Auparavant, existait-il une distinction vestimentaire entre les Gaudiya Vaiṣṇavas et la population ordinaire en Inde, ainsi qu’entre les différents varnas ? Que portaient généralement les gens ? Il ne semble y avoir aucune mention dans les shastras de la tenue vestimentaire d’un grihastha, mais uniquement de celle des sannyāsīs.
Question. Auparavant, existait-il une distinction vestimentaire entre les Gaudiya Vaiṣṇavas et la population ordinaire en Inde, ainsi qu’entre les différents varnas ? Que portaient généralement les gens ? Il ne semble y avoir aucune mention dans les shastras de la tenue vestimentaire d’un grihastha, mais uniquement de celle des sannyāsīs.
Réponse. Il n’existe pas de tenue spécifiquement Vaiṣṇava. Les Vaiṣṇavas portaient des vêtements traditionnels indiens agrémentés de marques distinctives : un tilaka spécifique et un kanthimāla en bois de tulasi. Les hommes arboraient également une shikha, bien que celle-ci ne fût pas propre aux seuls Vaishnavas, mais commune à tous les membres masculins de la société hindoue. En revanche, ils se rasaient entièrement la tête lorsqu’ils adoptaient le sannyasa selon la tradition advaitavāda.
Avant l’influence occidentale et l’introduction des vêtements européens, le code vestimentaire en Inde se limitait essentiellement au dhoti pour les hommes et au sari, ainsi qu’à divers types de jupes pour les femmes. La plupart du temps, les hommes ne portaient pas de vêtement supérieur, si ce n’est un chadar, également appelé uttariya ou anga-vastra. Les classes aisées et la royauté revêtaient divers types de tuniques, notamment l’angarakha (ou angarakshaka en sanskrit, signifiant littéralement « protecteur des membres »), qui ressemblait au bagal-bandi porté dans la région de Vṛndāvana. L’introduction de la kurta est attribuée à l’influence musulmane.
Les hommes portaient également différents styles de turbans. La coupe et le drapé du dhoti, du sari, des jupes et des turbans variaient selon les régions et les varṇas. La plupart de ces vêtements, non cousus, s’adaptaient à diverses morphologies, étaient faciles à laver et particulièrement adaptés aux climats chauds. D’ailleurs, le terme dhoti désigne précisément un tissu que l’on lave après l’avoir porté une seule fois.
Ainsi, il n’existe presque aucune mention spécifique dans le Smriti shastra, notamment dans la Manu Smriti, concernant un code vestimentaire propre aux grihasthas. Toutefois, un point est mentionné : il est interdit d’avoir deux kacchas (le kaccha étant la partie du dhoti ou du sari repliée dans le dos). Cela implique que les grihasthas portaient des dhotis avec un style kaccha, et non un lungi, comme c’est le cas des sannyasis et des babajis. De plus, il est interdit d’adorer une déité sans kaccha. C’est pourquoi vous constaterez que les sannyasis ne participent pas aux rituels de culte dans les temples du sud de l’Inde, où les pujaris sont exclusivement des grihasthas.
Toutes les prescriptions vestimentaires concernent uniquement les non-grihasthas, c’est-à-dire les brahmacharis, les vanaprasthas et les sannyasis.
Question. Parfois, la question suivante est posée : « Pourquoi devons-nous suivre la culture indienne ? Dieu ne dépend d’aucune culture, alors pourquoi devons-nous porter un tilaka, un dhoti et nous raser la tête ? »
Réponse. Si vous souhaitez vénérer le Paramātmā, c’est une remarque pertinente : il n’est attaché à aucune culture particulière. En revanche, si vous souhaitez suivre une forme spécifique de Dieu, telle que Kṛṣṇa, Rāma ou Nṛsiṁhadeva, vous devez respecter ce qu’ils apprécient. Vouloir être proche d’eux implique de suivre leurs souhaits.
Si vous souhaitez être un dévot du Dieu universel, vous pouvez adopter une approche universelle. Mais si vous aspirez à être un dévot d’une forme spécifique de Dieu, il vous faut alors en suivre les principes. « Dieu » en tant que Paramātmā n’appartient peut-être à aucune culture, mais Bhagavān en possède une. Il est essentiel de comprendre la distinction entre Paramātmā et Bhagavān (un concept qui n’a pas de traduction exacte en français). Il ne faut pas confondre ces deux réalités ni appliquer aux principes de Bhagavān ceux du Paramātmā.
Le Paramātmā est une manifestation universelle et neutre de la Réalité Absolue, tandis que Bhagavān est une manifestation spécifique dotée de préférences. Ainsi, Bhagavān s’inscrit dans une culture particulière, liée à sa vie et à ses activités.
Dans ses prières à Kṛṣṇa, Brahmā a déclaré que Kṛṣṇa avait été satisfait de Pūtanā, car elle était vêtue comme une gopi, bien qu’elle n’ait pas le bhāva d’une gopī (SB 10.14.35). Il ne faut pas en déduire que le simple port d’une tenue spécifique constitue en soi une sādhana permettant d’atteindre Bhagavān, mais cela démontre néanmoins que Bhagavān a des préférences.
Pūtanā s’habillait d’une manière qui plaisait à Bhagavān. Pourtant, son intention n’était pas de lui plaire. Sa miséricorde envers elle est donc remarquable et constitue un exemple exceptionnel. La démarche habituelle consiste à chercher délibérément à plaire à Bhagavān : c’est ce que l’on appelle la bhakti-sādhana. Lorsque la bhakti est présente, on agit naturellement en conformité avec ce qui plaît à Bhagavān. (ānukūlyena kṛṣṇānu-śīlanaṁ, BRS 1.1.11).
Nous pouvons considérer la culture de Bhagavān comme une « culture indienne ». Ceux qui ne sont pas indiens ont souvent cette perception. Pourtant, en réalité, Kṛṣṇa est apparu sur une région du monde qui, à son époque, ne portait pas le nom d’« Inde ». Aujourd’hui, nous avons divisé la terre en une multitude de pays. L’Inde elle-même a subi plusieurs divisions dans son histoire récente. Il y a environ 65 ans, le Pakistan faisait encore partie de l’Inde, et il y a environ 45 ans, le Bangladesh faisait partie du Pakistan. Aujourd’hui, cependant, les habitants du Pakistan et du Bangladesh ne considèrent plus Kṛṣṇa comme étant né sur leur territoire et perçoivent la culture indienne comme étrangère. Pourtant, leurs ancêtres ne voyaient pas les choses ainsi.
De même, il fut un temps où la terre entière ne formait qu’un seul bloc, comme le suggère la forme des continents. Selon les Purāṇas, la planète entière était connue sous le nom de Bhārata Varṣa, un terme qui demeure le nom officiel de l’Inde. À cette époque, toute personne vivant sur terre appartenait à un monde unifié. Il n’existait qu’une seule culture. Plus tard, des divisions sont apparues et nous en sommes venus à considérer la culture d’un autre pays comme « étrangère ». Ainsi, nous pensons aujourd’hui que la culture dans laquelle Kṛṣṇa est né est la « culture indienne ». Pourtant, en réalité, il existait alors une culture globale, et l’« Inde » en tant qu’entité politique n’existait pas encore.
À cette époque, aucune des grandes religions actuelles n’existait encore : ni le christianisme, ni l’islam, ni le bouddhisme. Par ailleurs, même dans ces traditions religieuses apparues plus tard, les vêtements traditionnels présentent de nombreuses similitudes avec la tenue vestimentaire indienne. De manière générale, toutes les civilisations anciennes adoptaient des vêtements simples et comparables : des étoffes drapées autour du corps, comme en Grèce, en Égypte ou en Israël.
De plus, les Vaiṣṇavas considèrent que le Kṛṣṇa-līlā se manifeste éternellement dans une infinité d’univers. Cela implique que la tenue portée par Kṛṣṇa et la culture dans laquelle il évolue ne relèvent pas d’une tradition « indienne », mais lui sont propres. Ce n’est pas parce qu’il est apparu près de Delhi dans notre univers qu’il y portait un dhoti, tandis que dans un autre univers, il revêtirait un jean ou un autre vêtement. À l’image du Soleil, dont l’apparence demeure identique quel que soit le pays d’où on l’observe, Kṛṣṇa apparaît dans différents univers et à différentes époques, tout en portant toujours la même tenue. Il ne s’agit donc pas d’un vêtement indien, mais de son propre vêtement éternel. Ce n’est pas une culture indienne, mais bien sa culture divine.
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Question. Le Śrīmad-Bhāgavata (11.14.3) déclare :
« Ceux qui abandonnent l’effort pour atteindre la perfection sur le chemin du jñāna (réalisation du brahman) et s’inclinent simplement devant Toi avec leur corps, leur esprit et leur parole en écoutant la description de vos divertissements dans les écritures, tout en demeurant dans leur position sociale (sthāne sthitāḥ), vous conquièrent, ô Kṛṣṇa, vous qui êtes pourtant invincible dans les trois mondes. »
Que pensez-vous du principe sthāne-sthitāḥ ? Et que recommanderiez-vous aux Vaiṣṇavas en matière vestimentaire ?
Réponse. Je souscris pleinement au principe de sthāne-sthitāḥ. Même un maître aussi rebelle et non conventionnel qu’Osho imposait un code vestimentaire à ses sannyāsīs. Ainsi, les sannyāsīs doivent toujours respecter un code vestimentaire conforme à leur engagement spirituel. Quant aux gṛhasthas, ils ont la liberté de s’habiller en fonction des exigences de la société dans laquelle ils évoluent. Toutefois, je recommande le port de la tenue traditionnelle indienne pour accomplir la pūjā dans un temple. De même, si les circonstances le permettent, il est préférable d’adopter des vêtements traditionnels pour l’adoration de sa déité personnelle à domicile, car cela revêt une valeur spirituelle. En dehors de ces contextes, il est possible de porter la tenue usuelle acceptée dans la société locale.
Question. Dans le Śrīmad-Bhāgavata (10e chant), il est mentionné que Kṛṣṇa a libéré Pūtanā parce qu’elle s’était présentée vêtue comme une gopī. Cela signifie-t-il que seules les dévotes de Kṛṣṇa s’habillaient ainsi ? N’y avait-il aucune autre femme, à l’époque de Kṛṣṇa, qui ne lui était pas dévouée mais qui portait ce type de vêtement ?
Réponse. Non. La tenue de Pūtanā rappelait à Kṛṣṇa celle des gopīs, mais cela ne signifie pas que seules les dévotes s’habillaient ainsi. Toute femme portant ce type de vêtement aurait pu évoquer les gopīs à son esprit. Il est donc important de reconnaître que l’habit a un rôle symbolique et spirituel.
Cela ne signifie pas pour autant que les dévots occidentaux doivent nécessairement porter le dhoti en toutes circonstances. Toutefois, ils devraient en comprendre la valeur et le revêtir autant que possible lorsqu’ils en ont l’occasion. Il n’y a pas lieu de manifester une opposition à cette tradition, comme cela semble parfois être le cas.
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Question. Le Hari Bhakti Vilāsa est-il un ouvrage destiné aux Gaudiya Vaiṣṇavas ou s’adresse-t-il plutôt à un public plus large ? Je pose cette question car il contient de nombreuses règles dharmiques liées au varṇaśrama, alors que la véritable bhakti est censée transcender ces règles. En substance, le Hari Bhakti Vilāsa semble relever de l’aropa-siddha-bhakti.
Réponse. Le Hari Bhakti Vilāsa expose des principes destinés aux Vaiṣṇavas en général. Il s’agit d’une smriti Vaiṣṇava qui ne se limite pas au Gaudiya vaishnavisme. Ce n’est pas un texte relevant de l’aropa-siddha-bhakti. Il énonce des principes pour ceux qui aspirent à pratiquer la bhakti pure. Cependant, il présuppose une formation au varṇaśrama, ce qui peut donner l’impression qu’il relève de cette tradition ou de l’aropa-siddha-bhakti.
Il est important de noter que toutes ses prescriptions ne s’appliquent pas aux Gaudiya Vaiṣṇavas. Il s’agit d’un manuel, et comme tout manuel, il convient d’apprendre auprès de son maître ou de son école quelles règles sont applicables, dans quelle mesure et lesquelles ne le sont pas. C’est un ouvrage de principes pratiques qui peuvent nécessiter des ajustements en fonction de la situation de celui qui les met en pratique.
Whenever we see things or hear things then we filter it through our conditioning, so we don’t perceive things correctly. Shraddha signifies faith with reverence. Shraddha in guru means that guru knows more than me about spirituality. Shraddha manages the ego, otherwise the ego cannot bend.
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