Shravana-guru, shiksha-guru et diksha-guru

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Il arrive fréquemment que je reçois de nombreuses questions liées au shiksha-guru et au diksha-guru. Selon la compréhension générale dans la communauté des dévots, ces deux personnes sont différentes. Je ne connais pas la raison d’une telle compréhension, ni l’histoire qui s’y rapporte. De plus, il n’y a pas de compréhension très claire de qui est un shiksha-guru.

Il arrive fréquemment que je reçois de nombreuses questions liées au shiksha-guru et au diksha-guru. Selon la compréhension générale dans la communauté des dévots, ces deux personnes sont différentes. Je ne connais pas la raison d’une telle compréhension, ni l’histoire qui s’y rapporte. De plus, il n’y a pas de compréhension très claire de qui est un shiksha-guru. Dans les anucchedas 206 et 207 du Bhakti Sandarbha, Shri Jiva Goswami discute du shravana-guru, du bhajana-shiksha-guru et du mantra-guru. Je présente ici pour les lecteurs intéressés la traduction de cet anuccheda avec mon commentaire.

Traduction de l’anuccheda 206

Le shravana-guru et le bhajana-shiksha-guru sont généralement la même personne, comme le sage Prabuddha l’a indiqué au roi Nimi :

tatra bhāgavatān dharmān śikṣed gurv-ātma-daivataḥ
amāyayānuvṛttyā yais tuṣyed ātmātma-do hariḥ

« En sa présence [c’est-à-dire celle du shravana-guru, décrit dans le verset précédent], l’aspirant qui considère son guru comme son soi et son objet d’adoration, devrait apprendre, par le biais d’un service continu sans prétention, le dharma qui se rapporte directement à Bhagavan, par lequel (dharma) Shri Hari, le Soi Immanent Suprême qui accorde même Son propre Soi [à Ses dévots], devient satisfait ». (SB 11.3.22)

Le pronom « tatra » fait référence au shravana-guru, décrit dans le verset précédent : « tasmad gurum prapadyeta » (SB 11.3.21). Le mot composé « gurv-atma-daivatah » fait référence à l’aspirant, qui est d’une telle disposition (tatha-bhutah) qu’il considère son guru seul comme son propre soi (atma), signifiant « sa véritable vie » (jivanam) et comme son objet d’adoration (daivata), signifiant « sa divinité d’adoration » (nija-ishta-daivata). Un tel aspirant devrait apprendre (shikshet) par le biais d’un service sans prétention (amayaya), ce qui signifie « sans duplicité » (nirdambhaya), d’un service continu (anuvrittya), c’est-à-dire en le suivant avec obéissance (tad-anugatya).

Le pronom « yaih », « par lequel », signifie « au moyen duquel le dharma » (dharmaih) [Shri Hari devient satisfait], le mot « atma », « le Soi », signifie « Paramatma, le Soi Immanent Suprême ». Le mot « atma-dah » signifie « Celui qui accorde même son propre Soi à Ses dévots, tels que Shri Bali et d’autres ». Comme mentionné précédemment, l’on peut avoir de nombreux shiksha-gurus.

Traduction de l’anuccheda 207

L’on ne peut avoir qu’un seul mantra-guru, comme l’indique le sage Avirhotra :

abdhvānugraha ācāryāt tena sandarśitāgamaḥ
mahā-puruṣam abhyarcen mūrtyābhimatayātmanaḥ

« Celui qui a reçu la grâce (anugraha) d’un acarya et qui a été instruit par lui dans la méthode d’adoration prescrite selon les Agamas, devrait adorer le Purusha Suprême [Bhagavan] sous la forme qui correspond à son désir ». (SB 11.3.48)

Dans ce verset, le mot « anugraha » signifie « le grâce sous forme d’initiation au mantra » (mantra-diksha-rupah). L’Agama fait référence à l’écriture qui décrit le mantra et la méthode d’adoration selon ce mantra. Ici, l’utilisation du singulier [acaryat, « de cet acarya-là »] implique qu’il ne peut y avoir qu’un seul mantra-guru.

Cela est confirmé par le fait qu’il est interdit d’abandonner son mantra-guru, comme indiqué dans le Brahma-Vaivarta Purana :

bodhaḥ kaluṣitas tena daurātmyaṁ prakaṭīkṛtam
gurur yena parityaktas tena tyaktaḥ purā hariḥ

« Celui qui a abandonné son guru a déjà rejeté Bhagavan Hari. Son intelligence est polluée et il a agi avec duplicité ».

Si l’on se tourne vers une autre personne simplement parce que l’on n’est pas satisfait de son guru, alors en acceptant plus d’un guru, le guru précédent est sans doute rejeté.

Le même point [ne pas abandonner son guru] est à nouveau souligné par l’exception à la règle générale dans le Narada Pancaratra :

avaiṣṇavopadiṣṭena mantreṇa nirayaṁ vrajet
punaś ca vidhinā samyag grāhyed vaiṣṇavād guroḥ

« L’on va en enfer en recevant un mantra d’un guru qui n’est pas un Vaishnava. Une telle personne devrait à nouveau accepter un mantra d’un guru Vaishnava, conformément aux principes prescrits ».

Commentaire

Ici, Shri Jiva Goswami mentionne trois types de gurus, à savoir shravana-guru, bhajana-shiksha-guru et mantra-guru. Le shravana-guru est celui qui enseigne les shastras. À l’heure actuelle, il est communément appelé le shiksha-guru. Du point de vue de Shri Jiva Goswami, le shiksha-guru est celui dont on apprend la méthode pour accomplir le bhajana. Le bhajana signifie ici la récitation de mantras, le chant de kirtana et l’accomplissement d’autres pratiques de dévotion connexes. Habituellement, ces deux-là seront les mêmes, car l’enseignant auprès duquel on commence à étudier deviendra naturellement son guide pour la pratique spirituelle. Il est préférable qu’ils soient la même personne, sinon il peut y avoir la confusion dans l’esprit du disciple.

Si le disciple entend des opinions opposées de la part de deux enseignants différents, il sera en difficulté, car les propos de l’un d’entre eux devront être ignorés, ce qui pourrait conduire à une offense. Si ces deux gurus appartiennent à la même tradition spirituelle, il se peut qu’il n’y ait pas de grande différence dans leurs enseignements, sinon il y aura forcément une certaine disparité. L’on entend parfois parler de Vaishnavas à Vrindavana qui avaient du respect pour les aînés, ou les guru, des deux côtés d’une controverse, et qui se cachaient pour ne pas avoir à prendre parti, craignant que cela n’offensât l’un d’entre eux.

L’adoration de la déité est également un aspect important de la bhakti. Mais pour être éligible à l’adoration, il faut d’abord recevoir le mantra de la déité d’un véritable guru. Par conséquent, le shiksha-guru qui enseigne l’aspect pratique de la dévotion est aussi le mantra-guru, puisque le mantra est nécessaire pour l’adoration de la déité. Le mantra-guru est aujourd’hui généralement appelé le diksha-guru. Généralement, le shravana-guru, le shiksha-guru et le mantra-guru sont une seule et même personne, très rarement ils sont différents. Il est aussi pratique et conseillé que tous les trois soient une seule personne, sinon, il peut y avoir une confusion et un conflit dans l’esprit du disciple, ce qui peut conduire à des offenses. Le shiksha-guru peut être différent du diksha-guru soit sur ordre de ce dernier, soit avec sa permission. Ce n’est que dans un tel cas que le shiksha-guru est respecté et accepté au même titre que son diksha-guru

Il ne peut y avoir qu’un mantra-guru car l’on n’est initié que dans un mantra particulier. Il est possible que l’on étudie de différents gurus et que l’on apprenne également les bhajanas de divers maîtres, mais l’on ne peut pas être initié au mantra par deux ou plusieurs gurus. Si on le fait, il est sous-entendu qu’un tel disciple a déjà rejeté le mantra-guru précédent ainsi que le mantra qu’il lui avait donné. Par conséquent, il ne peut y avoir qu’un seul mantra-guru. Les shastras nous informent qu’il n’y a pas de différence entre le mantra, le guru et Bhagavan.

yo mantraḥ sa guruḥ sākṣāt yo guruḥ sa hariḥ svayam
gurur yasya bhavet tuṣṭas tasya tuṣṭo hariḥ svayam
(Attribué au Vamana-kalpa, cité dans le Hari-bhakti-vilasa, 4.351)

Par conséquent, rejeter le guru signifie également rejeter Bhagavan. Par la même logique, obtenir un guru signifie atteindre Bhagavan. Il y a, cependant, quelques cas exceptionnels dans lesquels on est autorisé à abandonner son guru. Si l’on a pris diksha dans un mantra autre qu’un mantra Vaishnava, alors on devrait abandonner de tels guru et mantra et accepter un guru Vaishnava. Il n’y a pas d’alternative à cet égard. Shri Jiva Goswami se réfère à une telle situation comme cause d’insatisfaction chez le disciple. L’on est autorisé d’abandonner son mantra-guru uniquement dans une pareille situation. En effet, selon le Narada Pancaratra, une fois qu’un étudiant connaît ce principe, il doit abandonner le guru non-Vaishnava. Cela implique également qu’un guru Vaishnava ne donne jamais un mantra non-Vaishnava. 

L’adoration recommandée est celle qui est conforme à l’Agama. Le mot « agama » signifie ici les écritures du Tantra, comme il ressort du verset précédent : « L’on devrait adorer Bhagavan Keshava (Krishna) au moyen des rites védiques avec les rites tantrika » –  « vidhinopacared devaṁ tantroktena ca keśavam » (SB 11.3 .47).

Krishna recommande également qu’à l’époque actuelle, l’adoration soit faite à la fois par des mantras védiques et des mantras tantrika : « [La pratique de la dévotion comprend] la diksha dans les mantras védiques et tantriques ainsi que l’observation des vratas liés à Moi [comme Ekadashi] » – « vaidikī tāntrikī dīkṣā madīya-vrata-dhāraṇam »  (SB 11.11.37).

D’une manière générale, dans la tradition Vaishnava le tantra est appelé le Pancaratra, le Pancaratragama, ou simplement l’Agama, comme dans le verset principal de cet anuccheda. En revanche, les Vedas sont appelés Nigama, comme dans le SB 1.1.3 (nigama-kalpa-taroh).

La relation guru-disciple est l’un des aspects les plus importants et uniques de la société indienne. En effet, ce lien sacré est ce qui rend la société indienne distincte dans le monde entier. Bien qu’à l’heure actuelle il y ait peu ou pas de formation dans cette tradition sacrée, elle est encore très profondément ancrée dans la psyché indienne, comme si c’était dans leurs gènes. Son importance ne peut être comprise qu’en l’expérimentant. Pour l’esprit moderne, la relation guru-disciple apparaît comme si le disciple sacrifiait son indépendance pour devenir l’esclave de son guru. L’esprit moderne ne peut pas comprendre que la seule voie à travers laquelle la connaissance transcendantale soit transmise est celle qui commence dans le cœur du guru et qui mène vers celui du disciple. Il ne s’agit pas simplement d’assister à une conférence dans une salle de classe où un enseignant parle puis s’en va : le disciple et l’enseignant doivent rester liés l’un à l’autre. Lorsque la relation est pure, alors l’enseignement est transmis même sans paroles – comme si leurs cœurs s’unissaient –, et la connaissance se transfère à travers ce lien. L’histoire de l’Inde est riche en histoires de cette relation parfaite et ce, de l’âge des Upanishads jusqu’aux temps modernes. À cet égard, la Shvetashvatara Upanishad (6.23) affirme ceci :

« Le sens profond des enseignements décrits dans cette Upanishad ne sont révélées qu’à l’âme élevée en qui la dévotion transcendantale pour Bhagavan est présente et qui éprouve la même qualité de dévotion pour son guru que celle éprouvée pour Bhagavan ».

yasya deve parā bhaktir yathā deve tathā gurau
tasyaite kathitā hy arthāḥ prakāśante mahātmanaḥ

Le verset cité dans cet anuccheda (SB 11.3.22) est prononcé par le sage Prabuddha. Il contient l’instruction la plus importante pour un disciple sincère. Dans le verset précédent, cité dans l’anuccheda 202.4, Prabuddha a précisé les caractéristiques essentielles d’un guru qualifié. Dans ce verset, il élabore celles du disciple sincère. 

Le premier critère mentionné est que l’étudiant doit étudier le bhagavata-dharma, ou la bhakti, du guru. La bhakti n’est pas quelque chose qu’il est possible de comprendre en lisant des livres ou des articles sur Internet. Il faut l’étudier avec un guru authentique. C’est une injonction, comme l’indique l’utilisation de la forme optative du verbe tatra shikshet : « l’aspirant doit apprendre en présence de son guru ». Il n’y a pas d’autre solution. Le second critère est que cette étude doit être entreprise en rendant un service continu au guru (anuvrittya). De plus, ce service doit être fait sans aucune duplicité ni prétention (amayaya). À cet égard, Krishna déclare ceci :

« Moi, le Soi Immanent de tous les êtres, Je ne suis pas aussi satisfait du sacrifice quotidien, de l’étude des Vedas, des austérités ou du renoncement, que Je le suis d’un service offert au guru » – « nāham ijyā-prajātibhyāṁ tapasopaśamena vā tuṣyeyaṁ sarva-bhūtātmā guru-śuśrūṣayā yathā » (SB 10.80.34).

Pour soutenir la même conclusion, Narada a instruit Yudhishthira en disant que l’on peut atteindre la perfection simplement en servant un guru qualifié (SB 7.15.25). D’autre part, si l’on manque de respect au guru, il ne peut rien accomplir spirituellement (SB 7.15.26 ). Le guru est la clef, la porte du monde spirituel, ainsi que le compagnon dans le monde spirituel. Pour ces raisons, il faut traiter le guru avec respect et amour. 

Le mot composé « gurv-atma-daivatah » est très important. Il se réfère à l’aspirant disciple, mentionné dans le verset précédent, qui est profondément curieux du bien ultime (jijñāsuḥ śreya uttamam). Ce mot composé signifie que le véritable aspirant est celui qui considère son guru comme son propre soi (atma) et son objet d’adoration (devata). Une expression presque identique a été employée dans le tout premier anuccheda de ce livre, à savoir, guru-devatma (SB 11.2.37).

Le mot « atma » est utilisé ici au sens de l’objet de l’amour pur et inconditionnel. L’on devrait aimer le guru comme on aime Dieu, ou Krishna. Tout comme rien ne peut rester caché de son propre atma, la même dynamique s’applique au guru. Cela donne lieu à un profond sentiment d’unité. Il devrait y avoir une unité de cœur entre le guru et le disciple. Le disciple doit accorder son cœur avec celui du guru, comme indiqué dans le Rig Veda : « Que votre intention soit une et identique, vos cœurs unis et vos esprits d’un seul accord afin que la compagnie intime soit la vôtre » – « samānī va ākūtiḥ samānā hradayāni vaḥ samānamastu vo mano yathā vaḥ susahāsati » (10.191.4). C’est la signification du mot « atma ». Cela signifie également que l’on devrait être comme un livre ouvert devant le guru

Le deuxième mot est « daivatam », ce qui signifie que le guru doit être considéré avec la même attitude que celle que l’on a envers sa déité d’adoration. Si l’on n’éprouve que de l’amour sans éprouver de vénération, alors on ne pourra pas recevoir d’instructions du guru. L’on peut devenir trop familier avec lui. Pour cette raison, le sage utilise le mot « daivatam » : l’on doit honorer le guru de la même manière qu’on honore la déité adorée. L’on ne devrait jamais penser au guru comme à un être humain ordinaire : « guruṣu nara-matiḥ » (Padyavali 114). En d’autres termes, le disciple doit éprouver les deux sentiments envers le guru : aishvarya et madhurya, la vénération et l’intimité. Lorsque l’on sert le guru de cette manière, Krishna est content. Krishna est appelé ici « atma-dah » ou « Celui qui se donne à ses dévots ». Lorsque Krishna fut satisfait de l’abandon de Bali, Il Se donna à Bali et devint son portier. Cela signifie que lorsque le guru est satisfait, Krishna l’est également.

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