Par Satyanarayana Das Babaji
Voici un extrait tiré du premier chapitre du Hitopadesha. J’ai choisi le vingt-sixième verset de ce chapitre. Il s’agit de la deuxième partie d’une série de trois articles.
« Si l’on n’atteint aucun des objectifs de la religion, du développement économique, de la satisfaction des sens réglementée et de la libération, la vie sera inutile, comme les mamelons sans lait suspendus au cou d’une chèvre ».
Les quatre buts de la vie
Selon les anciennes écritures indiennes, telles que les Vedas, le but de la vie humaine est d’aspirer aux quatre objectifs suivants : suivre sa religion, se développer économiquement, satisfaire ses sens d’une manière encadrée et atteindre la libération. Pour guider les êtres humains vers l’accomplissement de ces objectifs, le Seigneur Suprême leur offre quatre types de voies sous la forme de shastras (écritures).
Le premier d’entre eux est le Dharma Shastra (théologie et liturgie) qui explique et définit les devoirs religieux d’une personne en fonction de son âge et de la nature de son travail. Vient ensuite l’Artha Shastra (économie) qui éclaire sur l’utilisation de l’éthique tout en acquérant des richesses par des moyens équitables. Il conseille également les dirigeants sur une meilleure administration publique et offre des instructions sur la bonne conduite. Le troisième est le Kama Shastra (traité sur le sexe) qui décrit le processus consistant à satisfaire ses désirs sexuels sans transgresser les principes religieux. Le Moksha Shastra est le quatrième des Dharma Shastra qui décrit comment atteindre la libération du cycle de la mort et de la renaissance.
Selon les Vedas, la durée de vie moyenne de l’homme peut être divisée en quatre ashramas, ou segments, égaux : brahmacharya (célibat), grihastha (vie de famille), vanaprastha (ermitage et mendicité) et sannyasa (renoncement). Le premier segment (brahmacarya) constitue la vie étudiante au cours de laquelle on apprend l’importance des quatre buts de la vie. Au cours du brahmacharya, les étudiants sont censés vivre une vie de célibataire au sein d’un gurukula sous la tutelle d’un guru (maître). Dans le reste des ashramas, l’on devrait pratiquer la religion, gagner de l’argent et se livrer à des activités qui satisfont ses sens de telle sorte qu’aucune des trois activités ne devienne un obstacle, ni qu’elles ne deviennent indépendantes l’une de l’autre.
L’objectif qui exige de la retenue
Ici, je voudrais éclairer le rôle du Kama Shashtra qui est souvent pris pour un moyen d’encourager la promiscuité. Un exemple en est le Kama Sutra, un traité sur le sexe rédigé par Vatsyayana. Vatsyayana ne prescrit pas de plaisir sensuel sans restriction, ni il ne s’y oppose pas non plus. Une personne qui se livre excessivement au plaisir des sens ne peut pas s’attendre à une vie heureuse et longue. Ainsi, il prescrit la retenue et le célibat pendant la vie étudiante afin de concentrer son énergie uniquement sur l’acquisition de connaissances. Il explique également l’importance du dharma, de l’artha et du kama, en concluant que l’artha est supérieur au kama et que le dharma est supérieur à l’artha.
Étonnamment, Vatsyayana lui-même était un brahmachari (célibataire) de longue date et il avait écrit ce livre pour encourager la maîtrise de soi, et non le plaisir sexuel. Il le déclare dans les derniers versets de son livre : « Ce Kama Sutra a été compilé par moi, qui observais le célibat et la transe pour enseigner la bonne conduite humaine, et non l’attachement au sexe. Celui qui connaît l’essence du Kama Sutra, qui protège le dharma, l’artha et le kama par le biais de ses rapports avec la société, deviendra certainement jitendriya, un maître de ses sens ».
Le but ultime
Observant la discussion ci-dessus, Narayana Pandit dit dans le Hitopadesha qu’un être humain intelligent doit poursuivre un ou plusieurs de ces quatre objectifs en fonction de son shastra respectif. Sinon, sa vie sera comparée aux appendices inutiles en forme de mamelle suspendus au cou d’une chèvre d’où il est impossible d’extraire du lait. Poursuivre l’artha et le kama tout en ignorant les écritures ne mènera pas au but ultime de la vie car bien que les créatures vivantes soient naturellement attirées par la satisfaction sensuelle, le véritable but est de s’en libérer.
Par conséquent, le but ultime du plaisir sensuel autorisé est le nivritti, le renoncement. Lorsque l’artha et le kama sont poursuivis selon les indications des shastras, ils peuvent être considérés comme des objectifs suprêmes car ils conduisent finalement au détachement des produits dérivés du corps. Cela s’ajoute au fait qu’en fin de compte, il n’y a qu’un seul objectif suprême : atteindre la moksha. Les trois autres objectifs permettent de réaliser le quatrième en harmonisant les propensions humaines naturelles entre elles.
Le cinquième objectif
À cet égard, il me semble utile de mentionner Shri Chaitanya, un dévot du Seigneur Shri Krishna. Il était d’avis qu’au-delà de ces quatre buts, il y en avait un cinquième aussi, qui est le but le plus élevé de la vie humaine, à savoir le prema, l’amour envers Dieu. Le prema apporte la sérénité dans cette vie et dans la suivante, tandis que les autres objectifs mènent simplement au bonheur temporel car dans la prochaine vie, nous devrons tout recommencer.
Aujourd’hui, tout le monde cherche la personne parfaite pour l’aimer et pour être aimé par elle, mais, en oubliant le Tout-Puissant, qui est la source même de l’amour, nous avons créé tant de faux objets d’affection. Sans une relation d’amour avec quelqu’un d’aussi parfait et digne que le Suprême Lui-même, nous ne pouvons pas être unis avec Lui et être heureux. Cette propension à aimer s’acquiert en chantant les noms du Seigneur sans offense sous la direction d’un guru authentique.
The mind is the hardest thing to change because the ego doesn’t like change. You can really only change your own mind with a lot of hard work and discipline. A wise person focuses on what they can change within themselves.
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