Est-ce que la théorie de l’évolution rejette Dieu ?

GeneralComments Off on Est-ce que la théorie de l’évolution rejette Dieu ?

Vous avez mentionné que le Bhagavata contenait des histoires parce que les gens contemporains ne comprenaient pas le langage de la science moderne. Est-ce que Vyasadeva aurait pu écrire un Bhagavata pour les scientifiques, sachant que les temps ont beaucoup changé ?

Par Satyanarayana Das Babaji

Transcription d’une conversation – Partie 2

Scientifique : Vous avez mentionné que le Bhagavata relate des histoires parce que les gens contemporains ne comprennent pas le langage de la science moderne. Est-ce que Vyasadeva aurait pu écrire un Bhagavata pour les scientifiques, sachant que les temps ont beaucoup changé ? Il semble que le Bhagavata soit mystérieux, puisqu’il n’est pas vraiment clair ce que faisait Kashyapa. Une personne ayant la vision de Vyasadeva serait-elle capable de voir réellement ce qui s’est passé en termes d’évolution des formes de vie ? Ou est-ce secondaire par rapport au Krishna-prema et sans valeur aucune pour un dévot ?

Babaji : Le but de Vyasa n’était pas d’expliquer l’évolution mais d’expliquer la personne derrière elle, c’est-à-dire Krishna. Si vous comprenez parfaitement l’évolution mais que vous n’avez pas de Krishna-prema, qu’avez-vous gagné ? Si vous ne comprenez pas l’évolution, mais que vous avez le Krishna-prema, qu’avez-vous perdu ? En d’autres termes, quelle est la valeur de la science sans Krishna-prema ? La société continuera encore à souffrir avec toutes ses connaissances scientifiques. Quel est le bon usage de l’intelligence humaine — avoir le prema ou savoir comment nous avons évolué ? Qu’est-ce qui nous rendra vraiment heureux ? C’est la question posée par Shri Shaunaka dans le premier chapitre du Bhagavata. Par conséquent, si on demandait à Vyasa d’écrire à nouveau le Bhagavata, il ne passerait pas de temps à expliquer le processus de l’évolution. Il aurait pu raconter des histoires d’une manière différente mais le message serait resté le même – le Krishna-prema.

Scientifique : Vous avez suggéré que les preuves scientifiques de l’évolution ne pouvaient être rejetées, Kashyapa aurait peut-être effectué une évolution « contrôlée » pour générer des espèces. En même temps, vous avez également convenu qu’il était impossible de déduire avec certitude à partir des preuves scientifiques que Dieu, ou Kashyapa, avait réellement accompli l’évolution. Vous avez mentionné qu’en fin de compte, la déduction serait toujours infructueuse car elle peut être réfutée. Ainsi, cette position a les caractéristiques suivantes :

  1. La preuve ne peut être rejetée.
  2. Les preuves sont expliquées par le processus naturel de variation génétique aléatoire sur lequel agit la sélection naturelle.
  3. Les preuves scientifiques ne nous permettent pas de déduire de manière concluante que Dieu ou Kashyapa existent, ou qu’ils ont guidé l’évolution d’une manière spécifique. Pour cela, les shastras seuls sont le pramana (preuve).
  4. La science ne découvrira jamais Kashyapa ou Dieu dans les éléments de preuve en raison des limites fondamentales qu’elle ne peut pas franchir.

Êtes-vous d’accord avec tout cela?

Babaji : Oui, sauf avec le deuxième point. Il peut y avoir d’autres explications bien que pour l’instant nous n’ayons que celle-là.

Scientifique : Vous avez mentionné que la science ne pourrait pas découvrir Dieu car elle l’exclut de ses explications sur l’origine du monde. Un scientifique dirait plutôt que Dieu s’est avéré superflu jusqu’à présent quant à l’explication de quelconque phénomène naturel. Par exemple, l’eau bout à 100°C. Nous avons une bonne explication de la façon dont l’eau bout, c’est-à-dire ce qui se passe à 100°C. Le nécessité de Dieu ne se fait pas sentir pour expliquer cela, et il en va de même pour tout phénomène naturel. En outre, la science n’a pas besoin de Dieu pour expliquer les preuves de l’évolution.

Babaji : Voulez-vous dire que la science peut expliquer tous les phénomènes naturels ? Qu’en est-il d’un double comportement onde/particule de la lumière ? La science peut-elle expliquer la conscience ? La conscience n’est-elle pas un phénomène naturel ? Je n’ai rencontré aucun scientifique qui prétende pouvoir tout expliquer. J’ai lu des livres et des articles écrits par des scientifiques qui disent que beaucoup de choses ne peuvent pas être expliquées par la science. En réalité, la science actuelle ne peut pas vraiment expliquer pourquoi nous ressentons des démangeaisons dans notre corps.

Vous pouvez dire :

  1. La science expliquera les choses dans le futur.
    Je peux accepter cette réponse, mais il n’y a aucune certitude que cela se produise. D’autre part, la science est capable de découvrir plus de choses qu’elle ne pourra expliquer.
  2. Dieu n’est pas nécessaire pour expliquer quoi que ce soit.
    Je peux être d’accord mais cela n’a pas été prouvé.

Scientifique : Laquelle des versions suivantes considérez-vous comme appropriée ?

  1. A) Certains croyants pensent que Dieu a créé des lois naturelles (y compris la loi de la sélection naturelle), et ensuite il a laissé se produire tout ce qui arrivait sur terre (c’est ce qu’on appelle le déisme). Il n’a pas à intervenir une fois que les choses sont mises en mouvement. En d’autres termes, il ne bricole pas avec l’ADN, ou des gènes individuels, pour créer différentes espèces. Est-ce une façon possible pour Kashyapa de faire les choses ? Aurait-il mis les lois en mouvement, à la suite de quoi les choses se seraient inévitablement déroulées d’une manière particulière ?

Babaji : Kashyapa, selon les shastras, a créé diverses espèces sur une période de temps. Il n’a créé aucune loi. Les lois existaient déjà.

Scientifique : B) Il existe une théorie alternative appelée théorie du Dessein Intelligent. Cette théorie suggère que la théorie de l’évolution est fondamentalement erronée. Les adeptes de cette théorie acceptent l’évidence de formes de vie inférieures évoluant progressivement vers des formes de vie plus complexes. Mais ils rejettent les explications évolutionnistes selon lesquelles des changements aléatoires dans l’ADN donneraient lieu à des variations dans les formes corporelles, qui seraient ensuite sélectionnées par l’environnement pour certains traits. Au contraire, la théorie prétend que la seule inférence scientifique valide et fondée sur des preuves scientifiques est qu’il existe un concepteur intelligent qui a conçu l’ADN d’une manière spécifique avec un but spécifique.

Les arguments de conception intelligente infèrent la présence de Dieu à partir des preuves scientifiques, tout en rejetant les explications scientifiques fondées sur des mécanismes naturels non guidés.

Babaji : J’accepte qu’il y ait des Prajapatis comme Kashyapa (« celui qui voit ») et Daksha (« expert ») qui créent diverses espèces. Mais je n’accepte pas que tout ait simplement évolué à partir d’une seule cellule sans aucune intervention d’un expert. Une telle vision implique que la vie et l’univers dans leur ensemble n’ont pas de but. Cela n’a pas de sens car nous, en tant qu’êtres individuels, sommes motivés par un objectif. Ma foi réside dans les shastras. C’est ma position. Je ne suis pas contre la science, mais si elle contredit les shastras, alors je ne peux pas l’accepter.

Scientifique : À propos de votre position, si les shastras contredisent la science, vous rejetterez la science. Existe-t-il un moyen de déterminer avec certitude que les shastras contredisent la science ? Il est impossible de dire avec certitude ce que signifient les shastras. Par exemple, que Kashyapa puisse effectuer une évolution contrôlée au fil du temps ne découle pas des shastras. Vous n’aviez pas l’air d’être sûr que cela s’est passé ainsi. Dans votre réponse précédente, vous avez dit que cela s’était peut-être passé ainsi. Ce n’est peut-être pas le cas.

Babaji : La science et la spiritualité ont des approches différentes vis-à-vis de la réalité, et leurs objectifs sont, tout compte fait, différents, bien qu’il y ait des points communs entre les deux : améliorer le niveau de vie, comprendre la réalité, etc. De ce fait, lorsque je dis que les shastras contredisent la science, je sous-entends les choses liées à la conscience, à Dieu, à la vie après la mort, etc.

Il ne s’agit pas tant de savoir comment cela est arrivé – et à vrai dire, nous ne sommes pas concernés par cela –, il s’agit surtout d’accepter qu’il y ait un plan derrière et que cela ne se soit pas fait tout seul.

Scientifique : De la même manière, vous avez dit que nous ne connaissions pas vraiment les cycles temporels de yuga. Vous avez accepté que seules les bactéries eussent pu être présentes sur la terre pendant les deux premiers milliards d’années. Kashyapa n’est pas mentionné dans les shastras comme celui qui a créé des bactéries, et les cycles de yuga d’une durée spécifique sont mentionnés dans les shastras. Pourtant, nous sommes obligés d’accepter l’un et de remettre en question l’autre et tout cela à cause des preuves.

Babaji : Encore une fois, vous passez à côté de l’essentiel. Même si les bactéries ne sont pas mentionnées dans les shastras, ou s’il n’est pas mentionné que Kashyapa les a créées, cela n’a pas d’importance. Dieu a créé le monde. Alors quelle est la difficulté pour Lui de créer des bactéries ? L’approche des shastras est différente et il n’est pas nécessaire de parler de bactéries. Cela ne sert pas son objectif. Le but des shastras n’est pas de nous enseigner l’évolution mais de nous enseigner que Dieu est la source de tout : « aham sarvasya prabhava ». Les shastras veulent que nous devenions conscients de Dieu et non conscients des bactéries.

Scientifique : Comment savons-nous que l’évolution ne s’est pas produite selon les explications données par la science, d’autant plus que les shastras ne disent rien sur la manière dont cela s’est passé ? Comment être sûr que Kashyapa n’a pas agi à travers ce qui nous apparaît comme des mécanismes purement naturels de variation aléatoire et de sélection naturelle ? Les shastras, après tout, ne disent rien sur la façon dont Kashyapa l’a fait. Existe-t-il un fondement shastrique pour rejeter la théorie de l’évolution au profit de ce qui nous apparaît comme des causes purement naturelles ?

Babaji : Pour nous, peu importe comment cela s’est produit. Ce qui compte, c’est plutôt pourquoi cela est arrivé. Je pense que c’est la principale différence entre la spiritualité et la science. La science insiste sur le « comment » et la spiritualité sur le « pourquoi ». Si la science acceptait l’intervention de Dieu, nous accepterions les termes tels que « la variation aléatoire » et « la sélection naturelle ». Cela n’a pas d’importance pour nous. Mais comme la science n’accepte pas Dieu, nous ne nous soucions pas de ce que disent les scientifiques. De toute manière, leur explication n’a aucune conséquence sur la spiritualité.

Scientifique : Peut-être que Krishna atteint ses objectifs par des processus aléatoires ou du moins par des processus qui nous semblent aléatoires.

Babaji : La science est-elle prête à accepter cela ? Ce serait une bonne nouvelle.

Scientifique : La science ne se contente pas de découvrir des preuves. Elle a également de bonnes explications pour les preuves. Ces explications sont fondées sur des lois physiques qui ont également été découvertes grâce aux preuves. Les explications font des pronostics, et lorsque les pronostics s’avèrent conformes à la réalité, alors les explications gagnent en crédibilité. En réalité, c’est ainsi que la plupart des preuves scientifiques ont été découvertes : les explications ont prédit quelque chose et d’autres preuves ont été découvertes. Cela dit, ces explications n’incluent pas Dieu car il ne s’est pas avéré nécessaire pour l’explication.

Babaji : Je ne rejette pas la science ou son approche. Je la considère juste comme limitée lorsqu’il s’agit de connaître la réalité absolue. Je me souviens d’un exemple de Shrila Prabhupada. Il a dit que si vous additionnez des nombres et que vous faites une erreur en additionnant les deux premiers chiffres, alors toute la somme sera fausse, même si vous avez additionné le reste avec précision. La science a chassé Dieu. C’est l’erreur fondamentale. Après cela, quelle que soit l’explication qu’elle donne, la conclusion ultime sera toujours fausse. Les explications intermédiaires peuvent être très précises mais le résultat final est faux.

Les scientifiques peuvent être satisfaits de leurs explications naturelles sans Dieu et nous, nous sommes satisfaits de notre Dieu : qu’il y ait des explications naturelles ou aucune explication. Il faut voir qui est le plus heureux et le plus satisfait. Pour moi, c’est le test décisif. Je ne connais aucun exemple de spiritualiste digne de ce nom, qui eût renoncé et dénoncé la spiritualité pour devenir un bhakta scientifique, mais il y a sûrement beaucoup de grands scientifiques qui ont frappé aux portes de la spiritualité et en ont bénéficié. En fin de compte, il s’agit de notre propre expérience.

La science parle de preuves fondées sur la perception sensorielle, mais il peut y avoir des choses qui vont au-delà de la perception sensorielle. Pourquoi la science ne peut-elle pas accepter cela ? Tant de tests ont été effectués sur l’efficacité du yoga ou des plantes ayurvédiques. Cette connaissance ne provient pas de la méthodologie scientifique. Alors pourquoi ne pas accepter qu’il puisse y avoir une autre manière d’acquérir la connaissance ? N’est-ce pas la preuve que les sages indiens ont acquis la connaissance par un processus différent ? Le gouvernement indien moderne a répertorié environ 80 000 compositions dans l’ayurvéda. Pensez-vous que les sages indiens aient acquis cette connaissance en faisant des expériences sur des souris et des lapins ? Certainement pas.

Scientifique : Comme vous êtes ingénieur en mécanique, vous vous souvenez peut-être de la théorie des poutres.

Cette théorie ne rejette pas Dieu, mais elle n’a pas besoin de Dieu pour expliquer la flexion. Prabhupada (qui avait souvent l’habitude de dire que la science avait chassé Dieu) ne peut pas non plus montrer de quelle manière Dieu est impliqué dans la flexion des poutres. Alors, comment peut-on rejeter la courbure du faisceau ou la rejeter comme non pertinente ? Elle est nécessaire pour la construction du Temple du Planétarium védique (TOVP), par exemple.

Le discours anti-science détourne les gens normaux du Gaudiya Vaishnavisme et de l’hindouisme en général. J’ai eu des discussions avec des Gaudiya Vaishnavas qui disaient que la gravité n’était pas réelle (!), que la lune était plus loin que le soleil (!), que nous n’étions jamais allés sur la lune, que la théorie de l’évolution était fausse etc., etc. Shri Jiva Gosvami était un génie puissant et il était respecté comme tel à son époque. Les Gaudiya Vaishnavas modernes lui font défaut en créant un récit qui est clairement fanatique et qui défie toute logique. C’est un mauvais service au Gaudiya Vaishnavisme.

L’Académie nationale des sciences (États-Unis) a fait une déclaration dans laquelle elle dit que la science n’a aucune position sur Dieu parce que Dieu est au-delà de la portée de la science. Les shastras disent aussi que Dieu ne peut être découvert que par la bhakti, et la bhakti n’est pas la science. Par conséquent, les shastras et la science disent toutes deux que la science ne peut pas découvrir Dieu. Quelle est la raison pour laquelle vous dites que la science a rejeté Dieu ? Ils n’ont jamais cohabité l’une avec l’autre !

Babaji : Je ne sais pas combien de personnes modernes qui croient en la science connaissent la position de l’Académie nationale des sciences. C’est la première fois que je l’entends.

En ce qui concerne la science qui répand l’athéisme, j’y crois selon ma propre expérience, même si les choses ont peut-être changé ou sont en train de changer. C’était comme cela lorsque j’étais étudiant, mais je doute qu’on enseigne vraiment aux étudiants que la science n’est pas contre Dieu et que Dieu ne peut être connu par la science. C’est nouveau pour moi. Je serais heureux si les étudiants recevaient ce savoir.

Nous devons également étudier comment la science s’est développée. Autant que je sache, la science s’est développée en opposition à l’église.

Scientifique : Une partie de la raison pour laquelle les jeunes rejettent le dharma peut être le faux récit selon lequel la science réfute Dieu d’une manière ou d’une autre. Elle ne peut pas le faire. Ce sont des champs distincts, vous êtes également d’accord et l’Académie l’est aussi. Vous n’êtes pas contre la science ou la théorie de l’évolution, d’après ce que je vois de vos réponses. Le Védanta a des raisons très claires de ne pas s’attendre à ce que la science découvre Dieu. L’âme ne peut être découverte par les sens. Ainsi, alors que les shastras sont si clairs sur ce point, pourquoi ne pas s’en tenir à cette position shastrique en ayant affaire à la science ? Quelle est la nécessité d’un certificat scientifique pour prouver la présence de Dieu ? Pourquoi devrait-on s’attendre à ce que la science inclue Dieu ? Cela irait à l’encontre des shastras. Les shastras ne nous demandent pas non plus de rejeter les informations sensorielles.

Seriez-vous d’accord avec les affirmations suivantes :

  1. Le Paramatma agit dans ce monde mais pas d’une manière qui soit découverte par la science ou, plus largement, par les sens matériels.
  1. Il est possible que le Paramatma agisse à travers ce qui nous semble être des mécanismes naturels non guidés comme l’évolution et il réalise toujours ses objectifs.

Babaji : Je suis d’accord. Concernant le deuxième point, ces mécanismes apparaissent comme étant non guidés mais ils sont sous Sa supervision.

Scientifique : Si je puis résumer cette discussion :

  1. Les shastras sont muets sur le « comment », mais peuvent expliquer le « pourquoi ». Dieu est impliqué dans la création du monde, mais son implication est indétectable dans les preuves scientifiques.
  2. La science explique le « comment », à savoir les principes de variation aléatoire et de sélection naturelle pour expliquer l’évolution des formes de vie ou celui de la relativité générale pour expliquer la loi de la gravitation.
  3. La foi dans les shastras ne devrait pas dépendre des explications qu’ils donnent du monde physique.
  4. Le test des shastras est l’expérience directe du Suprême et du bonheur que l’on en éprouve.

Notify me of new articles

Comments are closed.

  • Satyanarayana Dasa

    Satyanarayana Dasa
  • Daily Bhakti Byte

    Material happiness comes by getting rid of a desire which is done in three ways – by giving it up (sattvika), by fulfilling it (rajasika), and by forgetting it by taking intoxicants (tamasika).

    — Babaji Satyanarayana Dasa
  • Videos with Bababji

  • Payment

  • Subscribe

  • Article Archive

  • Chronological Archive

© 2017 JIVA.ORG. All rights reserved.