Il y a divers systèmes philosophiques qui ont existé à tout moment dans le temps et cela partout dans le monde. Cependant, il existe des différences fondamentales entre les philosophies indienne et occidentale.
Par Satyanarayana Das Babaji
Il y a divers systèmes philosophiques qui ont existé à tout moment dans le temps et ce, partout dans le monde. Cependant, il existe des différences fondamentales entre les philosophies indienne et occidentale. Tout en élaborant leurs philosophies, les penseurs indiens avaient un but bien précis, à savoir comment se libérer de la misère matérielle. Deuxièmement, chaque système de pensée indienne avait sa propre école et ses adeptes, qui maintenaient leurs enseignements à travers la tradition d’une parampara. Troisièmement, l’importance de la sadhana, ou l’application pratique des enseignements pour atteindre son objectif, a été beaucoup soulignée dans les systèmes philosophiques indiens.
La civilisation indienne est la plus ancienne civilisation vivante du monde. Comme ces racines sont ancrées dans la philosophie, c’est la raison pour laquelle elle survit même après avoir été soumise à l’assaut d’envahisseurs et de dirigeants étrangers pendant des milliers d’années. Le mot même « Bharata » signifie la terre où les gens sont voués (rata) à l’illumination (bha). La philosophie indienne est typiquement divisée selon deux grandes lignes, astika (orthodoxe ou théiste) et nastika (non-orthodoxe ou athée). Les philosophies bouddhistes, jaïn et Charvaka ne sont pas orthodoxes car elles n’acceptent pas l’autorité des Vedas. L’origine des Vedas est communément acceptée par leurs adeptes comme émanant de Dieu. Par conséquent, dans la tradition indienne, tout système de pensée non fondé sur les Vedas, même s’il inclut la croyance d’un ou de plusieurs dieux, est considéré comme athée, nastika.
Les écoles astika, appelées à l’origine sanatana dharma, sont collectivement appelées hindouisme dans les temps modernes. L’hindouisme se compose de six systèmes de philosophie et de théologie. Ce sont Nyaya, Vaisheshika, Yoga, Sankhya, Purva Mimamsa et Vedanta. Chaque école possède un ensemble de sutras, ou aphorismes, qui forment son noyau et donne l’enseignement essentiel de l’école. Les quatre premières de ces écoles acceptent l’autorité des Vedas, mais ne tirent pas leurs principes philosophiques des déclarations des Vedas. Elles sont fondées sur les enseignements de rishis (sages).
Les deux dernières écoles, à savoir le Purva Mimamsa et le Vedanta, cependant, fondent leurs systèmes théologiques spécifiquement sur les déclarations des Vedas. Les quatre Vedas, à savoir le Rig, le Yajur, le Sama et l’Atharva, sont chacun divisés en quatre parties connues sous le nom de Samhita, Brahmana, Aranyaka et Upanishad. Les deux premières parties sont principalement rituelles. Les Aranyakas marquent le passage du rituel à la théologie, qui trouve son aboutissement dans les Upanishads. Le Purva Mimamsa, (lit. « la délibération antérieure ») fonde ses principes sur les parties antérieures (purva) des Vedas, à savoir les Samhitas et les Brahmanas. Le Vedanta (lit. « la dernière partie des Vedas ») est l’étude des parties ultérieures, c’est-à-dire les Upanishads, et, par conséquent, est également appelé Uttara Mimamsa, ou la délibération ultérieure.
Un bref aperçu de ces six systèmes de pensée est donné ci-dessous :
Kapila Muni est le fondateur de ce système. Le Sankhya accepte deux tattvas, ou principes de base, à savoir la prakriti, ou matière primordiale, et le purusha, ou être conscient individuel. Le purusha, également appelé atman, est immuable, éternel et conscient par sa nature même. La prakriti est inerte et subit des modifications lorsqu’elle est en contact avec le purusha. Elle évolue du plus subtil au plus grossier et manifeste le monde visible. La première modification de la prakriti est appelée mahat, ou l’intelligence cosmique. Elle évolue ensuite en ahankara, ou l’ego. L’ahankara donne naissance à l’esprit, aux cinq sens cognitifs, aux cinq sens fonctionnels, aux cinq tanmatras, ou éléments subtils, qui évoluent ensuite en akasha (espace, son), puis en vayu (gaz, air), puis en tejas (chaleur et lumière), ensuite en jalam (liquides), et enfin en prithvi (objets solides). L’idée centrale de ce système est qu’un être vivant peut se libérer de l’ignorance en comprenant que le purusha est distinct des vingt-quatre éléments qui constituent la matière.
Le Yoga accepte les vingt-cinq principes de l’école Sankhya avec Ishvara, ou Dieu, comme le vingt-sixième principe. Il donne les étapes pratiques pour réaliser que le purusha est distinct de la prakriti. Ce système fut fondé par Hiranygarbha et plus tard systématisé et propagé par le sage Patanjali. Il définit le yoga comme la cessation de toutes les modifications mentales. Il y a huit étapes pour atteindre cet état, par conséquent ce système est également appelé l’ashtanga-yoga (lit. « le yoga à huit parties »). Ce sont yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi.
Cela est également appelé le système de logique indien. Il est connu pour son syllogisme en cinq étapes. Il déclare qu’il y a seize padarthas, ou catégories, qu’ayant connus, l’on peut atteindre le but ultime de la libération. Les seize padarthas sont : pramana, prameya, samshaya, prayojana, drishtanta, siddhanta, avayava, tarka, nirnaya, vada, jalpa, vitanda, hetvabhasa, chala, jati et nigraha-sthana. La plupart de ces catégories sont liées à la logique et au débat. Le Nyaya fut exposé par Gautama Muni.
4. Le Vaisheshika
Ce système fut développé par le sage Kanada. Il enseigna qu’il existe sept padarthas, ou entités ontologiques, et que leur compréhension conduit à la réalisation de soi. Le sage Kanada postula également que le monde est fait d’atomes (paramanu). Les sept padarthas sont dravya (substance), guna (qualité), karma (mouvement), samanya (généralité), vishesha (spécialité), samavaya (inhérence) et abhava (non-existence).
Ce système fut propagé par le sage Jaimini, un disciple de Veda Vyasa. Il dit que l’essence des Vedas est le dharma. Le dharma signifie les commandements trouvés dans les Vedas qui se présentent principalement sous la forme de yajnas. Par l’exécution du dharma, l’homme gagne un mérite qui le conduit au ciel après la mort. L’on vivra heureux au paradis sans affronter aucune misère. Si l’homme ne suit pas son dharma, ou ses devoirs prescrits, alors il encourt le péché et, par conséquent, souffrira en enfer.
Le Vedanta fut enseigné par Veda Vyasa, celui qui a compilé les Vedas. Il réfute la conclusion du Purva Mimamsa et déclare que l’enseignement essentiel des Vedas est de réaliser le Brahman, la Vérité Absolue, et non le dharma sous forme d’injonctions. Cette école a deux branches – personnelle et impersonnelle. Dans le premier cas, la dévotion à un Dieu personnel est le moyen de la perfection. Dans le second, l’on se réalise comme la Vérité Absolue impersonnelle et omniprésente. Le Vedanta est la plus populaire de toutes les écoles.
Les six systèmes sont généralement jumelés en trois groupes : Sankhya et Yoga, Nyaya et Vaisheshika, Purva Mimamsa et Vedanta. Cependant, le Vedanta est largement accepté comme le sommet des six systèmes car il traite exclusivement de la vérité absolue et explique la réalité de la manière la plus cohérente. C’est la seule école qui ait maintenu sa pertinence à travers l’ère moderne, même si le yoga est également populaire de nos jours. Il existe différentes écoles de pensée au sein du Vedanta, qui peuvent toutes être classées en deux divisions : impersonnelle et personnelle.
Impersonnalisme et personnalisme
Selon l’école impersonnelle appelée advaita-vada, la Vérité Absolue, ou le Brahman, est sans forme et sans aucun attribut, il est éternel et conscient. Le Brahman est la seule réalité. Le monde phénoménal est une illusion et est perçu par ignorance du Brahman. Les êtres individuels ne sont pas différents du Brahman.
Contrairement à cela, l’école personnelle dit que la vérité absolue est une personne et est désignée comme Bhagavan ou Purushottama. Il a une forme spirituelle et de nombreux attributs variés. La caractéristique impersonnelle décrite ci-dessus n’est que la lumière brillante émanant du corps transcendant de cette Personne Absolue. Le monde, étant une création de Bhagavan, est réel mais subit des cycles de création et de dissolution. Les êtres individuels (jivas) font partie de la puissance de Bhagavan et ne peuvent jamais être absolument non différents de Lui.
L’utilité des six écoles dans les temps modernes
Tout être humain, quel que soient son parcours, son sexe ou son système de croyances, souffre de trois types de misères, à savoir celles provenant de ses propre corps et esprit, ceux causés par d’autres êtres vivants (tels que terroristes, moustiques, animaux féroces, etc.), et celles provoquées par la nature (comme les tremblements de terre, les tsunamis, les éruptions volcaniques, etc.). La cause profonde de toute souffrance est l’ignorance de sa nature véritable. Nous en savons beaucoup sur les choses autour de nous, mais presque rien sur nous-mêmes.
L’inspiration fondamentale derrière chaque système philosophique a été de rendre l’individu libre de la souffrance. Par l’étude de ces systèmes, la vision de la vie et du monde s’élargit et en suivant le processus qu’ils prescrivent, comme par le Yoga ou le Vedanta, l’on peut devenir paisible et heureux dans n’importe quelle situation.
La vie moderne est pleine d’anxiété et de stress. La plupart des maladies proviennent du stress, d’un mauvais mode de vie, d’une mauvaise alimentation, etc., qui sont toutes enracinées dans l’ignorance de nous-mêmes. L’éducation moderne nous forme pour gagner de la richesse, mais pas pour savoir comment l’utiliser de manière bénéfique. Cela donne l’occasion de vivre confortablement mais cela n’apprend pas à vivre. Cette éducation donne des connaissances mais n’informe pas sur son objectif. En d’autres termes, elle n’apporte pas d’épanouissement dans la vie.
Si la connaissance des systèmes hindous s’ajoutait à l’éducation actuelle, nous pourrions mener une vie meilleure à tous égards, que ce soit d’un point de vue économique, social, politique ou spirituel. Les maux de la société tels que la corruption, la criminalité, la désunion familiale, l’exploitation, etc., seraient déracinés si les gens étaient formés aux systèmes de connaissances indiens, en particulier le Vedanta. Ces systèmes ont été utilisés pendant des milliers d’années dans le passé et ont apporté de la gloire à l’Inde. La gloire de l’Inde s’est estompée lorsque ses systèmes de savoirs traditionnels ont été déracinés. L’Inde pourrait à nouveau inspirer le monde entier si elle tirait parti de ses systèmes de savoirs autochtones.
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