Krishna peut-Il être atteint par l’inimitié ? (Partie 2)

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Après avoir expliqué la nature de Krishna, qui reste égal en honneur et en déshonneur, Shri Narada a expliqué que Shri Krishna ne voit pas de différence entre les personnes qui l’approchent par inimitié ou sans inimitié, avec peur, affection ou désir de L’apprécier (kama).

Shishupala décapité

Shishupala décapité

Après avoir expliqué la nature de Krishna, lequel reste égal en honneur et en déshonneur, Shri Narada a expliqué que Shri Krishna ne voit pas de différence entre les personnes qui L’approchent par inimitié ou sans inimitié, avec peur, affection ou désir de L’apprécier (kama) :

tasmād vairānubandhena nirvaireṇa bhayena vā 
snehāt kāmena vā yuñjyāt kathañcin nekṣate pṛthak

« Par conséquent, l’on devrait développer un certain type de relation avec Krishna, que ce soit par inimitié, peur, dévotion, relation familiale ou affection romantique. La personne devrait être liée à Krishna de manière si forte qu’elle ne verra aucune différence entre Krishna et soi-même ». (SB 7.1.25)

En commentant ce verset, Shri Vishvanatha Cakravarti soulève une objection : nous pouvons accepter que le Seigneur ne soit pas troublé par le déshonneur ou la critique, mais qu’en est-il de celui qui Le critique ? Cette personne ne serait-elle pas impliquée dans un mauvais karma par un tel blasphème ? En réponse, il explique que la critique est de deux types, l’une favorable ou agréable et l’autre – défavorable. Le premier type découle d’un amour intense et il n’est pas destiné à nuire ou à déranger la personne. En tant qu’expression d’un amour si intense, il peut être exprimé par la frustration lors d’une séparation ou par un autre acte apparemment indésirable commis par l’être aimé. Un exemple de cela est le verset suivant du « Bhrahmara Gita » (« Le chant de l’abeille »), qui aurait été prononcé par Shrimati Radharani Elle-même (SB 10.47.17) :

« Bien qu’il soit même difficile de renoncer à parler de Krishna, essayons de renoncer à notre relation avec Lui ! Non seulement avec Lui, mais avec toutes les personnes au teint sombre comme Lui ! Elles sont probablement aussi injustes que Lui. En tant que le Seigneur Rama, Il a tué le roi singe comme un chasseur furtif tue un cerf innocent. Il a accepté les cadeaux de Bali Maharaja et l’a ensuite attaché avec des cordes comme s’il était un corbeau. En tant que Lakshmana, Il a défiguré Shurparnaka ».

Une telle critique proférée par amour ne peut être faite que par Shrimati Radharani. Ce verset fut prononcé lorsque Krishna quitta Vrindavana pour Mathura et envoya Uddhava en tant que messager. Voyant Uddhava, les gopis se souvinrent de leurs divertissements avec Krishna. À cette époque, un bourdon volait autour des pieds de Shrimati Radharani. Prise par la folie de l’amour et de la séparation intense d’avec Krishna, Shrimati Radharani a prononcé ce verset. Une telle critique ne créera évidemment aucun mauvais karma.

Le deuxième type de la critique, qui n’est pas le résultat de la dévotion, a deux autres divisions : l’une est le résultat de l’absorption dans Bhagavan et l’autre – sans absorption. Shishupala est un exemple du premier. Bien que la critique de Shishupala ait créé un mauvais karma, la cause même de cette critique, c’est-à-dire l’absorption dans Krishna, a immédiatement détruit ce mauvais karma et élevé Shishupala au niveau de la dévotion. C’est dans cette intention que l’inimitié a été prescrite au verset 7.1.25, mentionné ci-dessus.

Bien qu’une telle absorption soit au-delà de toute injonction, elle a été incluse dans le cadre d’une injonction uniquement parce qu’elle donne un résultat similaire à une dévotion réglementée (vaidhi bhakti). Comme une telle critique ne perturbe aucunement Bhagavan, il est possible que le mauvais karma de la critique soit annulé. Par conséquent, l’importance de ce verset est que l’esprit d’une personne qui éprouve de l’inimitié envers le Seigneur dans l’absorption est fixé sur Lui.

Relation d’amour avec Krishna

Le terme « nirvairena » (sans inimitié) désigne le processus dépourvu de toute inimitié, en d’autres termes, le bhakti-yoga. Par ailleurs, le terme « vaira » signifie adversaire et nirvaira est son opposé, à savoir un allié. Cela renvoie à celui qui considère Krishna comme son fils. Au verset 7.1.30, cela est décrit par le mot « sambandha » ou relation. Ainsi, nirvaira renvoie à un dévot qui a une relation spécifique avec Krishna.

Pour cette raison, le mot « snehat » (de l’affection) doit être considéré comme un adjectif de kama et non comme une catégorie à part. Ainsi, les mots « snehat kamena » signifient « kama né de l’amour ». Si snehat est pris comme une catégorie distincte, cela brise l’ordre des autres mots, qui sont employés à l’instrumental, tandis que snehat – à l’ablatif.

Il est entendu qu’au verset 7.1.25 cinq types de personnes sont mentionnés : un ennemi (vaira), un dévot sans relation spécifique (nirvaira), un dévot avec une relation spécifique (bandha), celui qui a peur (bhaya) et celui qui a l’amour pur (snehat kama).

Toutes ces personnes ne voient pas Bhagavan comme étant séparé (prithak) d’elles-mêmes. Elles Le voient selon leur humeur ou leur relation. Tout comme dans l’amour la personne ressent l’unité, il existe également un type d’unité qui naît de l’absorption dans la peur et l’inimitié, bien qu’il soit défavorable. Ces personnes réalisent cette unité défavorable en atteignant la sayujya mukti.

Un énoncé peut avoir différentes significations en relation avec différentes personnes. Ainsi le verbe « yunjyat » dans ce verset, employé au potentiel, implique-t-il une injonction de fixer l’esprit sur Bhagavan par l’inimitié, la peur, etc. Une telle injonction n’est pas applicable au cas de Shishupala dont l’inimitié était naturelle (de par le raga). Pouvons-nous, de ce fait, en conclure qu’elle l’est pour d’autres personnes ? Shri Vishvanatha Cakravarti dit qu’une telle injonction n’est pas possible car les shastras ne propagent pas l’inimitié envers le Seigneur. Dans la définition de saranagati, il est dit que l’on ne doit accomplir que des actions favorables et éviter tout ce qui déplaît à Krishna. De plus, même si l’inimitié était prescrite à d’autres personnes que Shishupala, cela n’absorberait pas leur esprit dans Krishna. Une telle pratique n’est certainement pas appréciée par Krishna Lui-même. En effet, Il l’interdit :

tān ahaṁ dviṣataḥ krūrān saṁsāreṣu narādhamān 
kṣipāmy ajasram aśubhān asurīṣv eva yoniṣu

« Je jette perpétuellement ces personnes vicieuses, cruelles et impures, qui sont les plus dégradées et les plus basses parmi les hommes, dans les espèces asuriques ». (BG 16.19)

Même les ennemis de Krishna sont bénis

D’aucuns diront que seule l’inimitié naturelle causera un mauvais karma, mais non l’inimitié décrite dans les écritures. Si tel est le cas, pourquoi Shishupala a-t-il été libéré de tout karma grâce à son inimitié naturelle envers Krishna ? Nous pouvons en outre soutenir que Shishupala est une exception à la règle. Alors pourquoi n’y a-t-il pas d’exemples de personnes saintes qui ont pratiqué l’inimitié selon de prétendues injonctions scripturaires ? Et pourquoi devons-nous cultiver des émotions défavorables envers Krishna ? Seule une personne qui croit que Bhagavan la tuera personnellement peut vraiment être absorbée dans l’inimitié et la peur de Lui, tout comme celui qui est en danger de mort face à un tigre ou un serpent sera naturellement absorbé dans la peur et l’inimitié à leur égard. Par conséquent, ce verset doit être compris comme suit : Bhagavan bénit même ceux qui sont hostiles envers Lui. Il est de ce fait hautement inapproprié d’avoir une attitude aussi négative envers Lui. Nous devrions absorber notre esprit en Lui par tout autre moyen, tout en évitant l’inimitié. Dans le Purva Mimamsa, cette méthode de transmission du sens est appelée parisankhya-viddhi et elle signifie qu’une injonction implique une interdiction. En acceptant cette signification, le préfixe nir- dans le mot « nirvaira » est à prendre au sens de la négation.

Ainsi, nirvaira signifie toute autre humeur que vaira ou inimitié, comme celle d’un ami, d’un parent, d’un fils, etc. Nous devrions ainsi fixer notre esprit sur Krishna. Le sens du terme « vairanubandhena » est à prendre comme un adverbe, impliquant l’absorption de l’esprit semblable à celle que l’on éprouve en pensant à un ennemi. Celui qui est lié (anubandha) à une personne est absorbé dans les pensées sur cette personne. Compte tenu de ce sens de vairanubandhena, l’humeur d’indifférence a été exclue. Les mots « snehat kamena » signifient le désir conjugal né de l’affection. Ils doivent être lus avec le mot « bhayena », avec peur, qui signifie le désir conjugal conforme à l’humeur des demoiselles de Vraja qui avaient un sentiment de peur à cause de l’abandon de la voie ou de la moralité. Le mot « va » (ou) employé avec bhayena implique des sentiments conjugaux dépourvus de peur. Cela fait référence aux adeptes des personnes comme Rukmini qui avaient un désir conjugal envers Krishna sans la peur d’abandonner la voie de la moralité. Dans les écritures, il y a des déclarations sur les relations avec Krishna en tant qu’amant ainsi qu’un époux dûment marié. La première est énoncée dans le Brihad-vamana Purana : « L’adoration de Krishna dans l’humeur d’un amoureux est la plus intense et supérieure à toute autre humeur ». La seconde est décrite dans le Kurma Purana : « Les fils d’Agni, les grands êtres, sont nés en tant que femmes et ils ont accepté la source de l’univers, le Seigneur omniprésent non-né, comme leur mari ».

L’importance de l’absorption émotionnelle chez Krishna

La véritable signification de ce verset n’est pas de donner un type spécifique d’injonction pour fixer l’esprit sur Krishna, mais elle implique plutôt que l’essence et la grandeur de la dévotion se trouvent dans l’esprit naturellement absorbé en Krishna. Sinon, si le verset était à prendre dans son sens littéral, l’injonction de l’inimitié ou de la peur, qui implique la haine, irait à l’encontre du but même des écritures qui est en fin de compte destiné à propager l’amour. Cette signification implicite est en effet transmise par Shri Narada dans le verset suivant :

« L’intensité avec laquelle un être mortel est absorbé par l’inimitié ne se produit pas par la dévotion prescrite (vaidhi bhakti), c’est mon opinion définitive ». (SB 7.1.26)

Certainement Shri Narada, qui est lui-même un grand dévot, ne prescrit pas d’inimitié envers Bhagavan mais enseigne l’importance de l’absorption émotionnelle en Krishna. Le meilleur exemple est celui qui peut être facilement compris par l’étudiant. Une personne ordinaire a l’expérience de l’inimitié, mais pas de la dévotion pure. L’inimitié signifie ici aussi la haine, la peur, la jalousie et les émotions négatives qui font que l’esprit est naturellement absorbé par l’objet de cette émotion. Imaginez une personne allongée dans son lit dans une pièce sombre et sachant qu’il y a un serpent dans la même pièce. Son esprit sera complètement immergé dans la peur de ce serpent. Par conséquent, pour enseigner comment l’esprit doit être absorbé dans une pure dévotion, Narada donne l’exemple de l’absorption de la pensée sur un ennemi, ce qui se produit naturellement. Un autre exemple est celui d’un jeune homme vigoureux dont l’esprit est absorbé par des pensées sur les femmes. Narada dit à Yudhishthira que la langue de Shishupala aurait dû développer la lèpre à cause de ses abus verbaux, mais il loue ensuite Shishupala encore plus que ceux engagés dans le bhakti-yoga en raison de l’absorption intense de Shishupala en Krishna.

Ainsi, sur le chemin de la raganuga-bhakti, même l’humeur d’inimitié envers Krishna est glorifiée car elle aboutit à l’absorption sur Bhagavan, sans parler des dévots comme Vasudeva et Devaki qui ont une humeur naturelle d’affection paternelle envers Krishna. Alors que dire de plus sur Nanda et Yashoda dont l’absorption grandit à chaque instant.

Alors, Krishna peut-Il être atteint par la haine ? Une personne ordinaire ne peut pas être absorbée en Lui par la haine ou la critique comme l’était Shishupala. Par conséquent, une telle personne n’atteindra pas la mukti, mais glissera plutôt vers des espèces de vie inférieures. L’importance demeure dans l’absorption et non dans le processus ou les moyens d’y parvenir. C’est aussi à cause d’une telle absorption que la raganuga-bhakti est glorifiée par rapport à la vaidhi-bhakti.

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