Chuter ou descendre ?

Il existe des versets issus de divers Purāṇas qui évoquent la chute du jīva depuis Vaikuṇṭha. Pourriez-vous, je vous prie, éclairer ces passages ?

Question : Il existe des versets issus de divers Purāṇas qui évoquent la chute du jīva depuis Vaikuṇṭha. Pourriez-vous, je vous prie, éclairer ces passages ?

« Le dévot désintéressé de Viṣṇu, après sa mort, atteint la demeure de Viṣṇu et, étant désintéressé, il ne revient jamais de ce lieu. Ceux des dévots qui adorent le Seigneur Kṛṣṇa à deux bras se rendent à Goloka après leur mort, prenant une forme divine. Ceux qui méditent sur Viṣṇu à quatre bras, prenant également une forme divine, atteignent Vaikuṇṭha. Mais les Vaiṣṇavas qui adorent Viṣṇu de manière intéressée doivent revenir dans le pays de Bhārata après avoir séjourné à Vaikuṇṭha et renaissent en tant que brāhmaṇas. Après un certain temps, ils deviennent à leur tour des dévots désintéressés du Seigneur Viṣṇu, car le Seigneur leur accorde également Sa dévotion et Sa sagesse sans tache » (Brahma-vaivarta Purāṇa, Prakṛti-khaṇḍa, 26.27-31).

« Comme nous avions offert nos vies en touchant un śālagrāma-śilā sur la rive de la rivière sacrée Gandaki, nous reçûmes aussitôt des formes à quatre bras et montâmes à Vaikuṇṭha dans un char céleste resplendissant. Nous y avons séjourné durant cent cycles de yugas, avant d’être transférés à Brahmaloka. Là, nous avons demeuré pendant cinq cents cycles de yugas, puis nous sommes descendus à Svargaloka, où nous avons résidé durant quatre cents cycles de yugas. Après ce séjour sur les planètes célestes, nous sommes nés en ce monde mortel. Je me souviens parfaitement comment tout cela fut rendu possible par la seule miséricorde du śālagrāma-śilā et du Seigneur Hari. » (Kalki Purāṇa, 25.14-17).

« Sache que Mon Vṛndāvana est empli de félicité. Celui qui y entre n’est plus soumis aux cycles de la naissance et de la mort. Celui qui, après être entré dans Ma forêt, en ressort pour aller ailleurs est un grand insensé. Ô Śiva, c’est comme s’il avait tué sa propre âme ; il n’y a là aucun doute » (Śrī Sanatkumāra-saṁhitā, 163-164).

« Les dévots désintéressés, après avoir quitté leur corps, atteignent un lieu exempt de maladie et de mal, pur et parfait. De là, ils ne reviennent plus. Ces dévots, prenant des formes divines, gagnent Goloka et adorent la suprême Divinité, le Soi suprême, Kṛṣṇa à deux bras. Les Vaiṣṇavas intéressés se rendent à Vaikuṇṭha ; mais ils reviennent sur terre et entrent dans le sein des deux fois nés. Peu à peu, ils deviennent également désintéressés lorsqu’ils acquièrent assurément une bhakti pure et sans tache » (Devī Bhāgavata, 29.25–28).

« Celui qui accomplit l’Ekādaśī-vrata durant la quinzaine claire ou sombre demeure à Vaikuṇṭha jusqu’à l’âge de Brahmā. Par la suite, il renaît au pays de Bhārata et atteint, sans aucun doute, la dévotion au Seigneur Viṣṇu. Sous l’influence de celle-ci, il retourne à Vaikuṇṭha, d’où il ne retombe jamais » (Brahma-vaivarta Purāṇa, Prakṛti-khaṇḍa, 27.95–97).

« Les mérites que l’on obtient en accomplissant des sacrifices tels que l’aśvamedha, le rājasūya, le bārhaspatya, le trika, l’atirātra, le vājapeya et l’agniṣṭoma sont facilement acquis en écoutant cette prière. Si quelqu’un récite ou entend cette prière lors de l’Aṣṭamī du mois de Kārtika, il devient apte à séjourner à Vaikuṇṭha pendant des milliers de kalpa. Ensuite, il se rend à Brahmaloka, Śivaloka ou Indraloka, puis retourne finalement à Vaikuṇṭha » (Nārada-pañcarātra 5.6.9–11).

Bien que ces versets ne décrivent pas nécessairement une chute initiale, ils évoquent une chute dans certaines circonstances. Comment cela doit-il être concilié avec l’enseignement de tataḥ askhalanam, selon lequel « l’on ne chute pas à partir de là » ? (Bhāgavata Sandarbha, Anuccheda 63)

Réponse : Après avoir lu de tels versets, on pourrait penser que ces personnes ont chutēe de Vaikuṇṭha. Un tel doute surgit dans l’esprit car nous ne connaissons pas la différence entre « chuter » et « descendre » ou « revenir ». Par exemple, si vous vous trouvez sur le toit d’un immeuble, que vous vous approchez par erreur du bord et que vous glissez, ou que quelqu’un vous pousse et que vous tombez au sol, cela s’appelle une « chute ». Mais si vous prenez un ascenseur ou des escaliers et que vous descendez, ce n’est pas une chute. « Tomber » est un accident, ce n’est ni un acte volontaire, ni un acte accompli dans un but précis. La descente, elle, se fait par choix ou dans un dessein particulier.

Dans toutes les références que vous avez données, il n’est nulle part fait mention du mot « chuter ». Il est ēevident que ces Vaiṣṇavas ont pratiqué quelque sā-kāma-bhakti et ont eu le privilège de résider à Vaikuṇṭha pendant un certain temps, avant de revenir dans le monde matériel. C’est comparable au fait d’aller as svarga à la suite d’un acte méritoire. Ces personnes ne se sont pas engagées dans la bhakti en vue d’atteindre Vaikuṇṭha, ni même dans la perspective d’atteindre le prema. Par conséquent, leur entrée à Vaikuṇṭha n’était pas définitive. Même après leur retour sur terre, elles poursuivent la bhakti, deviennent de purs dévots et, en fin de compte, accèdent à Vaikuṇṭha de manière permanente.

Autrement, si l’on devait assimiler toute descente dans le monde matériel à une « chute », alors la descente de Bhagavān sous Ses diverses formes devrait également être considérée comme telle. Or le mot même « avatāra » signifie « une descente » ou « celui qui descend ». De même, il arrive que certains pārṣadas ou bhaktas nitya-siddhas viennent dans le monde matériel depuis Vaikuṇṭha pour bénir les êtres conditionnés. Par exemple, Śrī Rāmānuja Ācārya est reconnu comme un avatāra de Śeṣa, et Śrī Nimbārka Ācārya comme un avatāra du Cakra. Leur descente devrait alors être qualifiée de « chute ». Mais ce n’est évidemment pas le cas. De la même façon, le retour des personnes mentionnées dans les versets cités plus haut ne saurait être considéré comme une « chute ».

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