La bhakti dépend-elle de la culture indienne ?

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Pourquoi ne puis-je pas être un dévot de Kṛṣṇa sans adhérer aux coutumes védiques ou, plus largement, indiennes ?

Question. Pourquoi ne puis-je pas être un dévot de Kṛṣṇa sans adhérer aux coutumes védiques ou, plus largement, indiennes ? Pourquoi devrais-je m’habiller comme un Indien, alors même que les Indiens modernes ne le font pas ? Cela peut sembler naturel lorsqu’on vit en Inde, mais en Occident, cela paraît étrange et devient souvent un sujet de moquerie. Après tout, la bhakti ne dépend d’aucun élément extérieur, elle relève de bhāva. Kṛṣṇa ne Se satisfait que de la dévotion et de rien d’autre :

bhaktyā tuṣyati kevalaṁ na tu guṇaiḥ
bhakti-priyo mādhava (Le Padyāvalī 8)

Réponse. La Réalité Absolue possède deux manifestations : personnelle et impersonnelle. Les yogīs et les jñānīs s’efforcent de réaliser l’Absolu sous sa forme impersonnelle. Après avoir atteint la perfection sous la forme de la libération ultime (atyantika-mukti), ils n’entretiennent aucune relation personnelle avec l’Absolu. Par conséquent, ils n’ont pas besoin d’adopter une culture particulière après leur libération. Les dévots, en revanche, suivent la voie d’un Dieu personnel.

Sur cette voie de la dévotion, il existe deux types de dévots : ceux qui désirent établir une relation spécifique avec Dieu sous une forme particulière et ceux qui ne recherchent pas une relation précise. Ceux qui aspirent à une relation spécifique doivent comprendre la forme particulière de Dieu, telle que Kṛṣṇa, ainsi que Son humeur et Son comportement en accord avec cette relation. Cette compréhension doit être développée ici même, dans le corps du sādhaka.

Dans la pratique d’une relation spécifique (rāgānugā-bhakti), le service se réalise à la fois par le corps physique et par le corps spirituel :

sādhaka-rūpeṇa siddha-rūpeṇa cātra hi
(Le Bhakti-rasāmṛta-sindhu 1.2.295)

Pour accomplir ce sevā, il est nécessaire d’apprendre certaines coutumes. Concernant le sevā en tant qu’être spirituel, il n’existe aucune contrainte sociale, car tout se déroule dans le cadre de la méditation. En revanche, pour le sevā accompli avec le corps physique, il peut exister des restrictions sociales, notamment si l’on vit dans une société ou une famille peu favorable à la dévotion. Il convient alors d’effectuer certains ajustements tout en gardant toujours à l’esprit l’objectif ultime.

En tant que Gauḍīya Vaiṣṇavas, notre but est d’être avec Kṛṣṇa. De ce fait, il est essentiel de Le concevoir comme une personne évoluant dans un cadre spécifique. Toutefois, les règles et coutumes peuvent être adaptées dès lors que l’on en comprend les principes sous-jacents. À défaut, il y a un risque de suivre uniquement ses habitudes et, progressivement, son propre esprit plutôt que les principes de la bhakti.

Enfin, il est fondamental de comprendre que sur le chemin de la bhakti, l’élément central est le bhāva. Or, ce bhāva n’est pas quelque chose que nous possédons déjà, mais bien un objectif à atteindre. Si les coutumes, les rituels liés au culte de la Déité, les règles concernant l’alimentation, les hommages et les pratiques d’adoration ne sont pas directement constitutifs du bhāva, ils contribuent néanmoins à son développement et à sa réalisation.

Ainsi, à moins que la mise en pratique de ces principes et coutumes ne soit impossible ou défavorable, il convient de s’efforcer de les suivre autant que possible. Par ailleurs, si l’on possède ce bhāva, c’est-à-dire un amour véritable, on agira naturellement de manière à faire plaisir à Kṛṣṇa. Pourquoi voudrait-on faire quelque chose qui ne Lui est pas agréable ?

Kṛṣṇa n’est ni indien ni occidental. Il ne suit pas la culture indienne moderne, mais Il ne relève pas non plus de la tradition occidentale. Il vit selon la culture et les coutumes védiques. Si nous aspirons à vivre avec Lui, il nous faut alors comprendre cette culture et la suivre autant que possible dans notre environnement moderne. Si notre situation sociale ne nous permet pas de l’appliquer pleinement, nous devrions au moins en avoir conscience, la respecter et éviter de la ridiculiser. Les Indiens modernes qui ne suivent pas la culture védique ne constituent pas nos modèles.

Question. Mais comment Dieu peut-Il être si étroit d’esprit et pourquoi serait-Il partial ? Dieu est universel et ne fait aucune discrimination, alors pourquoi devrais-je suivre une tradition connue uniquement en Inde et ne pas plutôt adhérer aux coutumes occidentales pour L’atteindre ?

Réponse. Oui, je conviens que Dieu est universel et impartial et qu’il est possible de s’approcher de Lui en suivant n’importe quelle culture ou coutume. Cependant, comme nous l’avons mentionné précédemment, cette manifestation impartiale de Dieu ne nous intéresse pas.

Notre objectif est d’établir une relation d’amour spécifique avec une forme particulière de Dieu, appelée Kṛṣṇa, qui est svayaṁ bhagavān et qui, lorsqu’il s’agit de ses dévots, n’est pas impartial.

Dieu possède plusieurs types de manifestations :

  1. Des manifestations spécifiques, comme Kṛṣṇa ou Rāma, qui interagissent avec Leurs dévots selon des relations bien définies.
  2. Une manifestation générale et impartiale, appelée Paramātmā ou Īśvara.
  3. Une manifestation impersonnelle, appelée Brahman.

Si l’on souhaite atteindre le Brahman ou simplement Paramātmā, il n’est pas nécessaire d’adopter un mode de vie védique, car ces formes de l’Absolu ne requièrent pas de relation personnelle avec Dieu. Cependant, si notre aspiration est de vivre auprès de Kṛṣṇa à Vraja et de développer avec Lui une relation intime, alors nous devons Le connaître profondément et nous qualifier pour cette relation.

Kṛṣṇa a Ses préférences, Ses goûts et Ses aversions. Il S’identifie à un jeune berger et à rien d’autre. Il ne Se considère ni comme le créateur de l’univers ni comme le régent du cosmos : Son esprit est entièrement absorbé par Ses dévots de Vraja, au-delà desquels Il ne tourne pas Son attention.

Un exemple illustrant cette réalité est l’épisode où les épouses des brāhmaṇas de Mathurā Lui apportèrent de la nourriture et s’abandonnèrent à Lui. Kṛṣṇa ne les accepta pas de la même manière qu’Il avapit accepté les gopīs, car selon la culture védique, un vacher ne peut entretenir de relation conjugale avec une femme brāhmaṇa. C’est pourquoi les Gauḍīya Vaiṣṇavas, qui aspirent à une relation en mādhurya-bhāva avec Kṛṣṇa, désirent naître en tant que gopīs et non en tant que filles de brāhmaṇas. Ainsi, Kṛṣṇa à Vraja possède l’ego d’un jeune pâtre. En dehors de Vraja, sous d’autres formes, Il manifeste d’autres identités. Il est essentiel de bien comprendre cette nuance.

Ainsi, tout cela est une question de coutume. Kṛṣṇa Se comporte selon les idéaux de la culture védique, et si nous souhaitons établir une relation avec Lui, nous devons les apprendre et les intégrer.

Il faut garder à l’esprit que ce chemin est très spécifique et qu’il est essentiel d’avoir une clarté totale sur notre objectif. Cette pratique doit être accomplie ici et maintenant, car il n’existe aucun moyen de la contourner.

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