Au-delà de la logique : la loi du karma

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Il me semble que la loi du karma n’explique pas de manière adéquate l’individualité et les différences dans l’existence phénoménale.

Question. Il me semble que la loi du karma n’explique pas de manière adéquate l’individualité et les différences dans l’existence phénoménale. Pour les expliquer, nous devons invoquer les événements des vies précédentes, et ainsi de suite, ad infinitum, ce qui conduit à une régression logique à l’infini. Mais comment le processus de karma a-t-il commencé ? Comment expliquer ce qui a mal tourné et pourquoi avons-nous commencé à souffrir ? La réponse typique de la religion hindoue est que ce processus est tout simplement sans commencement (anadi), que le processus de karma remonte infiniment dans le temps. Toutefois, cela n’apporte pas une explication suffisante : le problème est simplement repoussé.

Réponse. Le principe fondamental est que la relation de cause à effet ne peut jamais fournir une réponse satisfaisante, à moins d’accepter qu’elle doive s’achever à un certain point. Ce point, c’est Dieu. Dieu est au-delà de la relation de cause à effet. Peu importe comment une personne explique le phénomène du monde, elle se heurtera toujours au même problème évoqué par le principe d’anadi

En substance, la réalité ultime ne peut être expliquée uniquement par la logique, car elle dépasse celle-ci : tarko’pratiṣṭhānāt (Le Vedanta Sutra). La logique peut être utilisée pour expliquer la réalité, mais elle n’est pas suffisante en elle-même. C’est pourquoi nous avons besoin de shabda pramana. Sans l’accepter, différents types d’arguments peuvent être avancés. Si quelqu’un argumente, peu importe la solution que je propose, il y trouvera des failles. 

Ainsi, en Inde, nous n’avons pas de philosophie au sens strict, mais le darshana. On perçoit la vérité, puis on l’explique de manière logique, dans la mesure du possible. Mais, en fin de compte, la logique a ses limites. De ce fait, il est vain d’argumenter si l’on n’accepte pas que le shabda soit au-delà de la logique. 

Sans accepter Dieu et reconnaître qu’il est anadi, il n’y aura pas de solution. Il ne s’agit pas de repousser le sujet, mais d’expliquer ce qui est réel. Si c’est sans commencement, que pouvez-vous dire de plus ? Pourquoi pensez-vous que c’est repoussé alors que c’est un fait ? Cependant, être sans commencement ne signifie pas que chaque karma individuel soit sans commencement. Le karma est perpétuel.

Question. Serait-il possible de dire que notre situation matérielle n’est pas illogique, mais plutôt translogique ? Cela dit, j’aimerais faire référence à la distinction importante entre les causes et les raisons. Si quelque chose échappe à la causalité, cela peut tout de même rester dans le domaine du raisonnable. D’un point de vue individuel, chaque personne a une responsabilité morale et subit les conséquences karmiques de ses actions à l’instant présent. Ainsi, même s’il n’y a pas de cause initiale, il y a toujours des raisons personnelles.

Réponse. Je suis d’accord. La théorie du karma ne vise pas à fournir une explication ultime de manière purement logique. Elle est translogique. C’est ainsi que Jiva Gosvami commence son Tattva Sandarbha. Il rejette catégoriquement le pratyaksha et l’anumana en faveur du shabda lorsqu’il s’agit d’expliquer le tattva, la Réalité. Néanmoins, la théorie du karma est une explication plus logique que celle du péché originel, car elle place la responsabilité sur l’individu quant à son sort. Cela signifie que nous ne pouvons pas blâmer Dieu ou quelqu’un d’autre pour notre souffrance, ni simplement nous sentir frustrés : « Pourquoi, diable, le péché d’Adam devrait-il me faire souffrir ? » Il y a ainsi une raison personnelle lorsque nous analysons la situation actuelle, et c’est important de le comprendre.

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Question. Récemment, j’ai entendu un sadhu dire que les vaches abattues continueront à renaître en tant que vaches parce que leur mort ne s’est pas produite naturellement. Par conséquent, leur karma en tant que vaches ne s’est pas épuisé. Lorsqu’un dévot a demandé comment rectifier cette situation, le sadhu a répondu : « Il faut qu’il y ait plus de protection des vaches. » Un jiva dans la condition humaine peut-il influencer la réincarnation d’autres jivas

Réponse. Je ne suis pas d’accord avec cela. Et si le karma de la vache était tel qu’elle devait être abattue et ne pas mourir de mort naturelle ? Tout le monde n’est pas destiné à mourir de mort naturelle. Il y en a beaucoup qui sont destinés à mourir d’une mort non naturelle. Selon cette logique, toutes les personnes qui meurent dans un accident devraient donc renaître en tant qu’humains.

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