Dans les shrutis comme dans les smrtis, nous trouvons des descriptions de divers types de sacrifice, d’austérité, de charité ou de chant de mantras pour atteindre différents objectifs, soit dans cette vie, soit après la mort.
Par Satyanarayana Dasa
Dans les shrutis comme dans les smrtis, nous trouvons des descriptions de divers types de sacrifice, d’austérité, de charité ou de chant de mantras pour atteindre différents objectifs, soit dans cette vie, soit après la mort. Il existe également des descriptions détaillées des expiations (prayashchitta) pour se libérer de ses péchés, dont certaines sont assez difficiles à accomplir. Par exemple, si une personne deux-fois-née, dvija, boit du vin sans le savoir, alors elle devrait boire de l’urine de vache chaude jusqu’à la mort (La Manu-smriti 11.90).
Tout le monde sait que pour réaliser ou obtenir quelque chose dans le monde matériel, il faut travailler très dur. En se reposant sur cette connaissance, il est très difficile de croire qu’il soit possible d’atteindre quoi que ce soit de spirituel ou de matériel, simplement en chantant quelques sons, même s’ils sont identifiés comme des Noms Saints. Shri Jiva Goswami met en garde contre une telle mentalité. Il dit qu’il ne faut pas penser que ces déclarations scripturaires soient artha-vada, ou une glorification exagérée.
Selon le Purva-mimamsa, les Vedas contiennent cinq types de déclarations : vidhi, mantra, nama-dheya, nishedha et artha-vada. Le but de l’artha-vada est d’encourager les gens à accomplir certains actes religieux et à les décourager d’accomplir des actes irréligieux. De telles déclarations sont soit de nature élogieuse, soit de nature critique. Par exemple, il y a une injonction dans le Taittiriya-samhita qui dit : « Celui qui désire des richesses devrait sacrifier un cheval au deva du vent (Vayu) ». Dans une autre partie du même Samhita, Vayu est glorifié afin que l’on soit enclin à l’adorer « Vayu est en effet le plus rapide des devas ». Cette glorification du deva du vent implique qu’il récompensera rapidement ses adorateurs, ce qui incitera à son tour les gens à sacrifier un cheval pour lui. En raison d’un tel motif, cette déclaration de glorification du deva du vent est également comprise dans la catégorie d’artha-vada.
Les déclarations scripturaires glorifiant le Saint Nom ne sont pas dans la même catégorie et ne doivent pas être considérées comme des exagérations. Agir ainsi revient à commettre l’une des dix offenses contre le Saint Nom : tathārtha-vādohari-nāmni kalpanam (Le Padma Purāṇa, « Brahma-khanda » 25.15).
De plus, si les déclarations faisant l’éloge du chant des Saints Noms sont considérées comme artha-vada, alors naturellement la question se pose : quelle est le vidhi, ou injonction, à laquelle se rattache un tel artha-vada ? Cela s’explique par le simple fait que l’artha-vada est toujours subordonné et supplémentaire à des injonctions particulières, ou vidhi-vakya. Ce vidhi pourrait être en lien avec le chant lui-même ou avec un autre impératif. Il n’y a aucune déclaration concernant le Saint Nom selon laquelle son chant fasse partie d’un vidhi séparé. Si, d’un autre côté, le vidhi se rapportait au chant lui-même, alors il n’y aurait pas de différence entre l’injonction de chanter et l’éloge du chant, car les deux sont des déclarations directes recommandant de chanter. De plus, toute injonction qui recommande la réalisation d’une activité et énonce directement ses bénéfices ne doit pas être considérée comme artha-vada. Lorsque le sens premier, ou direct, est applicable, il ne faut pas aller rechercher un sens secondaire.
Par conséquent, il faut comprendre que les noms du Seigneur sont transcendants et non différents de Lui, comme le confirme le Padma Purana. N’étant pas différent du Seigneur, le nom est aussi puissant que le Seigneur. Ainsi, sa glorification n’est pas une exagération. Le simple fait de le chanter peut attribuer les résultats décrits dans les shastras. Dans le monde matériel également, nous voyons que parfois une petite action peut apporter un grand résultat. Une petite étincelle de feu peut faire enflammer une grande forêt ou un virus invisible peut tuer un éléphant. Par conséquent, il n’y a aucune raison de douter du pouvoir de chanter le Saint Nom.
Une autre objection peut être soulevée. Si le nom du Seigneur est transcendant, comment peut-il être prononcé avec notre langue matérielle ? Shri Jiva Goswami dit que le Saint Nom n’est pas mis en vibration avec la langue. Il se manifeste par Lui-même, tout comme le Seigneur, et apparaît par Sa propre volonté. C’est aussi le verdict de Shri Rupa Goswami:
« Parce que le nom, la forme et les autres attributs du Seigneur Krishna sont transcendants, ils sont imperceptibles à nos sens matériels. Mais lorsqu’un dévot s’offre en pleine dévotion [à Krishna], alors seulement le Nom et les autres attributs se manifestent, de leur propre gré, sur sa langue et ses autres sens ». (BRS 1.2.234)
L’exemple le plus frappant en est fourni par Bharata Maharaja, qui avait pris naissance comme un cerf. Face à la mort, le cerf chanta le nom de Hari (SB 5.14.45). Normalement, un cerf n’a pas la capacité de produire un son articulé, mais dans ce cas, le nom se manifeste sur sa langue lorsque la créature désire le chanter. Cela prouve que le Saint Nom est indépendant et peut se manifester par Sa propre volonté, étant non différent du Seigneur Suprême, qui est Son dépositaire. L’éléphant Gajendra est un autre exemple d’animal à qui le Saint Nom s’est manifesté (SB 8.3.32). Non seulement le Saint Nom, mais les Vedas sont également auto-manifestés. Dans le onzième chant du Srimad Bhagavatam, Krishna décrit ce phénomène à Uddhava :
« Le son transcendant des Vedas est très difficile à comprendre et il se manifeste à différents niveaux dans le prana, les sens et l’esprit. Ce son védique est illimité, infiniment profond et insondable, tout comme l’océan. En tant que Seigneur Suprême illimité, immuable et omnipotent résidant dans tous les êtres vivants, J’établis personnellement la vibration sonore védique sous la forme d’omkara, dans toutes les entités vivantes. Il est ainsi perçu subtilement, tout comme un simple brin de fibre sur une tige de lotus ». (SB 11.21.36-39)
Une objection peut être soulevée ici. Si le Saint Nom est si puissant et glorieux, alors pourquoi les gens en général ne ressentent-ils pas Sa puissance, même après L’avoir chanté quotidiennement des milliers de fois ? En excluant les récits de grands dévots dans les écritures, il est presque impossible de trouver une personne qui a expérimenté la pleine puissance du Saint Nom, comme indiqué précédemment.
La réponse à cela est que le chant doit être exempt d’offenses. De même que le chant plaît au Seigneur, de même une offense Lui déplaît. Naturellement, une disposition qui déplaît – au sens d’inharmonie avec la Réalité complète qui est Bhagavan –, empêche le Saint Nom de manifester Sa puissance. Tel un serviteur qui peut servir son roi de diverses manières, mais si finalement il abusait du roi, ce dernier serait certainement bouleversé et le mécontentement serait encore plus grand si de tels abus étaient commis au moment du service. Sans doute le roi punirait-il un tel serviteur.
Ainsi, il faut éviter la moindre offense. Bien que le feu ait le pouvoir de brûler de l’herbe, il ne pourra pas brûler de l’herbe verte : l’herbe doit être sèche avant d’être brûlée. Les offenses sont si puissantes que même les êtres vivants libérés (jivan-mukta) peuvent déchoir de leur position. Shri Rupa Goswami écrit :
« Même le bhava, l’éveil permanent à l’être transcendant, peut disparaître complètement si l’on commet une grave offense à quelqu’un qui est très cher à Krishna. Si l’offense est de gravité moyenne, le bhava peut se transformer en un simple fac-similé de lui-même (bhavabhasa). Les offenses de moindre gravité peuvent transformer un bhava d’un degré d’intensité et d’achèvement plus élevé en un bhava d’un degré inférieur ». (BRS.1.3.54)
Le singe Dvivida était un serviteur du Seigneur Ramacandra, mais il commit une offense envers Lakshmana. Le résultat fut tel qu’il devint démoniaque et dut finalement être tué par le Seigneur Balarama.
Une offense envers un dévot est aussi une offense envers le Saint Nom et cette offense rend le cœur aussi dur que la pierre et incapable de ressentir les effets du chant. Par conséquent, plus important que de simplement chanter est d’éviter les offenses. Si l’on n’est pas prudent pour éviter les offenses, le chant l’impliquera de plus en plus dans la vie matérielle. C’est comme un puissant médicament : s’il est pris à tort, il aura un effet indésirable très puissant. Par conséquent, le Seigneur Caitanya a conseillé de toujours chanter les noms de Hari avec le respect approprié envers tous les êtres, et sans désirer aucun respect envers soi-même (amānina mānadena kīrtanīyaḥ sadā hariḥ). L’injonction d’être respectueux et humble dans ce verset précède l’ordre de chanter dans le prochain verset (3) de Son Shikshastaka.
The tree is very tolerant and does welfare to others. It gives itself to all equally, even to those who are unkind to it. The life of the tree is meant for others. Do you see the tree eating its own fruit?
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