Sur le chemin de la bhakti il n’y a pas de place pour la jalousie

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Identifiés au complexe corps-esprit, nous avons tous acquis certaines attitudes malhonnêtes. Une telle identification met naturellement la préservation du corps et d’autres paradigmes mentaux semblables au premier plan.

Identifiés au complexe corps-esprit, nous avons tous acquis certaines attitudes malhonnêtes. Une telle identification met naturellement au premier plan la préservation du corps et d’autres paradigmes mentaux semblables. De ce fait, surgit inévitablement l’égocentrisme. Essayer de faire plaisir au tandem corps-esprit, qui est inerte et qui vit grâce à la conscience infusée par l’atma, engendre inévitablement des tendances à la tromperie. Tout comme la faim ne peut pas être satisfaite sans nourriture, les besoins du tandem corps-esprit ont besoin d’un soutien externe pour satisfaire leur faim, à la fois physique et mentale, étant la conséquence de la fausse identification. Faire de l’introspection au plus profond de notre cœur nous révélerait la sombre vérité de l’égoïsme même dans la meilleure des relations déguisées en amour. En effet, le mot « amour » est utilisé aujourd’hui comme une porte vers la satisfaction de nos désirs égoïstes.

La jalousie surviendra inévitablement dans une société où les individus agissent les uns avec les autres. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la jalousie est davantage présente dans les cercles spirituels. Étant donné que les ressources matérielles sont limitées et que seuls les meilleurs en tirent le meilleur parti, des sentiments d’insécurité et, par conséquent, de jalousie surviennent tant que l’identification au corps persiste. Un esprit conditionné par la jalousie ne peut même pas saisir la signification du mot « prema », encore moins l’expérimenter. Le prema est fondé sur la compassion, qui est en opposition directe avec la jalousie, et la compassion ne trouve sa matrice que dans un cœur tendre, ce qui est une qualité du féminin. La bhakti de Vraja signifie absence d’égoïsme et elle est entièrement libre de ses restes les plus subtils.

Le dharma qui efface complètement toute trace d’égoïsme est l’objet de discussion du Srimad Bhagavata. Même le désir de l’étudier saisit le puissant Ishvara dans le cœur d’une telle personne, inaugurant ainsi la festival de l’amour. Le Srimad Bhagavata est pur et exempt de tromperie (kaitava) en ce qu’il accorde l’objet le plus élevé recherché de tous, lequel est l’amour illimité. Mais pour atteindre ce niveau, il faut suivre méticuleusement le chemin de la bhakti. Pour cela, la seule condition est d’être exempt de toute offense, ce qui est l’objectif de toute sadhana. En réalité, c’est un objectif simple mais il reste difficile à atteindre car peu de personnes croient véritablement en la parole du Srimad Bhagavata.

Contrairement à la colère, qui est comparable à un feu ardent, la jalousie brûle les envieux avec ses braises lentes, et ses dommages peuvent être profondément préjudiciables s’ils ne font pas l’objet d’une introspection correcte. Lorsque des actions telles que mettre une tenue de dévot, apprendre des versets par cœur, être accepté dans les cercles spirituels sont accomplies sans l’intention d’avoir un cœur pur et exempt d’offense, elles ne contribuent qu’à faire un bon spectacle, tandis que le cœur continue de brûler dans les braises de la jalousie. Changer les habitudes alimentaires ou sexuelles aura peu d’effet sur le progrès spirituel si la configuration interne, les samskaras, n’est pas remise en cause et n’est pas réformée. C’est pourquoi le Srimad Bhagavata commence par inciter à changer le cœur, ce qui est la véritable révolution, et non par recommander de changer les habitudes alimentaires ou sexuelles, puisque ces dernières les résultats secondaires et naturels d’un cœur purifié.

Le chemin de la bhakti nécessite une dissociation d’avec tous les schémas de pensée et comportements égoïstes. Shri Chaitanya Mahaprabhu a conseillé à Ses fidèles de s’imprégner de l’humeur de tolérance (sahishnu). Une telle tolérance ne se limite pas aux inconforts physiques externes, mais elle s’étend également à la résistance et à la modification des samskaras internes égoïstes, principalement la jalousie dans le contexte actuel de la discussion. 

Se sentir jaloux est une indication de notre conditionnement mental défectueux, attirant notre attention sur la correction de telles configurations mentales malsaines. Dans les cercles spirituels, il est courant de voir la jalousie se répandre de manière active parmi les pratiquants. Parfois la jalousie est passive et subtile, et d’autres fois elle est grossière et se manifeste dans l’exécution de plans visant à nuire à la personne envers laquelle l’on éprouve de la jalousie. Les bons chanteurs à qui on administre des drogues détruisant leurs voix et les disciples qui empoisonnent les gurus sont quelques exemples de la manière dont la jalousie se dresse soudainement et porte ses crocs venimeux.

Ceux qui débutent dans la vie spirituelle sont considérés comme des néophytes par ceux qui ont passé beaucoup de temps dans l’institution. Plusieurs d’entre eux ont été vus empêcher les nouveaux pratiquants d’offrir le service au guru ou à Krishna, ce qui a entraîné une grave offense. L’âge n’a rien à voir avec l’avancement ou la qualification d’une personne pour servir et ceux qui font de la discrimination envers les plus jeunes sont victimes de leur jalousie, qui est un état d’esprit malsain et hostile à la bhakti.

L’élan qui conduit la personne à vouloir être reconnue est à la racine de la jalousie et un tel élan contraste avec la définition même de la bhakti, qui consiste à faire plaisir à Krishna, sans l’autoglorification. 

Il y a deux réponses possibles lorsque nous découvrons que quelqu’un d’autre est meilleur que nous dans notre domaine d’intérêt. La première est d’abattre l’autre personne. C’est la voie adoptée par les envieux. La seconde consiste à essayer de s’améliorer et d’apprendre de celui qui est meilleur que nous. C’est la voie des Vaishnavas.

Les gopis sont glorifiées et elles sont chères à Krishna car elles sont exemptes de la moindre trace de la jalousie, se réjouissant du service qu’elles offrent à Krishna et n’étant pas jalouses des autres gopis qui sont plus proches de Lui. En effet, elles sont magnanimes, car la magnanimité signifie se sentir heureux de la magnanimité des autres. Le prema se manifeste dans le cœur qui est exempt de jalousie.

Les yogis et les jnanis préfèrent la solitude car leurs pratiques nécessitent moins d’interactions avec les autres. Cependant, une personne peut être renoncée et, pourtant, très jalouse. En revanche, le chemin de la bhakti est un chemin qui demande de la coopération et pour que la coopération se produise, un cœur sans jalousie est indispensable. Le mouvement de Shri Caitanya Mahaprabhu est celui du sankirtana, ce qui signifie se réunir et servir Bhagavan. Il ne peut y avoir de rapprochement tant que la maladie de la jalousie afflige le citta. Tant que le citta n’est pas exempt de jalousie (matsarya), la shraddha dans la bhakti ne peut pas se manifester, et sans la shraddha, l’anartha-nirvritti ne se produit pas. Grâce à la coopération, de grandes réalisations peuvent être effectuées en peu de temps. Or, là où il y a des tensions et des combats, il y a peu de progrès.

Le guru est la cible la plus courante de la jalousie des disciples puisque le guru attaque comme personne d’autre l’identification erronée, c’est-à-dire l’ahankara, du disciple. Être un guru est une tâche difficile et non un parterre de fleurs comme beaucoup le perçoivent à tort. Accorder la diksha à quelqu’un signifie créer un problème de plus pour le guru.

Se libérer de l’orgueil n’est pas un projet réalisé du jour au lendemain et cela nécessite un énorme travail sur soi, mais c’est une condition préalable à la manifestation de la bhakti. Par conséquent, la bhakti est rare, car peu sont prêts à se débarrasser de l’orgueil. C’est une tâche à la fois exigeante et douloureuse, comparable à une chirurgie interne du citta sans anesthésie.

Le concept cardinal autour duquel le varnashrama a été conçu était de faciliter cette chirurgie interne. Dès l’enfance, des samskaras (impressions) apprenant à un enfant à être respectueux envers les aînés et coopérer avec les autres lui ont été imprégnés. Ces samskaras étaient en accord avec la bhakti et ceux qui recevaient de tels samskaras pouvaient facilement adopter la bhakti et comprendre sa profondeur.

L’esprit matériel ne peut même pas concevoir quelque chose comme l’amour désintéressé, tel que manifesté par les gopis. Même Rukmani n’a pas réussi à l’atteindre. Shri Caitanya Mahaprabhu a offert au monde cet amour transcendant, qui n’est pas de ce monde, et qui est la richesse de Goloka : golokera prema dhana, comme le chante Shri Narottama Dasa Thakura.

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