Origine du jīva et le karma sans commencement

PhilosophieQuestions / RéponsesComments Off on Origine du jīva et le karma sans commencement

Pouvez-vous expliquer où les jīvas trouvent leur origine ? Je comprends que ce soit dans le Paramātmā, mais Kṛṣṇa dit aussi que les entités vivantes sont Ses parties fragmentaires éternelles (Gītā 15.7). Alors que cela signifie-t-il exactement ?

Question : Pouvez-vous expliquer où les jīvas trouvent leur origine ? Je comprends que ce soit dans le Paramātmā, mais Kṛṣṇa dit aussi que les entités vivantes sont Ses parties fragmentaires éternelles (Gītā 15.7). Alors que cela signifie-t-il exactement ?

Réponse : Le principe simple, que vous connaissez sûrement, est que Bhagavān a trois śaktis distincts, à savoir l’antaraṅgā, la bahiraṅgā et la taṭasthā. Le jīva ne fait partie ni de l’antaraṅgā ni de la bahiraṅgā-śakti. Le jīva fait partie seulement de la taṭasthā-śakti. Le Paramātmā est en charge de la bahiraṅgā ainsi que de la taṭasthā-śakti. Par conséquent, à vrai dire, le jīva fait partie de la taṭasthā-śakti du Paramātmā. Ceci est déclaré par Śrī Jīva Gosvāmī dans le Paramātma Sandarbha.

Il y a trois Paramātmās, à savoir Kāraṇodakaśāyī Viṣṇu, Garbhodakaśāyī Viṣṇu et Kṣīrodakaśāyī Viṣṇu. Kāraṇodakaśāyī Viṣṇu est le Paramātmā de la nature matérielle globale (sāmāṣṭi-prakṛti) et de l’ensemble, ou sāmāṣṭi, des jīvas. Garbhodakaśāyī Viṣṇu est le Paramātmā de l’univers individuel, et Kṣīrodakaśāyī Viṣṇu est le Paramātmā du vyaṣṭi, c’est-à-dire du jīva individuel.

S’il y a l’annihilation totale, ou sāmāṣṭi-pralaya, alors tous les jīvas entrent dans Kāraṇodakaśāyī Viṣṇu. Mais, à vrai dire, cela n’arrive jamais. Il y a toujours des univers qui se manifestent et d’autres qui se dissolvent. Les univers sont à différentes étapes d’un cycle. Tout est cyclique. Mais même si vous considérez une annihilation totale, alors Kāraṇodakaśāyī Viṣṇu entre dans Saṅkarṣaṇa (partie du catur-vyūha dans le paravyoma, ou le Vaikuṇṭha) avec la totalité de la prakṛti et des jīvas, c’est-à-dire les sāmāṣṭis bahiraṅgā- et taṭasthā-śaktis. Lorsque le temps de créer vient, alors Kāraṇodakaśāyī Viṣṇu se manifeste à partir de Saṅkarṣaṇa avec la nature matérielle complète et les jīvas.

Ainsi, lorsque Kṛṣṇa dit « mamaivāṁśo jīvaloke », Il veut dire que le jīva fait partie de la taṭasthā-śakti du Paramātmā. Le Paramātmā est Sa parte, alors il n’y a rien d’incorrect dans Sa déclaration.

 

Le karma sans commencement

Question : J’ai eu une discussion avec quelqu’un sur la question de l’origine de l’âme, et j’ai plaidé en faveur du point de vue védāntique traditionnel du karma sans commencement, ou anādi. La personne avec laquelle j’ai débattu souscrit à une lecture moins que littérale du mot « anādi » et croit que le karma n’est pas réellement sans commencement, mais que les jīvas se trouvent à l’origine dans un état latent au sein du Brahman, et que leur karma doit être activé à un moment donné, avant lequel il n’y a pas de karma en tant que tel. Naturellement, je n’étais pas d’accord avec cela, mais j’aimerais quand même savoir si ma compréhension est conforme aux Écritures ?

Réponse : Oui, votre compréhension est correcte, car anādi signifie « sans commencement ». Le karma est littéralement sans commencement. Il n’y a aucune déclaration dans les Écritures indiquant le contraire. La langue sanskrite est très précise et ne manque pas de termes pour transmettre un sens. Si le karma avait été autre chose que sans commencement, d’autres mots auraient été utilisés.

Dans de nombreux endroits, le mot « anādi » a été employé dans les Écritures et par des commentateurs tels que Śrī Jīva Gosvāmī, Baladeva Vidyābhūṣaṇa et Viśvanātha Cakravartī Ṭhākura. Si le mot « anādi » dans un verset particulier avait eu un autre sens, ils l’auraient indiqué très clairement dans leurs commentaires. En commentant la Bhagavad Gītā 13.20 (dans certaines éditions 13.19), Baladeva et Viśvanātha Cakravartī déclarent clairement que le conditionnement du jīva est sans commencement : « Prakṛti et jīva [et leur combinaison] sont sans origine ». De même, dans le Śrīmad Bhāgavata 11.22.10, Kṛṣṇa dit très clairement que le jīva est couvert par une ignorance sans commencement : anādy-avidyā-yuktasya.

Cependant, nous devons comprendre que le karma en soi n’est pas sans commencement. Il est perpétuel, car chaque karma individuel a un début et une fin. Si le jīva se trouvait en Brahman et que le karma était activé à un moment particulier, alors quel genre de karma un tel jīva recevrait-il ? Commencerait-il avec un karma nul ? Si oui, quelle serait sa relation avec quelqu’un ou avec quoi que ce soit dans ce monde ? Qu’est-ce qui l’amènerait à avoir un premier corps matériel, lequel est censé être le produit du karma passé et le champ du karma futur ?

Question : Au cours de la discussion, les classes d’entités vivantes existantes ont également été abordées, et il s’en est suivi une comparaison des termes nitya-siddha et nitya-baddha. En particulier, le point suivant a été mis en avant :

« Je pense que cette idée fausse selon laquelle certains jīvas n’ont jamais à suivre une sādhana commence par une mauvaise compréhension de ce que Jīva Gosvāmī a écrit dans le Paramātma Sandarbha :

tadevamananta eva jīvākhyās taṭasthāḥ śaktayaḥ. ṭatra tāsāṃ vargadvayam. eko vargo’nāditaḥ eva bhagavadunmukhaḥ, anyas tvanāditaḥ eva bhagavat-parāṅmukhaḥ-svabhāvatastadīya jñāna-bhāvāt tadīya-jñānābhāvācca.

“De cette manière, les énergies marginales appelées jīvas sont illimitées. Elles se divisent en deux classes. Une classe est dévouée au Seigneur sans commencement (anādi), et l’autre n’est pas dévouée au Seigneur sans commencement (anādi). C’est parce que la première classe de jīvas a naturellement la connaissance du Seigneur et que la deuxième classe de jīvas n’a naturellement pas la connaissance du Seigneur” ».

Maintenant, il semblerait que ce passage soutienne l’idée de deux classes de jīva intrinsèquement différentes, si ce qu’il dit est mal interprété.

Réponse : Oui, il est vrai qu’il existe deux classes différentes de jīva, et cela est clairement indiqué dans ce texte : l’une est nitya-mukta et l’autre est nitya-baddha. Comment cela pourrait-il être mal compris ?

Question : Cela fait de Kṛṣṇa un être particulièrement miséricordieux envers certains jīvas, et moins envers d’autres. Cela contredirait l’enseignement de Kṛṣṇa dans la Gītā, où Il dit qu’Il est égal à tous.

Réponse : Cela ne contredit pas les enseignements de Kṛṣṇa. Un tel doute surgit d’une mauvaise compréhension du mot « anādi », « sans commencement ». Kṛṣṇa ne crée pas certains jīvas comme nitya-baddhas et d’autres comme nitya-muktas. Si tel était le cas, ils ne seraient pas anādi. Tout comme Kṛṣṇa Lui-même n’a pas de commencement, Ses énergies n’ont pas non plus de commencement. Sa puissance taṭasthā (ou intermédiaire) n’a pas de commencement non plus. Cette taṭasthā-śakti comporte deux divisions, qui sont également sans commencement. C’est ce que Jīva Gosvāmī expose dans la déclaration citée. Et tout ce qui est sans commencement est également sans cause. Cela ne contredit pas la déclaration de Kṛṣṇa : Il est égal envers les deux. Cela contredirait Sa déclaration seulement s’Il avait personnellement placé certains jīvas sous l’influence de māyā et épargné les autres.

Question : Nous savons par les śāstras qu’il y a beaucoup, beaucoup plus d’âmes dans le paravyoma qu’il n’y en a dans le monde matériel, et que la plupart de ces êtres libérés n’ont jamais été conditionnés, c’est-à-dire qu’ils sont nitya-siddhas. Ces bhaktas éternellement libérés, qui n’ont jamais été en contact avec la māyā, ne sont-ils pas à proprement parler des jīvas, mais une autre catégorie d’entités, par exemple des extensions de Rādhā et de Kṛṣṇa ?

Réponse : Dans le monde spirituel, il existe deux types de dévots. La première catégorie regroupe ceux qui sont une expansion du Seigneur. Ils n’appartiennent pas à la puissance taṭasthā. Ceux-ci sont généralement désignés par le mot pārṣada. Les dévots de la deuxième catégorie appartiennent à la puissance taṭasthā. Ces dévots n’ont jamais été conditionnés et ne seront jamais conditionnés par la māyā.

Question : Est-ce un fait que tous les jīvas, comme il est dit, doivent par définition suivre une sādhana avant de pouvoir atteindre le royaume transcendant ?

Réponse : Pour la raison mentionnée ci-dessus, il n’est pas vrai que chaque dévot doive pratiquer une sādhana pour atteindre la perfection. Seuls ceux qui sont dans l’état conditionné, les nitya-baddhas, doivent accomplir une sādhana afin de se libérer de leur conditionnement.

 

Notify me of new articles

Comments are closed.

  • Satyanarayana Dasa

    Satyanarayana Dasa
  • Daily Bhakti Byte

    Every experience is an opportunity to embrace a more peaceful path.

    — Babaji Satyanarayana Dasa
  • Videos with Bababji

  • Payment

  • Subscribe

  • Article Archive

  • Chronological Archive

© 2017 JIVA.ORG. All rights reserved.