De nombreux penseurs modernes, notamment les féministes, soutiennent que les shastras hindous sont biaisés contre les femmes, car ils ont été écrits par des hommes. L’un des arguments avancés pour appuyer cette thèse est que les instructions contenues dans ces textes s’adresseraient exclusivement aux hommes.
De nombreux penseurs modernes, notamment les féministes, soutiennent que les shastras hindous sont biaisés contre les femmes, car ils ont été écrits par des hommes. L’un des arguments avancés pour appuyer cette thèse est que les instructions contenues dans ces textes s’adresseraient exclusivement aux hommes. Par exemple, lorsque Krishna enseigne à Arjuna différentes voies telles que le karma-yoga, le raja-yoga, le jnana-yoga et le bhakti-yoga, Il utilise systématiquement le masculin. Dès le deuxième chapitre, où Il commence à décrire les caractéristiques d’un être parfait (2.54), jusqu’au chapitre 18, où Il définit la personne non qualifiée à recevoir les enseignements de la Bhagavad Gita, Il n’emploie que le masculin. À aucun moment, il n’utilise le féminin. Certains concluent de ce fait que Krishna S’intéresse uniquement aux hommes, reléguant les femmes en dehors de la spiritualité, et que les auteurs des écritures hindoues les considéraient indignes d’être des aspirantes spirituelles, exploitant et opprimant ainsi les femmes.
Cependant, les instructions de la Bhagavad Gita ne s’adressent pas uniquement aux hommes, mais à l’ensemble de l’humanité. Dans ces descriptions, aucun genre spécifique n’est envisagé (lingam avivakshitam). Lorsqu’une règle ou une instruction est donnée, un seul genre peut être utilisé pour des raisons grammaticales, mais cela n’implique pas que cette règle soit exclusive à ce genre. Par exemple, en français, lorsque l’on dit : « Les hindous considèrent la vache comme sacrée » ou « Les hindous ne consomment pas de viande de vache », le mot « vache » inclut aussi les taureaux. Personne ne conteste cette compréhension. Ces déclarations ne sont pas limitées à un genre spécifique ; sinon, on pourrait en déduire que les hindous ne vénèrent pas les taureaux et peuvent consommer leur viande, ce qui constituerait un malentendu évident.
De la même manière, le même principe doit s’appliquer aux instructions de la Bhagavad Gita. Une telle compréhension n’est pas inhabituelle et est bien connue des érudits du sanskrit. Par exemple, dans les sutras de Panini, comme « tasya apatyam » (4.1.92), il est stipulé que des suffixes tels que « an » peuvent être ajoutés à un nom pour former un mot signifiant « le filsde cette personne ». Ainsi, Vasudeva, le père de Krishna, donne son nom à Krishna par l’ajout du suffixe « an », formant ainsi « Vāsudeva », avec un a long, qui signifie « fils de Vasudeva ». Bien que le sutra emploie le mot tasya (« son »), indiquant le masculin, il s’applique également à des noms féminins. Par exemple, le mot « daitya » provient du prénom « Diti », l’épouse du sage Kashyapa, et signifie « un fils de Diti ». De même, le mot « aditya » provient du prénom « Aditi », une autre épouse de Kashyapa, et signifie « un fils d’Aditi ». Si le mot « tasya » devait être pris littéralement comme désignant uniquement le masculin, il serait impossible d’appliquer ce sutra à des noms féminins comme « Diti » ou « Aditi ».
Le second mot du sutra, « apatyam », signifie « un fils », mais aucun genre spécifique n’est sous-entendu ici non plus. Ainsi, ce sutra s’applique également pour désigner une fille, comme dans le cas de « Draupadi », qui signifie « une fille de Drupada ». Le célèbre commentaire Kasika-vritti sur ce sutra clarifie que le genre, le nombre, etc., ne sont pas désignés dans ce contexte (liṅga-vacanādikam sarvam avivakṣitam). Les noms sanskrits sont toujours genrés, et l’usage grammatical par défaut consiste à employer le masculin en faisant une règle. Cependant, cela ne signifie pas que ces règles soient limitées au masculin.
Un tel style d’enseignement est si répandu que même lorsqu’un enseignant s’adresse à une étudiante, le masculin est utilisé. Nous trouvons cet usage dans les instructions données par Shri Kapila à sa mère, Devahuti. Une telle pratique pourrait sembler problématique à une féministe contemporaine, mais Devahuti elle-même n’y voyait aucun problème, car elle ne considérait pas les enseignements de son fils comme spécifiques au genre.
En gardant cela à l’esprit, nous pouvons conclure que les shastras ne sont pas biaisés contre les femmes lorsqu’ils utilisent le masculin dans leurs règles. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existe pas de règles spécifiques aux genres. Cependant, sauf mention explicite, il faut comprendre que les règles ou récits véhiculant ces règles ne sont pas restreints à un genre particulier. Telle est le postulat fondamental.
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