Dans cet anuccheda, Shrila Jiva Gosvami prouve que personne ne tombe dans le monde matériel depuis le Vaikuntha. En d’autres termes, le Vaikuntha est acyuta-padam, un endroit d’où personne ne tombe.
Commentaire de Satyanarayana Dasa
Dans cet anuccheda, Shrila Jiva Gosvami prouve que personne ne déchoit dans le monde matériel depuis le Vaikuntha. En d’autres termes, le Vaikuntha est acyuta-padam, un endroit d’où personne ne déchoit. L’anuccheda 49 établit qu’il est impossible d’atteindre le Vaikuntha par le karma car il se trouve au-delà du temps, lequel détruit tout ce qui est obtenu par l’intermédiaire du karma. Le temps, cependant, n’exerce aucune influence sur la sphère transcendante. Ainsi, le Seigneur Kapiladeva instruit Sa mère : « no ‘nimiṣo leḍhi hetiḥ ». La roue du temps ne dévore ni les dévots résidant au Vaikuntha, ni leurs opulences.
Toutefois, le temps existe au Vaikuntha, non pas comme une influence matérielle de mutation et de destruction, mais comme une puissance transcendante se trouvant pleinement sous le contrôle du Seigneur et offrant des moments uniques pour le déroulement de Ses divertissements. Dans l’anuccheda 7, nous avons vu Brahma dire à partir de son expérience personnelle que « le temps n’a aucun contrôle sur le Vaikuntha » (« na ca kala-vikramah », SB 2.9.10). Cela signifie que tout ce qui se trouve au Vaikuntha est éternel. L’anuccheda 35 a expliqué cela en parlant de la naissance et d’autres actions de Shri Krishna.
Le Seigneur et Ses actions sont éternels, ce qui signifie que les dévots et leurs actions le sont également car ils sont liés au Seigneur. Si nous acceptons qu’un dévot déchoit du Vaikuntha, nous devons supposer qu’il déchoit éternellement, ce qui signifie que la chute ne prend jamais fin. Et dans un cas pareil, cela veut dire qu’il n’atteint jamais le monde matériel. Si un jiva peut déchoir, alors le Vaikuntha doit être considéré comme n’importe quel autre endroit matériel.
Pour réfuter cette idée fausse, Shrila Jiva Gosvami commence par dire catégoriquement : « tato ‘skhalanam » – « Il n’y a pas de chute du Vaikuntha ». Comme Jiva Prabhu discute de la nature inhérente du Vaikuntha, il est entendu qu’il ne se réfère pas seulement aux dévots qui y vont depuis le monde matériel. Aucune preuve shastrique n’indique qu’il existe une distinction entre les dévots qui atteignent le Vaikutnha depuis le monde matériel et ceux qui y sont depuis toujours. Le Vaikuntha manifeste sa nature inhérente uniformément à tous les dévots qui y résident. Ce n’est pas que ce soit un lieu d’angoisse pour certains et un lieu de sérénité pour d’autres. Par conséquent, le Seigneur Kapila emploie le terme « shanta-rupa », qui signifie que sa nature est celle d’une sérénité inaltérable, sans trace d’aucune influence qui pourrait perturber la continuité d’une telle sérénité.
Le verbe « nankshyanti », « rencontrera la destruction », est utilisé en relation avec la particule de négation « na karhicin », ce qui signifie : « cela n’arrivera jamais ». Cela revêt une signification considérable. Les habitants du Vaikuntha, tous sans exception, ne perdent jamais leur opulence. Par conséquent, Shrila Jiva Gosvami écrit sans équivoque : « tad-vāsino lokāḥ kadācid api na naṅkṣyanti, bhogya-hīnā na bhavanti » – « Les habitants du Vaikuntha ne sont jamais détruits », ce qui signifie qu’ils ne sont jamais privés de leur opulence. Cela veut naturellement dire qu’aucun habitant du Vaikuntha ne déchoit dans le monde matériel.
Le Seigneur Kapila en donne deux raisons dans le second verset sus-cité. D’abord, le temps n’exerce aucune influence sur le Vaikuntha. En outre, et cette raison est la plus importante : tous les habitants du Vaikuntha ont une relation d’amour éternelle avec le Seigneur (shayi-bhava). Cette relation n’est pas matérielle et elle n’est jamais perdue ou voilée. Qui plus est, Shrila Jiva Goswami dit que le Seigneur éprouve tellement d’amour pour Ses dévots (vatsalya-vishesha) qu’Il leur donne toutes les opulences même s’ils ne les désirent pas. Par conséquent, il est impossible que quelque chose puisse porter atteinte à la volonté du Seigneur en privant les dévots de leurs opulences.
Pour dissiper le doute que les opulences spirituelles puissent amener les dévots à oublier le Seigneur, comme c’est le cas avec les opulences matérielles, Shrila Jiva Gosvami dit : « teṣām anartha-rūpatvam khaṇḍitam ». Ces opulences ne leur sont en aucun cas préjudiciables. La section 18 expliquait que la maya agit en occultant d’abord la conscience de l’être vivant (jiva maya), puis en l’attirant par la projection de l’apparence du monde (guna-maya). Il n’est pas possible que cela se produise au Vaikuntha car lea maya n’y existe pas : « na yatra māyā » (SB 2.9.10). Les dévots ne sont pas entravés par l’ignorance dans le Vaikuntha et leurs opulences sont une manifestation de la miséricorde du Seigneur : māyayācitā (SB 3.25.37). Ici, le mot « maya » signifie la miséricorde du Seigneur, comme indiqué dans le dictionnaire le Vishva-prakasha : « māyā dambhe kṛpāyāṁ ca » – « la maya peut signifier “ tromperie ” ou “ miséricorde ” ».
Ainsi, le verset sus-cité déclare : « na naṅkṣyanti », ce qui signifie que les opulences transcendantes ne peuvent jamais être détruites. Le Seigneur est éternel. En tant que tel, les relations établies avec Lui sont également éternelles. Il est clairement confirmé ici que les relations avec Lui ne peuvent pas être détruites et, de ce fait, il s’ensuit que les opulences issues de ces relations ne peuvent jamais être détruites non plus.
Pour clarifier davantage le sujet pour ceux qui ont encore des doutes, supposons qu’un dévot déchoit du Vaikuntha d’une manière ou d’une autre. À cet égard, nous pouvons évidemment nous poser la question suivante : « Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? » L’on peut dire que les événements transcendants sont sans cause et que cette chute est sans aucune cause, elle aussi. Mais comment la chute peut-elle être considérée comme transcendante ? L’action transcendante produit des résultats transcendants et déchoir dans le monde matériel ne peut être considéré comme quelque chose de transcendant. Ainsi, selon le principe de phala-bala-kalpa-nyaya (compréhension d’une cause par ses résultats), nous pouvons conclure qu’une telle chute ne peut être que matérielle. Ainsi, la chute a un début et une fin, ce qui la caractérise comme un événement matériel. Encore une fois, elle ne peut pas être considérée comme transcendante.
Une question qui se pose naturellement à cet égard est la suivante : « Comment un événement matériel peut-il provenir dans le monde spirituel ? » Il a été prouvé dans de nombreux endroits, en particulier dans les anucchedas 7 et 50, que le Vaikuntha est au-delà du monde matériel, qu’il est libre de l’influence du temps et des gunas de la nature. En guise de réponse, l’on pourrait faire valoir que l’origine de cet événement n’est pas matérielle, mais lorsque l’être vivant franchit la frontière, hors du Vaikuntha, l’action devient matérielle. Cela est bien sûr tout à fait absurde.
À suivre
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