L’article qui suit est un extrait du texte 339 du Bhakti Sandarbha de Shri Jiva Gosмami (l’avant-dernier texte du Bhakti Sandarbha), avec le commentaire de Satyanarayana Dasa Babaji.
Par Satyanarayana Das Babaji
L’article qui suit est un extrait du texte 339 du Bhakti Sandarbha de Shri Jiva Gosvami (l’avant-dernier texte du Bhakti Sandarbha), avec le commentaire de Satyanarayana Dasa Babaji.
Le chemin de la dévotion a ainsi été énoncé dans ce livre. Si, par la miséricorde du guru ou de Bhagavan, nous avons réalisé un tant soi peu la vérité confidentielle ayant trait à la pratique ou l’objectif de la dévotion et l’avons ainsi incorporée dans notre existence même, cela ne doit être divulgué à personne.
Tout comme Shri Vishnu l’a dit à Aditi Devi :
naitat parasmā ākhyeyaṁ pṛṣṭyāpi kathañcana sarvaṁ
sampadyate devi deva-guhyaṁ su-saṁvṛtam
« O déesse, même si on te le demande, ne révèle jamais cette affaire à personne. Tout ce qui est secret, même pour les devas, porte ces fruits lorsqu’il est proprement caché ». (SB 8.17.20)
Commentaire
Shri Jiva Gosvami conclut sa discussion sur la bhakti par un conseil important. Ce conseil est particulièrement important à cette époque moderne où nous aimons à exposer tout ce qui nous concerne. Aujourd’hui, rien n’est secret. Si nous postulons un emploi, par exemple, nous devons écrire sur chacun de nos accomplissements pour impressionner le futur employeur. Nous devons nous féliciter de nos accomplissements, voire peut-être les exagérer. Dans la culture védique, il était considéré comme impoli de parler de soi. Se vanter était considéré comme un moyen de perdre sa piété, de perdre le mérite de ses accomplissements. Aujourd’hui, cependant, l’éloge de soi est un art compulsif. Le succès dépend non seulement de nos qualifications, mais aussi de notre capacité à nous présenter. Il est même possible d’obtenir des conseils dans cet art.
Même si vous voulez garder quelque chose secret, cette ère des technologies de l’information rend la tâche difficile. N’importe qui peut regarder et enregistrer vos actions. Il peut y avoir des caméras cachées autour de vous, ou quelqu’un qui vous espionne de loin. Tout ce que vous écrivez, dites ou faites, peut être mis à la disposition de millions de personnes sans votre avis ni votre consentement.
Dans tous les cas, il peut être nécessaire de montrer ses références dans la vie empirique, mais quant aux réalisations spirituelles, il faut les garder pour soi. En effet, l’un des sens du mot mantra est « ce qui est gardé secret ». Le Hari Bhakti-vilasa (2.147) conseille : « On devrait garder la déité adorée, son guru, son diksha mantra et son japa mala secrets ». Des conseils similaires sont donnés tout au long du Hari Bhakti-vilasa. Shri Jiva Gosvami dit qu’il faut garder sa sadhana et sa sadhya secrètes. Il est important de connaître ce principe car à l’heure actuelle, la plupart des gens n’en sont pas conscients, en raison de la nature de la culture moderne.
Pourquoi notre mantra, notre guru, notre déité et notre mala devraient-ils être gardés secrets ?
L’une des raisons est que le succès spirituel de chacun dépend beaucoup de shraddha (la foi) envers notre guru, notre mantra, notre déité et le processus que nous suivons. Dans la Bhagavad Gita, Shri Krishna dit qu’une personne dotée de foi atteint la connaissance (4.39) et qu’une personne qui en est dépourvue est perdue (4.40). Si nous révélons aux autres notre mantra et les autres choses sus-citées, nous risquons de perdre foi en elles à cause des propos de ceux qui ne suivent aucun chemin spirituel ou qui se trouvent sur une autre voie. De telles personnes peuvent tourner en dérision et minimiser le processus et le but d’un sadhaka, tout comme elles peuvent le faire avec divers arguments que le sadhaka ne pourra pas réfuter. Ainsi, le sadhaka commencerait à avoir des doutes ou exacerberait en lui-même des doutes auparavant mineurs. Ceux qui suivent un autre chemin, comme le chemin du jnana, peuvent même citer des écritures pour prouver leur point de vue, affaiblissant ainsi d’une manière considérable leur shraddha.
Une autre raison est que partager librement notre mantra ainsi que les autres éléments de notre pratique spirituelle peut les rendre moins spéciaux.
Une autre raison est que parler de soi aux autres peut nous rendre fier de notre propre mantra, de son processus ou de nos progrès. Cet orgueil donne lieu à des disputes, ce qui conduit au manque de respect et aux offenses. En effet, Shri Vishvanatha Cakravarti dit que l’un des quatre types d’anartha provient de la bhakti elle-même. Ces anarthas peuvent commencer à se manifester si nous révélons notre pratique et notre avancement aux autres et s’ils sont impressionnés, ils peuvent nous honorer, ce qui peut facilement conduire à une chute de l’humilité, si importante à la bhakti.
Le Panchatantra (5.96) dit : « Le succès lié à un mantra, à un lieu saint, à un brahmana, à une déité, à un astrologue, à un médecin et à un guru est conforme à la foi que nous leur accordons » (mantre tīrthe dvije deve daivajñe bheṣje gurau yādṛśī bhāvanā yasya siddhir bahavati tādṛśī). Le succès de chacun d’entre nous dépend de notre foi en notre mantra, notre guru et notre déité. Ainsi faut-il les protéger par tous les moyens. Dans le passé, les gens gardaient leurs richesses et leurs trésors cachés quelque part dans la maison. De la même manière, nous devrions garder notre pratique spirituelle secrète. Si nous avons une certaine expérience, nous ne devrions pas la révéler aux autres, sauf à notre guru.
À cet égard, j’ai lu une histoire dans un commentaire d’un célèbre livre écrit en hindi intitulé le Bhakta-mala de Nabha Deva. Il était un roi marié à une reine très dévouée. La reine était très spirituelle et consacrait tout son temps à des activités de dévotion, telles que l’adoration, le kirtana et l’écoute de récits ayant trait à la dévotion. Sa seule tristesse était que son mari n’y avait jamais participé avec elle, malgré son soutien quant à la mise en œuvre de ces activités. Il ne voulait même pas prononcer le nom de Krishna. Une fois la reine essaya de le convaincre de chanter, mais le roi n’obtempéra pas. Il sourit et s’en alla. De nombreuses années passèrent ainsi et la reine ne parvint toujours pas à convaincre le roi de se joindre à elle dans ses activités de dévotion. Cela la rendait très triste.
Un jour au matin, le roi remarqua que la reine était très heureuse et joviale. Elle bourdonnait et ordonnait aux sujets du roi de décorer tout le palais. Elle ordonna aux cuisiniers de préparer un grand festin et aux musiciens de venir chanter. Le roi pensa qu’il devait s’agir d’une quelconque fête, mais il ne pouvait penser à aucune fête à célébrer. Il demanda à la reine pourquoi elle préparait toutes ces festivités. La reine répondit que c’était le plus grand jour de fête de sa vie. Le roi demanda pourquoi et elle lui dit que son vœu avait été exaucé. Cela rendit le roi encore plus curieux. Enfin, elle révéla que pendant son sommeil, il avait récité – pour son plus grand plaisir – le nom de Krishna.
Lorsque le roi entendit cela, il s’effondra sur le sol en disant : « Ô mon Dieu, mon secret est dévoilé ».
Garder secrètes ces choses sacrées ne signifie pas que l’on n’enseigne jamais aux autres la science de Krishna et de la bhakti, et ainsi de suite. Les Gosvamis ont écrit de nombreux livres, par exemple, et Shri Jiva a envoyé Narottama dasa Thakura et d’autres grands dévots de Vrindavana à Gaudadesha pour répandre l’enseignement de Shri Caitanya. Mais même dans ce cas, nous devons veiller à n’enseigner qu’à ceux qui le méritent. Même en enseignant à des personnes qui en sont dignes, nous devons veiller à ne pas révéler inutilement notre propre mantra, notre guru, nos aspirations, pratiques ou réalisations spécifiques, car cela nuira très probablement à toutes ces choses-là.
You have to practice tolerance knowingly. That happens by having awareness. You have to also know that other people also have deficiencies as I have – they are not perfected beings so they cannot function exactly as I want them to. If we can keep these things in mind then we can remain more tolerant and composed, even in situations we can’t control.
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