Cet article est la suite de l’article précédent, dans lequel nous avons expliqué les six types de troubles délirants. Nous donnons ici des exemples de deux d’entre eux : le délire de persécution et le délire référentiel. Tous les noms dans ces histoires ont été changés pour maintenir la confidentialité.
Cet article est la suite de l’article précédent dans lequel nous avons expliqué les six types de troubles délirants. Nous donnons ici des exemples des deux d’entre eux : le délire de persécution et le délire référentiel. Tous les noms dans ces histoires ont été modifiés pour maintenir la confidentialité.
Ces exemples sont donnés uniquement pour des raisons pédagogiques afin d’éduquer le lecteur sur les caractéristiques des troubles délirants. Nous ne suggérons pas aux lecteurs d’utiliser ces connaissances pour « étiqueter » les autres comme ayant de tels troubles. Seul un thérapeute agréé peut poser un diagnostic avec certitude. Si les lecteurs pensent que quelqu’un a de telles caractéristiques, il leur est conseillé de porter leur propre jugement de manière prudente et peut-être de consulter un thérapeute agréé si nécessaire. La connaissance que nous fournissons ici n’est donnée que pour l’éducation des lecteurs eux-mêmes, leur introspection et leur auto-protection. Il ne faut voir ici aucune similitude ou désignation, décrites de manière explicite ou implicite, avec un individu ou une organisation quelconque.
Le délire de persécution
Le délire de persécution est défini comme suit : « ce sous-type s’applique quand le thème central des idées délirantes consiste en la croyance d’être la cible d’un complot, d’une escroquerie, d’espionnage, d’une filature, d’un empoisonnement, de harcèlement, de calomnies ou d’une obstruction à la poursuite de ses projets à long terme. Le sujet peut s’engager dans des tentatives répétées d’obtenir satisfaction par une action en justice. Les personnes atteintes de délire de persécution sont souvent rancunières et peuvent recourir à la violence contre ceux qui, selon elles, leur font du mal » (L’APA).
Krishna Das, un dévot de longue date né en Inde, s’installa en Hongrie. Il se maria puis rejoignit une organisation religieuse bien connue en Hongrie. Après avoir rejoint cette organisation, il abandonna son métier et déménagea à Vrindavana. Il y servit comme pujari, était très dévoué et intéressé par l’étude des écritures. Son épouse et lui étaient un couple exemplaire dans la communauté des dévots. Je ne les ai jamais vus dans aucun conflit. Dans sa vieillesse, il retourna en Hongrie en raison de meilleurs services médicaux : il avait développé de graves problèmes de santé et estimait que Vrindavana n’était pas le meilleur endroit pour obtenir un traitement approprié.
Pendant son séjour en Hongrie, il resta avec moi en contact régulier. Un jour, il m’appela et me dit qu’il craignait que le Bureau central d’enquête (en anglais “Central Bureau of Investigation of India,” CBI) ne voulût le ramener en Inde pour l’y poursuivre. Il était terrifié car il connaissait les conditions de détention dans les prisons indiennes. Sa justification était qu’il avait fourni des informations erronées lors de la création d’une fiducie financière en Inde, et que quelqu’un s’en serait plaint au CBI. J’essayai de le convaincre qu’une telle chose n’était pas possible, cela ne semblait pas être un crime coupable et la fiducie n’était même pas fonctionnelle. Même si c’était un crime, le CBI n’aurait rien à voir avec un tel délit mineur. Quelqu’un devrait d’abord déposer une plainte auprès de la police locale à Vrindavana, ce que personne ne fit. Deuxièmement, il n’était pas citoyen Indien, il y aurait de ce fait un énorme problème pour l’inculper, ce que les autorités locales ne feraient pas pour un crime aussi mineur lié à une fiducie inexistante.
Le contre-argument de Krishna Das était que la femme de ménage dans sa maison de Vrindavana lui avait demandé quand il reviendrait. Sa question confirma sa théorie selon laquelle le CBI était là pour l’arrêter. Je répondis que lui et son épouse étaient très aimables et qu’ils la soutenaient. Ainsi était-il naturel qu’elle posât une telle question. Ensuite, il répondit que son frère l’avait appelé et lui avait posé la même question. Il pensait que la femme de ménage et son frère étaient de mèche avec le CBI pour le tromper afin qu’il revînt en Inde. Je fis de mon mieux afin de le convaincre du contraire. Je lui parlai au téléphone et j’écrivis des courriels pour lui faire comprendre qu’une telle chose n’était pas possible, mais il était complètement convaincu et ne voulait pas bouger. Finalement, il se suicida par peur de la prison indienne.
À ce moment-là, je ne savais pas qu’il avait des pensées suicidaires. C’était choquant pour moi et les membres de sa famille car aucun de nous n’avait la moindre idée qu’il avait un trouble délirant. Maintenant, lorsque je regarde en arrière et le décris rétrospectivement, cela semble un cas très simple et nous pouvons nous demander pourquoi je n’avais pas informé les membres de la famille. En réalité, à ce moment-là je ne savais pas qu’il manifestait des symptômes de troubles mentaux graves car je n’avais jamais été formé dans ce domaine et ne savais certainement pas que cela pouvait conduire à une étape extrême du suicide.
C’est certainement un exemple de trouble délirant car il n’y avait aucune vérité derrière sa conviction que le CBI le poursuivait. Il n’y avait eu aucune plainte à la police déposée contre lui à Vrindavana, sans laquelle le CBI n’entrerait jamais en action. Il ne pouvait produire aucune preuve valable de ses convictions, il n’avait reçu aucune notification légale de la police ou du tribunal. Il s’agit d’un exemple clair de trouble du délire de persécution : « des croyances fixes qui ne sont pas susceptibles de changer à la lumière de preuves contradictoires » (L’APA, p. 87).
Plus tard, en réfléchissant sur son trouble délirant, je me suis souvenu d’un autre incident avec lui à Vrindavana. Un pujari fut retiré de son service et Krishna Das pensa que le pujari l’en blâmait. Il trouva un pot cassé devant la porte principale de sa maison et pensa que le pujari avait engagé un Tantrika pour le tuer. Je l’accompagnai voir un Tantrika à Mathura pour contrer le charme du Tantrika du pujari, mais à présent, en y réfléchissant avec le recul, je pense que c’était juste le trouble délirant de Krishna Dasa et, bien sûr, le Tantrika de Mathura était heureux de confirmer son délire et de gagner une bonne somme d’argent pour ses services.
Commentaire de Joshika. Bien que l’histoire du trouble du délire de persécution de Krishna Das soit extrême car elle s’est terminée par la perte de sa vie, il peut y avoir d’autres cas, pas aussi extrêmes, de personnes qui mènent une vie fonctionnelle dans des communautés de dévots. Il n’est pas facile de détecter le trouble délirant, à moins d’y être entraîné. Cet article est juste pour sensibiliser à ce sujet et nous ne nous attendons pas à ce que les lecteurs deviennent des experts pour le repérer, mais cela pourrait être utile.
Si vous deviez interagir avec une personne en délire, quel devrait être le comportement approprié ?
J’ai vu des personnes adopter l’une des deux stratégies principales pour faire face à une personne en délire.
Aucune des deux options n’est idéale et aucune des deux n’aide la personne souffrant d’un trouble délirant. En réalité, la seule manière pour une telle personne d’aller mieux est de prendre des médicaments. Ensuite, une fois qu’elles en sont sorties, la psychothérapie peut les aider
Le délire référentiel
Dans l’exemple précédent, le délire de persécution peut être expliqué comme étant causé par la vieillesse ou les médicaments et l’isolement de la communauté des dévots. Cependant, le délire peut également se développer chez des personnes apparemment normales avec des relations saines et sans aucun problème médical. L’histoire suivante parle d’un jeune dévot souffrant du délire référentiel, lequel est défini comme suit : « ce sous-type s’applique lorsque le thème central des idées délirantes consiste en la croyance selon laquelle certains gestes, commentaires, indices environnementaux, etc., seraient dirigés contre un individu alors qu’ils ne le sont pas. Se référant à ces indices, le sujet agit avec confiance en pensant qu’il a reçu un message divin ». (L’APA).
J’avais un frère en Dieu, Pavana Kumar Das (PKD, nom a été modifié), qui vivait avec moi. C’était un jeune garçon du Texas et il était très sérieux au sujet de la vie spirituelle. Il avait l’habitude d’assister à mes cours et de poser beaucoup de questions. Tous les soirs, je servais dans le goshala de mon Guru Maharaja et après le service, j’étudiais avec lui. PKD venait avec moi. C’était un garçon qui travaillait beaucoup et il aimait servir les vaches. Après un certain temps, il déménagea au goshala pour pouvoir servir plus. Il venait prendre ses repas chez moi et assister à mes conférences.
Après un certain temps, il cessa d’assister à mes cours. Il devenait un peu arrogant. Il parlait de philosophie et y apportait sa propre touche. Je commençai à avoir des doutes sur son état d’esprit car il parlait toujours du message divin. Un jour, nous marchions ensemble et suivions quelques sadhus qui discutaient. Dans leur conversation, ils mentionnèrent le mot « Navadvipa », faisant référence au lieu de naissance de Shri Caitanya Mahaprabhu au Bengale occidental. Lorsque PKD entendit le mot « Navadvipa », il me dit qu’il devait aller à Navadvipa. Il s’exclama : « C’est le message caché ! » Je crus qu’il plaisantait, mais le lendemain, il partit pour Navadvipa.
À son retour de Navadvipa, il continua à chercher des indices de messages divins dans les mots des autres. Il pouvait aller soudainement à Radha Kunda car il avait reçu une inspiration divine. Cela devint de plus en plus fréquent jusqu’à ce qu’il quittât finalement Vrindavana. Il était très charismatique et attirait ceux dont les bases philosophiques n’étaient pas solides. Il lui était facile d’attirer des chercheurs occidentaux naïfs, en particulier les filles, car elles pensaient qu’il était très avancé spirituellement. Si l’on connaît quelques concepts de base du Gaudiya Vaishnavisme, il n’est pas difficile d’impressionner les gens du commun. Il n’était pas étonnant d’apprendre qu’il avait commencé à voyager partout dans le monde comme un Messie, jouant de la flûte et ayant quelques petites amies. J’appris plus tard qu’une fois il était allé en Israël et y avait été vu sur un âne entouré de quelques-uns de ses disciples. Il s’était proclamé le prochain Messie prédit dans l’Ancien Testament.
PKD pensait qu’il était situé au niveau de prema et qu’il n’avait pas besoin de suivre les principes destinés aux sadhakas. Je me souviens d’un jour où il se disputa avec moi en essayant de prouver son état avancé : il se compara à un papillon et moi – à une larve. Selon lui, j’avais encore besoin de grandir et de me libérer de toutes ces règles et prescriptions. Il me dit catégoriquement que je n’étais qu’un néophyte. Que pouvais-je lui répondre ? J’étais d’avis que s’il avait réellement atteint le prema, il n’aurait pas abandonné le service à son guru. Un véritable siddha ne se promène pas avec des copines et ne se fait pas passer pour Krishna en jouant de la flûte. Les écritures nous disent clairement quels sont les symptômes d’un siddha, et il manifestait les symptômes opposés. Je trouvais ses révélations amusantes. PKD est un cas de délire référentiel.
Commentaire de Joshika. Les personnes délirantes peuvent faire des ravages dans la vie des gens qui les entourent, sans avoir aucune idée de la destruction qu’elles causent. Comme elles sont dans le délire, elles n’en assument pas la responsabilité ou ne croient pas aux dommages qu’elles ont causés même si elles en étaient informées. Au contraire, elles blâment les autres. En réalité, il n’est pas conseillé de discuter avec une personne souffrant du trouble délirant ou d’essayer de lui prouver qu’elle à tort. De telles personnes s’en tiendront encore plus fermement à leurs croyances, se mettront en colère, seront agressives ou même violentes envers vous. Il n’est pas non plus conseillé de leur permettre de délirer en étant d’accord avec leurs pensées erronées. Ainsi, il est très difficile d’être à la merci de quelqu’un souffrant de ce trouble. Idéalement, nous aimerions que cette personne reçoive un traitement psychiatrique pour la faire sortir du trouble délirant, mais le plus souvent, de telles personnes ne prennent jamais de traitement car elles ne pensent pas avoir besoin de changer et elles ne voient pas leur problème.
Si vous souffrez en vivant avec une personne atteinte de ce trouble, la meilleure approche est la voie du juste milieu : respectez-la et écoutez-la. Ne validez pas ses pensées mais validez ses sentiments. J’essaie de penser à une personne délirante comme quelqu’un qui est malade mais qui ne le sait pas. Comme par exemple quelqu’un souffrant de la maladie d’Alzheimer avancée. Si quelqu’un que vous aimez et avec qui vous vivez perd la mémoire, vous ne seriez pas en colère contre lui lorsqu’il devient plus oublieux et vous raconte la même histoire jour après jour. Vous ne vous disputeriez pas avec de telles personnes lorsqu’elles agissent comme de petits enfants ou lorsqu’elles s’éloignent et se perdent. Vous ne les critiqueriez pas et ne leur diriez pas qu’elles sont en plein délire lorsque leurs pensées sont toutes confuses et n’ont aucun sens. Vous pouvez perdre patience avec elles ou vous sentir en colère et frustré à leur égard de temps en temps. Mais, comme vous comprenez leur problème, vous les aimeriez la plupart du temps avec gentillesse, compassion et empathie. Par conséquent, c’est la meilleure approche à adopter avec tout autre dévot qui peut être dans le délire référentiel.
Nous continuerons cette série sur le délire en donnant des exemples des quatre types des troubles délirants restants.
info@jiva.org for inquiries about Jiva Institute and guesthouse bookings
For website question please use our contact-form»
380 Sheetal Chaya
Raman Reti, Vrindavan
UP 281121, India
© 2017 JIVA.ORG. All rights reserved.