nous pourrions qualifier de « yoga de la dépression » qui y est ancré. La Bhagavad Gita est un dialogue entre Shri Krishna et son disciple, le vaillant guerrier Arjuna, peu de temps avant que ce dernier ne participe à la grande guerre du Mahabharata sur le champ de bataille de Kurukshetra. Comme la Gita n’a pas été écrite comme un livre indépendant, les personnages, les décors et les circonstances qui y sont mentionnés sont similaires aux épisodes précédents du Mahabharata. Le premier chapitre de la Bhagavad Gita s’intitule le « Yoga de la dépression ». Il représente une scène du roi aveugle Dhritarashtra assis sur son trône et se renseignant sur les derniers événements sur le champ de bataille de Kurukshetra auprès de son conducteur de char Sanjaya, qui a la capacité de voir des objets distants grâce à sa vision mystique. Assis à l’intérieur du palais, le roi apprend que la bataille est sur le point de commencer. Les guerriers des deux camps se font face. Les Kauravas sont dirigés par le fils aîné du roi Dhritarashtra, Duryodhana, alors les Pandavas sont dirigés par le fils aîné de Pandu, Yudhishthira. L’autre fils de Pandu, Arjuna, le plus grand des archers, est également prêt à relever le défi et se tient sur son char conduit par le Seigneur Shri Krishna.
Comme Arjuna voit tous ses parents, fils, beaux-frères, cousins et enseignants (Bhishma, Dronacharya et autres) déployés en ordre de bataille, il dit au Seigneur Krishna : « Mes membres faiblissent et ma bouche se dessèche, mon corps tremble et mes cheveux se hérissent ; mon arc Gandiva s’échappe de ma main. Je ne souhaite pas les tuer même pour la royauté des trois mondes. C’est un grand péché que de tuer mes maîtres et mes proches. Si je les tue, je serai appelé le tueur de la famille et j’irai en enfer ». Arjuna est submergé par le chagrin et la dépression. Il jette son arc et ses flèches et s’enfonce sur le siège de son char. Il partage alors sa perception de cette situation difficile avec le Seigneur Krishna. Le reste de la Bhagavad Gita est une élucidation de la réponse de Krishna au découragement d’Arjuna. C’est dans cette toile de fond que nous essaierons de trouver une réponse à notre propre dépression.
Le yoga et la cause du découragement
Il y a plusieurs raisons qui expliquent pourquoi le découragement d’Arjuna dans le premier chapitre de la Bhagavad Gita peut s’appeler un yoga. D’ailleurs, ce chapitre s’intitule à juste titre « Le vishada yoga », ou le « Yoga de la dépression ». Krishna dit que quatre types de personnes se tournent vers Lui : les affligés, ceux qui désirent la richesse, les curieux et ceux qui connaissent la Vérité Absolue. Des quatre types de personnes pieuses qui s’approchent du Seigneur, le plus grand groupe appartient à la catégorie des affligés. Ainsi, en ce sens, la détresse qui sert à se rapprocher du Seigneur est aussi considérée comme un yoga. Ici, Arjuna symbolise l’homme en détresse désespéré. Le mot « yoga » est défini comme « un moyen ». Le désespoir d’Arjuna a agi comme un moyen le conduisant à la solution ultime des problèmes de sa vie et c’est pourquoi il est à juste titre qualifié de « yoga ». Le mot « yoga » signifie également « union avec l’âme suprême ». Comme il s’est approché de Krishna alors qu’il était désespéré, Arjuna a reçu la miséricorde du Seigneur et a atteint l’union avec Lui.
Cela contraste avec les personnes de moindre envergure qui consomment de la drogue ou d’autres substances lorsqu’elles sont accablées par la dépression. Elles deviennent seulement plus faibles, plus délirantes et dégradées et, de cette manière, elles gâchent leur vie. Selon la Bhagavad Gita, le remède contre le fléau affaiblissant de la dépression, laquelle est une affliction mentale, se trouve dans la capacité de se libérer des attachements matériels en adoptant la voie spirituelle. Dans la Gita, Krishna agit comme un psychiatre et Il guide Arjuna vers une résolution de son dilemme en lui apprenant à se détacher de la maya (amour corporel et affection). Ceux qui empruntent exclusivement le chemin spirituel peuvent s’attendre à vivre une vie sans crainte de dépression. Ils font cependant face à de nombreuses épreuves et afflictions lorsqu’ils tentent de se détacher de la vie matérielle. Si l’on reste sous l’emprise de l’attachement matériel, l’on ne pourra pas suivre le chemin spirituel et vacillera comme Arjuna. En effet, ce dernier a commencé à frissonner à l’idée de perdre tout ce qui était matériel et son esprit est devenu confus et tiraillé.
Il voulait la paix mais avait besoin de se battre et de verser le sang pour arriver à l’obtenir. Il s’est déchiré entre ces deux affinités et les attachements qui lui étaient si chers ont fait obstacle à son progrès. Il en est de même du roi Dhritarashtra, dont l’attachement pour ses fils l’avait aveuglé et ne lui permettait pas de voir leurs erreurs et leur inéligibilité à monter sur le trône.
Surmonter la dualité
L’attachement corporel aboutit toujours à la dualité. Chaque fois qu’il y a de l’amour fondé sur le physique, il doit y avoir de la haine, car aimer implique automatiquement l’aversion pour tout ce qui est en désaccord avec l’objet de l’amour. Par conséquent, dans le monde matériel, l’amour implique également la haine, alors que l’attachement indique la répulsion, car ces deux éléments vont toujours de pair. Pour cette raison, Krishna a conseillé à Arjuna d’abandonner l’attachement matériel. Bien qu’Arjuna ait soutenu qu’il n’était pas approprié pour lui de combattre ses aînés, il n’était pas réellement inquiet de tuer Bhishma ou Dronacharya. Le vrai problème d’Arjuna consistait au fait qu’il était confronté à la perspective de tuer ses attachements. Même Arjuna a mis longtemps à comprendre ce point. Pendant un certain temps, Arjuna ne comprenait pas pourquoi Krishna insistait pour qu’il se battît pour ses droits. Il peut sembler qu’Arjuna était un homme non-violent et que Krishna essayait de l’inciter à infliger de la violence à ses maîtres. Cela, cependant, est une compréhension superficielle exprimée par ceux qui sont également liés par leurs attachements matériels.
L’attachement matériel d’Arjuna était la cause véritable de sa dépression et celui qui a de tels attachements ne peut pas être non-violent. Il ne sera violent qu’envers ceux qui viennent entraver ses attachements. Par conséquent, la non-violence chez une personne matériellement attachée conduira toujours à une violence fondée sur l’égoïsme, laquelle se manifestera un jour. C’est pourquoi le Seigneur Krishna a rejeté l’apparente non-violence d’Arjuna. Sans comprendre cela, les arguments d’Arjuna semblent tout à fait raisonnables et la réponse du Seigneur Krishna semble hors de propos. La même dualité peut également être observée dans le cas du roi Dhritarashtra qui était obsédé par le mot « mamaka » (le mien), lequel caractérisait son état d’esprit. Il avait divisé ses fils et les fils de Pandavas en deux groupes opposés bien qu’ils appartinssent tous à la même famille et eussent grandi ensemble. À cause d’un fort attachement à ses fils, il les appelait « les miens ». Par conséquent, l’attitude consistant à faire la distinction entre « le mien et le vôtre », ou « amis et ennemis », crée de la haine et de l’envie qui, à son tour, engendre la dualité.
Surmonter l’attachement
Afin de supprimer l’attachement matériel qui entrave la compréhension spirituelle de l’être vivant, la Bhagavad Gita dit que la matière et l’âme sont différents. Dès le début, Krishna a dit à Arjuna qu’il n’était pas le corps, mais Arjuna n’a pas vu la pertinence de cette connaissance à l’égard de l’embarras dans lequel il se trouvait. Il pensait : « Pourquoi Krishna insiste-t-Il sur le fait que je ne suis pas ce corps ? Je souligne l’indécence de tuer mes parents et Il me répond en disant : “L’âme ne meurt jamais…” » Arjuna n’a pas compris quel était le lien entre sa question et la réponse de Krishna. Par conséquent, Krishna devait parler avec des termes qui correspondaient au niveau de compréhension d’Arjuna. Ce n’est qu’après le cinquante-troisième verset du deuxième chapitre qu’Arjuna a réalisé ce que Krishna disait réellement. Ainsi, Dhritarashtra et Arjuna ont été aveuglés par la même condition : celle de l’attachement matériel. Il en va de même pour notre vie spirituelle : nous sommes restreints par la même infirmité et nous devons y renoncer, sinon nous ne progresserons pas. Le principe de base qui doit être suivi dans la poursuite du bonheur est que l’âme est au-delà du corps et que l’âme est ce que nous sommes vraiment, que l’on suive le bhakti marga, le jnana marga ou le yoga marga.
Les gens qui s’efforcent d’obtenir la paix et le bonheur, mais qui tentent de les saisir par des efforts matériels, ne font que courir après un mirage, qui s’éloigne de plus en plus à mesure qu’ils s’efforcent de les approcher. Par conséquent, la bhakti, ou la dévotion, est le processus le plus sûr et le plus facile grâce auquel il est possible de réaliser l’âme suprême et d’échapper au cycle vicieux de la dépression. Le chemin de la bhakti peut être emprunté par toute personne qui comprend que le soi est distinct du corps et qui met sa foi dans le Tout-Puissant pour atteindre une paix et un bonheur impérissables.
If you are inside a thick crowd you have to move at the pace of the crowd otherwise you will be lynched. A common human being is like that, running the rat race. No opportunity to move towards spirituality. If someone tries he is smashed by the peers.
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