Shri Rupa Gosvami dit que le développement de la bhakti du niveau de la sadhana à celui du bhava s’effectue en passant par huit étapes (BRS 1.4.15-16). La première étape, sraddha, mène à la seuxième, sadhu-sanga : être en compagnie d’un sadhu, un saint Vaishnava.
Par Satyanarayana Das Babaji
Introduction
Shri Rupa Gosvami dit que le développement de la bhakti du niveau de la sadhana à celui du bhava s’effectue en passant par huit étapes (BRS 1.4.15-16). La première étape, sraddha, mène à la deuxième, sadhu-sanga : être en compagnie d’un sadhu, d’un saint Vaishnava. En commentant ces versets, Shri Jiva Gosvami écrit qu’avant d’obtenir la sraddha, une personne se retrouve en compagnie d’un sadhu par la grâce duquel la shraddha est acquise. C’est ainsi qu’il interprète le mot « adau » (qui signifie littéralement « au commencement »). Le premier contact avec un sadhu instille la confiance dans les déclarations des écritures védiques. Cette confiance s’appelle sraddha. Comme cela se produit sans l’effort conscient du destinataire, le processus est décrit comme la « grâce sans cause » d’un dévot. Souvent, les écritures utilisent le mot yadriccha pour désigner ce phénomène, qui est généralement traduit par « indépendant » ou « par hasard », et a la connotation d’être sans cause (voir par exemple SB 11.20.8, 11).
Le sadhu-sanga, qui octroie la sraddha, est la plus grande bénédiction pour un être conditionné. Il provoque une révolution permanente dans le cœur d’une personne, c’est pourquoi il a été glorifié dans les écritures plus que toute autre chose. Dans le Bhagavat Purana, le Seigneur Krishna parle Lui-même de l’importance du sadhu-sanga (SB 11.12.1-15).
Il est rare d’obtenir une naissance humaine, mais le sadhu-sanga est encore plus rare :
durlabho mānuṣo deho dehināṁ kṣaṇa-bhaṅguraḥ
tatrāpi durlabhaṁ manye vaikuṇṭha-priya-darśanam
« Pour les âmes conditionnées, le corps humain est une aubaine rare et elle est aussi passagère, mais je pense que plus rare encore pour ceux qui ont atteint la vie humaine est la compagnie des dévots qui sont chers au Seigneur de Vaikuntha ». (SB 11.2.29)
Selon le roi Muchukunda, l’existence matérielle prend fin lorsque l’on bénéficie d’un tel sadhu-sanga :
bhavāpavargo bhramato yadā bhavej janasya tarhy acyuta sat-samāgamaḥ
sat-saṅgamo yarhi tadaiva sad-gatau parāvareśe tvayi jāyate matiḥ
« Ô Seigneur Acyuta, l’être vivant erre dans le cycle des naissances et des morts. Lorsque le moment de sa libération de ce cycle approche, il obtient d’être en compagnie de ceux qui sont établis dans la vérité. À partir du moment où il obtient une telle compagnie, une inclination de dévotion s’éveille vers Toi, qui es le but suprême des réalisations pour les sages et celui qui arrange à la fois la cause et ses effets ». (SB 10.51.54)
Le Seigneur arrange la cause – la compagnie de sages – qui crée l’effet de la libération de l’existence matérielle et de l’inclination vers la dévotion. Bien que l’existence matérielle soit déracinée par le sadhu-sanga, Muchukunda montre son efficacité en déclarant que lorsque la servitude matérielle a pris fin, on obtient la compagnie d’un sadhu. Il place ainsi l’effet avant la cause. Après avoir atteint la sraddha, son destinataire fait un effort conscient pour rechercher davantage de sadhu-sanga. C’est la deuxième des huit étapes. Ici, le mot « sadhu » (littéralement, « une personne sainte ») signifie « guru » car le bhajana-kriya (pratique de la dévotion) est la troisième étape, et selon Shri Rupa Gosvami, la pratique de l’uttama-sadhana-bhakti commence par l’abandon à un guru qualifié (BRS 1.2.74). En d’autres termes, lorsque l’on a une sraddha appropriée, on cherche un guru.
Rêver de la vie d’un sadhu
J’ai la chance d’avoir rencontré un guru aussi qualifié dans ma vie, bien que je sois maintenant privé de sa compagnie physique. Il est entré dans la lila éternelle de Shri Shri Radha Govindadeva le 6 octobre 2013. Dans la séparation, mes souvenirs du temps passé en sa compagnie surgissent à la surface de mon esprit. Cela élève ma conscience et j’écris ces lignes pour partager mes souvenirs avec les autres afin qu’ils puissent également en bénéficier.
La manière dont je l’ai rencontré et suis devenu un bénéficiaire de sa grâce sans cause est un voyage intéressant. Avec du recul, je ne peux pas considérer cette rencontre autrement que la yadrccha kripa de Shri Krishna. C’est Lui qui est apparu sous la forme de mon guru.
Depuis ma petite enfance, j’eus une profonde inclination intérieure à vivre la vie d’un sadhu. De ce fait, je ne fis jamais de plans pour mener une vie matérielle et j’étais tout à fait certain que je ne me marierais jamais. Enfant, j’avais l’habitude de m’allonger dans mon lit et de contempler la mort. Par nature j’étais très réticent et je ne révélai jamais à personne mon projet de devenir un sadhu ; personne dans ma famille ne soupçonna jamais que j’avais une telle inclination.
Mes parents et grands-parents étaient des Krishna-bhaktas associés à la Radha Vallabha-sampradaya fondée par Hit Harivamsa Gosvami. Ma maison paternelle était à côté du temple du village qui abritait les divinités de Radha Krishna et de la famille du Seigneur Shiva. Ainsi, je grandis en participant aux cérémonies du temple. J’avais aussi ma salle de puja personnelle dans ma maison où je faisais de l’arati et j’offrais la nourriture que ma mère préparait pour la famille. J’aimais beaucoup lire le Mahabharata et le Ramayana, et je les récitais pour les villageois. Les sadhus visitaient parfois le temple du village, mais ils n’étaient pas très bien érudits.
Après avoir terminé mes études d’ingénieur, je n’avais aucune envie de commencer à travailler. Je réfléchissais à la manière de me lancer dans la vie spirituelle et j’étais toujours à la recherche de sadhu-sanga. J’avais l’habitude de rencontrer des sadhus chaque fois que j’en avais l’occasion, mais je ne rencontrai jamais de sadhu capable de m’impressionner et il n’y avait pas d’ashramas ou de sociétés spirituelles dans mon village. Ainsi n’avais-je aucune idée précise de la manière d’aborder la vie spirituelle. Je n’avais pas d’autre choix que d’avoir un emploi. Mes parents et les autres membres de ma famille n’avaient aucune idée de mes projets personnels et pensaient que je mènerais une vie normale et que je finirais par me marier. J’étais très réservé dans mes relations avec les autres et n’avais que peu d’intérêt à me mêler aux gens. Lorsque je les côtoyais, j’agissais comme si je n’avais aucun intérêt spirituel.
Après avoir obtenu un emploi dans ma ville natale, il y eut une demande en mariage. Je considérai que cela ruinerait complètement mes plans, alors je démissionnai de mon poste et trouvai un autre emploi à Mumbai, à plus de 1000 km de ma ville natale. C’était un soulagement car je savais que personne ne ferait pression sur moi pour me marier à Mumbai !
À Mumbai, je cherchais une organisation spirituelle. J’allai au siège d’un groupe de méditation à Mount Abu au Rajasthan pour faire un séjour de méditation de trois jours organisé spécialement pour les ingénieurs et les médecins. J’eus beaucoup de questions pendant les conférences, mais elles ne reçurent pas de réponse satisfaisante, alors je retournai à Mumbai, déçu.
Chaque fois que je retournais dans mon village pour rendre visite à ma famille, il y avait une proposition de mariage. Je ne pensais pas que je fusse capable de convaincre mes parents que je voulais mener une vie de sadhu plutôt que de me marier. N’est-il pas ironique que les familles indiennes tiennent les sadhus en si haute estime, mais si l’un de leurs propres membres veut le devenir, ils protestent avec véhémence ? Je savais très bien que si je rejoignais un ashrama en Inde, les membres de ma famille me traqueraient et essaieraient de me convaincre d’abandonner ma quête spirituelle en raison de leur fort attachement à moi. Par conséquent, je décidai de quitter l’Inde pour aller en Occident. En janvier 1979 je partis pour les États-Unis : à Miami en Floride.
Quand j’atterris là-bas, j’eus une sorte d’épiphanie. Je réalisai l ‘importance de la culture védique et ma détermination à m’engager dans la vie spirituelle devint beaucoup plus intense. Le style de vie américain ne m’attirait point. J’avais beaucoup entendu parler de l’Amérique et de son niveau de vie élevé, mais pour moi tout semblait très vide à l’intérieur : beaucoup de glamour sans beaucoup de substance. En même temps, je me sentais très en sécurité puisque personne n’essayait de me convaincre de me marier. Je n’avais aucun parent dans la région, et la seule communication avec ma famille en Inde était par lettres, il fallait environ un mois pour obtenir une réponse.
À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de temples hindous ou d’organisations hindoues aux États-Unis. J’ai visité le Krishna Murti Study Center à Miami et le centre de Bala Bhagavan, communément appelé « Guruji », mais je ne fus pas impressionné. Finalement, j’appris qu’il y avait un temple dirigé par des dévots américains à quelques kilomètres de ma résidence, alors j’allai assister à un programme du dimanche soir. Je ne connaissais pas l’ISKCON jusqu’à ce jour-là, mais j’en appris davantage sur l’organisation après ma visite. L’atmosphère générale me sembla très étrange et je fus rebuté par l’humeur agressive des dévots : ils semblaient surtout intéressés par la vente de leurs livres. J’aimai toujours acheter des livres, mais je refusais de le faire à cause de leur agressivité. Je quittai le temple aussi vite que je pus et je n’y retournai plus jamais. Je me souviens avoir pensé : « Cette société n’est pas pour moi ».
À suivre
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