La psychologie védique. Partie 4 : le délire somatique et le délire de jalousie

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Le délire somatique « s’applique lorsque le thème central des idées délirantes concerne des fonctions ou des sensations corporelles ». C’est le moins courant dans la communauté des dévots.

Le délire somatique

Le délire somatique « s’applique lorsque le thème central des idées délirantes concerne des fonctions ou des sensations corporelles » (L’Association américaine de psychiatrie, DSM-V). C’est le moins courant dans la communauté des dévots. Personnellement, je n’en ai observé aucun exemple car dans les sociétés spirituelles védiques, l’on nous dit constamment que nous ne sommes pas le corps. Ainsi ne prêtons-nous pas beaucoup d’attention à son apparence. Pourtant, cela n’exclut pas que certains dévots puissent souffrir de ce type de délire : ils peuvent penser qu’ils ont une maladie spécifique, par exemple avoir des vers dans l’estomac, et être obsédés par cette pensée.

Le délire de jalousie

Le délire de jalousie est assez courant chez les dévots et il « s’applique lorsqu’une personne croit que son conjoint ou son amant est infidèle et s’accroche à son délire avec un zèle juste et inébranlable » (L’Association américaine de psychiatrie, DSM-V).

J’ai un bon ami Indien dans la banlieue de Boston qui est un guru et il y est à la tête d’un ashrama et d’un temple. Il a beaucoup de disciples, hommes et femmes. Il m’a confié son problème auquel il était confronté avec la responsable de l’ashrama des femmes, une jeune femme de Floride, qui était amoureuse de lui. Elle le traite plus comme son amant que comme son guru. Elle est très jalouse de toute femme disciple qui se rapproche du guru, surtout si elle veut lui offrir un service personnel, comme faire sa lessive par exemple. Elle s’assure que personne ne s’approche du guru et elle essaie de contrôler sa vie. Elle a toujours des doutes sur le fait que le guru aime quelqu’un d’autre et elle l’espionne toujours pour s’assurer qu’il n’est avec personne d’autre. Elle a même essayé de consulter son ordinateur et son téléphone portable pour voir s’il envoyait des messages ou passait des appels téléphoniques à une autre femme. Elle se plaint toujours que le guru ne s’occupe pas d’elle et se sent abandonnée et ce, malgré le temps qu’il lui consacre et les efforts qu’il fait pour la conseiller. Elle se plaint que le guru prête attention à tout le monde, en particulier à ses disciples femmes, et non à elle. Elle essaie de le faire culpabiliser en disant qu’elle lui a donné toute sa vie, qu’elle est tellement dévouée et qu’elle fait tellement pour lui, et qu’il doit lui donner l’amour et l’attention qu’elle mérite.

Mon ami a également parlé du stress qu’elle avait causé dans sa vie. Elle se querelle avec toutes les femmes disciples qui essaient d’offrir un service à leur guru et elle s’efforce de les écarter toutes. Elle se plaint au guru d’un tel disciple, ou essaie de retirer le seva de l’autre disciple et le fait elle-même, ou essaie de présenter au guru une personne sous un mauvais jour. Je me sens très mal pour mon ami car cette femme lui a causé beaucoup d’anxiété et de stress au fil des ans. J’ai exhorté mon ami à essayer de lui parler honnêtement de son problème. Il a répondu qu’il avait eu plusieurs conversations de ce type avec elle dans le passé. Il lui a parlé de sa jalousie et lui a dit qu’elle avait besoin de se faire aider, mais elle a refusé de suivre ses suggestions. Chaque fois qu’il essayait de lui faire remarquer qu’elle était jalouse des autres disciples, elle refusait de l’accepter et, en revanche, blâmait le guru de sa critique injustifiée et essayait de le convaincre qu’il avait tort dans.

Mon ami craint que le fait de trop insister sur ses problèmes de jalousie ne rende son esprit encore plus instable. À son avis, le vrai problème est le fait que d’autres disciples sont jaloux d’elle à cause de la position importante qu’elle a dans l’ashrama. Elle a essayé de prouver comment une disciple en particulier se comportait d’une manière superficiellement amicale tout en nourrissant des pensées jalouses à son égard. Étant l’une des disciples les plus aînés, elle est engagée dans un service important, ce qui lui confère un certain pouvoir. Dans cette position, elle sape, méprise et essaie activement de retirer le service des autres disciples. Sa véritable intention n’est pas d’offrir un service, mais de contrôler et de s’assurer que personne ne la remplace car si quelqu’un le faisait, il pourrait attirer l’attention de son amant putatif.

J’ai essayé de donner des conseils à mon ami, mais à vrai dire, rien n’a fonctionné. Mon premier conseil a été d’éduquer la dame disciple sur la philosophie. Mon espoir était qu’elle se rendrait compte de son erreur par l’éducation. Un tel comportement est un gros obstacle à l’avancement d’un disciple. Peu importe à quel point le disciple est dévoué au service, la jalousie est un gros obstacle, surtout sur le chemin de la bhakti. Le pratiquant peut même devenir offensant envers les autres dévots. Bien que mon ami ait essayé de résoudre le problème de nombreuses fois, cela n’a eu aucun effet visible. Il lui a fallu des années de prédication pour faire comprendre à sa disciple le problème auquel elle était confrontée, mais même après en avoir pris connaissance, elle continue de penser qu’il s’agit d’un problème mineur et qu’il n’est pas nécessaire de faire quoi que ce soit à ce sujet. Elle essaie d’éduquer le guru sur la nature des femmes, en disant qu’elles sont différentes, que ce sont les autres femmes qui sont jalouses et qu’il n’y a rien de vraiment anormal chez elle.

Lorsque l’esprit est dans un profond délire, la simple prédication de la philosophie ne fonctionne pas, comme nous l’avons montré dans les exemples précédents. La caractéristique principale d’un esprit délirant est qu’une personne ne peut comprendre aucun conseil donné pour contrer son délire. J’ai conseillé à mon ami de lui faire comprendre qu’elle avait besoin d’une aide psychiatrique car sa disciple lui faisait du mal ainsi qu’à beaucoup de ses autres disciples. Cela n’a pas non plus fonctionné car elle ne pensait pas qu’il fût nécessaire de recourir à une aide psychiatrique et elle a nié les problèmes qu’elle causait à qui que ce fût. Elle se considère plutôt comme une médiatrice au service des autres. En tant que disciple aînée, elle a plus d’expérience que les autres et elle les aide parfois, mais elle ne voit pas comment elle les blesse. Elle estime également qu’un dévot n’a besoin d’aucune aide psychiatrique car la dévotion est une panacée pour tous les problèmes.

Commentaire de Joshika. Le trouble délirant de jalousie est un trouble pathologique qui est parfois appelé « jalousie morbide » car le sujet peut devenir violent envers sa bien-aimée ou son rival imaginaire (L’Association américaine de psychiatrie, DSM V). La jalousie morbide se produit lorsqu’une personne est préoccupée par la pensée infondée selon laquelle son conjoint ou son amant lui serait infidèle. Une telle personne présente également un comportement socialement inacceptable ou anormal lié à ses pensées. Certains symptômes de la jalousie délirante comprennent :

  • Accuser le partenaire de regarder ou de prêter attention à d’autres personnes.
  • Fouiller dans les affaires du partenaire à la recherche de preuves d’une « affaire».
  • Remettre en question le comportement du partenaire : toujours demander où est le partenaire et avec qui il est.
  • Isoler le partenaire de sa famille, de ses disciples et de ses amis.
  • Affirmer que le partenaire a une liaison lorsque le partenaire se retire (parce qu’il essaie d’échapper à la violence psychologique).
  • Violence verbale, émotionnelle et/ou physique envers le partenaire ou l’individu considéré comme le rival, ou les deux.
  • Blâmer le partenaire de son comportement jaloux.
  • Menacer de faire du mal aux autres ou à soi-même lorsque le sujet sent que leur partenaire ne lui donne pas l’amour ou l’attention qu’il mérite.

Une personne souffrant du délire de jalousie se trouve au niveau matériel de l’existence, étant obsédée par l’idée de posséder le corps et l’esprit de son amant. Par conséquent, le sujet dans le cas ci-dessus exige beaucoup d’attention et de temps du guru. De telles personnes sont freinées à ce niveau et ne sont pas capables de progresser spirituellement. Dans le cas du délire de jalousie, c’est très difficile d’y faire face car ce délire est lié au manque d’une identité forte.

La meilleure approche envers quelqu’un souffrant du délire de jalousie est d’être gentil avec la personne car elle est enlisée dans son état psychologique et en souffre beaucoup. Il n’est pas conseillé de dire à de telles personnes directement qu’elles souffrent du délire de jalousie car elles se mettront sur la défensive, en colère et seront peut-être même violentes. Elles ne pourront pas du tout voir ce que vous dites. De ce fait, cela ne fera que les rendre hostiles et si elles sont dans une position de pouvoir, comme l’était la femme dans notre histoire, alors elles peuvent faire de votre vie un enfer. Ainsi, si vous connaissez quelqu’un souffrant du délire de jalousie, essayez de voir ce que vous pouvez apprendre sur vous-même et sur la manière dont vous pouvez les faire changer afin que votre esprit devienne paisible. Il vaut mieux voir ce qu’elles déclenchent en vous. Par exemple, dans l’histoire ci-dessus, les femmes disciples dont l’accès à leur guru a été obstrué pourraient faire de l’introspection. Elles pourraient se poser des questions comme : « Est-ce vraiment la quantité ou la qualité du temps que je passe avec mon guru qui fait la différence ? Comment puis-je utiliser ce temps en dehors de la compagnie avec mon guru afin de développer un lien interne avec lui ? Comment puis-je être compatissante envers le disciple souffrant du délire de  jalousie, maintenant que je comprends son état mental et son incapacité à progresser spirituellement ? »

Conclusions

Du point de vue spirituel, chaque être conditionné est sous l’influence de maya. Par conséquent, tout le monde a une forme d’illusion sur la réalité. Comme Krishna le dit dans la Bhagavad Gita : « Les êtres vivants, cependant, sont abusés en raison du fait que leur discernement est recouvert par l’ignorance » (Gita, 5.15). Ce n’est que lorsque la personne prend complètement refuge en Krishna qu’elle peut se libérer de l’illusion. « Cette puissance divine extérieure qui est la Mienne, constituée des trois gunas, est en effet très difficile à surmonter. Pourtant, ceux qui se réfugient en Moi seul, traversent cette maya » (BG 7.14).

Nous voyons que tout le monde dans le monde matériel a un concept ou une croyance sur la vie, la réalité, etc. Une telle croyance est fondée sur l’éducation de la personne. Si une telle éducation n’est pas enracinée dans la connaissance des écritures, elle est enracinée dans l’ignorance et peut de ce fait être classée comme délirante. Par conséquent, tout le monde a une idée fausse sur la vie, à moins que nous ne nous abandonnions à Krishna. Cependant, les personnes qui ne sont pas abusées au-delà d’une certaine limite peuvent continuer à fonctionner dans la société. Leur délire ne serait pas considéré comme une sorte de maladie mentale. Or, si le délire dépasse une certaine limite, alors la personne peut ne pas être capable de fonctionner dans la société dite normale, soit complètement, soit dans un domaine particulier. Du point de vue spirituel, nous pouvons concevoir une forme de compteur de délire, allant de 0 à 10. Nous pouvons penser à une personne spirituellement réalisée comme étant au niveau de délire 0 et à une personne complètement dysfonctionnelle comme étant au niveau 10. Le reste de l’humanité peut avoir un niveau de délire allant de 1 à 9. Si le délire de quelqu’un se situe entre 1 et 5, cela ne peut pas être considéré comme une maladie. Mais s’il est au-delà de 5, il peut être classé comme une maladie mentale. Les exemples donnés dans cette série d’articles entrent dans la deuxième catégorie (5-10) car une personne normale aura du mal à faire face à de telles personnes.

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  • Satyanarayana Dasa

    Satyanarayana Dasa
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    The reality has to be experienced. The process first is to hear and then to study. You need a teacher and sastra. After hearing, there is reflection. This is where logic comes in. You use your logic to understand. You have to use logic to understand what is being described here. Reflection means you raise doubts, questions. It does not mean that you refute what is being said, but you try to understand.

    — Babaji Satyanarayana Dasa
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