Après avoir montré le pouvoir purificateur que possède même un semblant de bhakti, Shri Jiva Gosvami va encore plus loin en disant qu’un semblant de bhakti, dont la nature même est offensante, a le pouvoir de libérer une personne de ses péchés. C’est certainement fort étonnant.
Commentaire de Satyanarayana Dasa Babaji sur l’anuccheda 153 (voir la publication précédente)
Après avoir montré le pouvoir purificateur que possède même un semblant de bhakti, Shri Jiva Gosvami va encore plus loin en disant qu’un semblant de bhakti, dont la nature même est offensante, a le pouvoir de libérer une personne de ses péchés. C’est certainement fort étonnant. Habituellement, un acte offensant est déplaisant, alors comment une personne qui se comporte de manière déplaisante peut-elle obtenir des bénédictions ? Cela est possible si la personne est innocente et si elle n’est pas malhonnête. À cet égard, Shri Jiva Gosvami donne l’exemple d’un mangeur d’hommes qui a attaqué un brahmana. Pour se protéger, le brahmana récita un mantra contenant le nom de Bhagavan, ce qui purifia l’assaillant. Le mangeur d’hommes n’entendit pas le mantra comme un acte de dévotion et son intention était de manger le brahmana. Pourtant, il se purifia en entendant les noms de Bhagavan.
Le second exemple se trouve dans le chapitre 167 du Vishu-dharmottara Purana. Il y avait une souris dans un temple de Vishnu qui avait l’habitude de voler une mèche de la lampe à ghee située devant la déité. Un jour qu’elle était sur le point de la voler, elle entendit le cri d’un chat et eut peur. Par crainte, elle s’enfuit avec la mèche de ghee dans sa bouche. Presque éteinte, la mèche s’enflamma à nouveau. La mèche brûlante se coinça dans ses dents et la souris sauta de douleur, ce qui la, en fin de compte, tua. Son saut avec la mèche équivalait à une offrande de la lampe à ghee à Bhagavan. En conséquence, elle naquit en tant que fille du roi de Vidarbha nommé Citraratha et fut ensuite mariée au roi de Kashi. Elle était très dévouée et aimait à offrir une lampe à ghee à Bhagavan. Après la mort, elle alla au Vaikuntha.
Toutes ces histoires expliquent la puissance inconcevable de la bhakti. Aucun autre processus n’est comparable à la bhakti. Shri Jiva Gosvami dit que sur le chemin du jnana, on vise l’identité avec le Brahman, mais l’on encourt le péché même en parlant de cette identité sans être complètement renoncé. Cela contraste avec le chemin de la dévotion où même un semblant de bhakti confère le bénéfice de la bhakti à quelqu’un qui n’est même pas un dévot (c’est-à-dire même pas consciemment engagée dans un acte de bhakti). Nous pouvons alors deviner quelle est la puissance de la bhakti lorsqu’une personne s’identifie à un dévot.
Dans son célèbre ouvrage intitulé Le Sri Bhagavan-nama-kaumudi, Lakshmidhara Pandita a prouvé que les gloires de la bhakti ne sont pas de simples exagérations. Shri Jiva Gosvami cite également le Padma Purana, la Brahma-samhita et la Katyayayana-samhita qui interdisent de telles pensées sur les gloires de la bhakti. Un doute pertinent est soulevé à cet égard : si la bhakti a une telle puissance, alors pourquoi un tel effet n’est-il généralement pas éprouvé par les personnes pratiquant la bhakti ? Shri Jiva Gosvami répond que l’offense à la bhakti est la seule chose qui empêche la manifestation du pouvoir de la bhakti.
Ici, il fait le commentaire intéressant selon lequel c’est le cas de la plupart des dévots contemporains de son temps (et du nôtre, par extension). Il donne l’exemple du roi Nriga. Nriga fut un roi très charitable et aussi un dévot, mais dans sa vie suivante il devint un lézard. Il fit don d’une vache à un brahmana mais cette vache s’enfuit et se réintégra dans le troupeau du roi. Par erreur, le roi fit don de la même vache à un autre brahmana. Le premier brahmana repéra la vache chez l’autre brahmana et la réclama pour lui-même. Cela conduisit à une grosse dispute entre eux et ils approchèrent le roi. Le roi demanda au brahmana d’accepter une autre vache mais il refusa. Le roi lui offrit alors autant de vaches qu’il le désirait, mais le brahmana était catégorique, il se fâcha et s’en alla. À cause de cette erreur, le roi devint un lézard. Le roi était également engagé dans la bhakti, mais comme il considérait les gloires de la bhakti comme une exagération, il avait davantage confiance dans le karma-kanda. De ce fait, la bhakti ne le protégea pas à cause de cette offense.
La conclusion est que bien que la bhakti soit suprêmement puissante, tout comme l’est Bhagavan, la bhakti peut être couverte d’offenses. Il existe principalement deux types d’offenses, à savoir le sevaparadha et le namaparadha. Les deux seront décrits plus tard. Avec beaucoup d’attention, un bhakta doit les éviter. À moins d’être libre d’offenses, le pratiquant ne fera pas l’expérience de la puissance de la bhakti telle qu’elle est décrite dans les shastras.
Pour montrer la gravité des offenses, Shri Jiva Gosvami se réfère à l’histoire du roi Shatadhanu se trouvant dans le Vishnu Purana (troisième partie, chapitre 18). Le roi et sa reine Shaivya observèrent tous deux le vœu de Kartika pendant le mois de Kartika. Un jour, ils se rendirent au bord du Gange pour prendre un bain sacré. Là, le roi vit un hérétique qui se trouvait être également un ami de son enseignant d’arts militaires. Par respect pour son maître, le roi traita l’hérétique d’une manière amicale et s’entretint avec lui. Mais la reine garda le silence sachant bien qu’il était hautement impropre de parler avec un hérétique tout en observant son vœu. Elle regarda le soleil pour contrer le péché de voir l’hérétique. Ils retournèrent ensuite dans leur palais et adorèrent Vishnu en observant les règles appropriées. Le roi mourut en temps voulu et la chaste reine se brûla sur son bûcher funéraire. Le roi prit naissance dans un corps de chien dans sa vie suivante car il avait parlé à un hérétique tout en suivant le vœu de Kartika. La reine, cependant, naquit en tant que fille du roi de Kashi. Elle était très belle, bien éduquée et intelligente. Lorsqu’elle fut majeure, le roi voulut la marier à un prince qualifié mais elle refusa. Elle se souvenait de sa vie passée et par sa vision divine pouvait comprendre le sort de son précédent mari. Elle le retrouva sous forme d’un chien et lui donna à manger de la bonne nourriture. Le chien était heureux et remuait la queue devant elle. Elle avait honte de voir son ancien mari, un grand roi, la regarder maintenant d’un air flatteur. Elle raconta respectueusement au chien sa vie passée et la raison pour laquelle il était devenu un chien. Le chien put alors se souvenir de sa vie passée et devint abattu. Il sortit de la ville et se suicida en sautant d’une montagne. Ensuite, il devint un chacal et la reine le retrouva de nouveau et lui rappela sa précédente naissance humaine en tant que roi. Le chacal jeûna alors jusqu’à quitter son corps. Dans les vies suivantes, il naquit sous forme d’un loup, d’un vautour, d’un corbeau puis d’un paon. Chaque fois, la princesse le retrouvait et lui rappelait ses vies passées. Alors qu’il était un paon, le roi Janaka effectua un Ashvamedha yajna et à la fin, le roi prit le bain rituel et mit une partie de l’eau sanctifiée sur le paon. À la suite de cela, le paon naquit en tant que fils du roi Janaka. Lorsque le fils devint majeur, la princesse l’épousa. Ils atteignirent le Vaikuntha à la fin de leur vie. C’est une histoire très parlante. Autant nous nous sentons heureux de lire les gloires de la bhakti, autant nous devons faire très attention à ne commettre aucune offense intentionnelle. Pour cela, nous devons également nous renseigner sur les différents types d’offenses.
Bien qu’un seul acte de bhakti soit suffisant pour atteindre la perfection, les offenses y créent un obstacle. Par conséquent, un pratiquant doit s’engager régulièrement dans la bhakti car cela atténuera la réaction d’une offense. Pourquoi une offense est-elle aussi puissante qu’elle peut empêcher la bhakti ? La bhakti est ce qui donne du plaisir à Bhagavan. Une offense est un acte déplaisant. Si les deux sont exécutés simultanément, l’offense ne permettra naturellement pas à la bhakti de se manifester. C’est comme essayer d’allumer un feu en versant de l’eau sur les brindilles. Si les brindilles sont sèches, une seule allumette suffit pour les allumer, mais si elles sont mouillées, il faudrait d’abord beaucoup d’allumettes pour les faire sécher et c’est alors seulement qu’elles prendront feu. De même, la pratique de la bhakti efface d’abord les offenses. Un seul acte de dévotion apportera la perfection une fois qu’une personne aura été libre d’offenses. Nous pouvons également comprendre par analogie que si nous offrons un service favorable aux autres tout en les irritant en nous mettant en colère contre eux ou en les critiquant en face, alors ils donneront plus de poids au comportement abusif qu’à notre service. Pour leur faire plaisir, nous devons cesser tout acte déplaisant et continuer à les servir favorablement. Puis, tôt ou tard, ils pardonneront notre comportement et deviendront ainsi heureux avec nous.
Par conséquent, un dévot sincère doit très soigneusement éviter les offenses et pratiquer méticuleusement la dévotion. Alors on pourra découvrir les gloires de la bhakti. Tout comme l’assiette qui est utilisée pour offrir de la nourriture à la déité ne doit pas être utilisée à d’autres fins, l’esprit, le corps et les sens qui sont utilisés pour le service de Bhagavan et qui lui sont dédiés ne devraient pas être utilisés pour des actes pécheurs. La langue qui est utilisée pour réciter les noms de Bhagavan ne devrait pas être utilisée pour mentir, tricher ou égarer les autres.
Ensuite, Shri Jiva Gosvami enseigne une connaissance très pratique sur les cinq conséquences des offenses. Cette connaissance peut aider à faire une introspection et à agir pour la rectification. Tout comme la sadhana-bhakti mène à l’amour de Bhagavan, les offenses amènent l’indifférence envers la bhakti et, finalement, l’aversion à l’égard de la bhakti. La pratique de la sadhana-bhakti nous rend fermes sur la voie, nous apporte de l’humilité, nous donne du goût et une absorption complète. Les offenses font exactement le contraire.
Comment savoir si nos offenses sont d’une vie passée ou de cette vie ? Si après s’être engagé dans la bhakti et surtout après s’être retrouvé en compagnie d’un grand dévot l’on éprouve encore les conséquences d’offenses, telles que la malhonnêteté, alors il faut en déduire que l’on avait commis une offense grave. Il faut devenir très attentif et s’engager continuellement dans la bhakti avec effort, en particulier en chantant le Saint Nom. Si l’on est au courant de l’offense, alors on devrait essayer de l’atténuer par une action appropriée. Par exemple, si l’on a offensé un dévot, alors on devrait essayer de lui faire plaisir.
Ensuite, Shri Jiva Gosvami commence à expliquer les principales conséquences des offenses. La malhonnêteté est la conséquence de la première offense, ce qui signifie être malhonnête dans son comportement, c’est-à-dire agir et parler tout en maintenant une motivation cachée. Shri Jiva Gosvami donne l’exemple de Duryodhana. Duryodhana prit des dispositions très élaborées pour recevoir Krishna lorsqu’Il vint à Hastinapur (la capitale des Kauravas) en tant que messager de la paix des Pandavas. Duryodhana érigea de belles portes en guise de bienvenue et engagea des brahmanas à chanter des mantras védiques le long du chemin. Il fit préparer un grand festin en l’honneur de Krishna. Lorsque Krishna entra dans la ville et vit tous les préparatifs, Il comprit immédiatement la malhonnêteté de Duryodhana. Duryodhana voulait impressionner Krishna afin qu’Il le favorisât et abandonnât les Pandavas. Duryodhana n’était pas honnêtement dévoué à Krishna. Par conséquent, Krishna n’alla pas dans son palais mais se dirigea vers la simple hutte de Vidura pour le déjeuner.
Bhagavan n’accepte pas le service d’une personne malhonnête. Il connaît les véritables intentions de chacun et, de ce fait, il n’est pas possible de Le tromper. Il accepte même de l’eau ou une feuille offertes avec sincérité, mais ne regarde pas un grand festin offert avec une motivation cachée. Shri Suta dit qu’adorer Bhagavan ne présente aucune difficulté car la bhakti est l’activité la plus naturelle pour un être vivant. Mais la bhakti semble difficile à cause de notre nature malhonnête. Ainsi ne sommes-nous pas attirés vers elle. Cela est dû à notre attachement aux plaisirs de la langue et des organes génitaux ainsi qu’aux objets qui facilitent ces plaisirs. Bhagavan est notre créateur, Il nous maintient et Il veut notre bien. Nous devrions Lui être reconnaissants, mais à cause de notre attachement aux plaisirs des sens, nous servons d’autres êtres malhonnêtes et en subissons les coups. Des histoires comme celle de la souris et de la mèche de ghee sont vraies, leurs protagonistes n’étaient pas des personnes malhonnêtes même si c’étaient des pêcheurs ; c’est pourquoi la bhakti a manifesté ses résultats. L’on n’obtient pas le fruit de la bhakti tout en restant malhonnête, d’où l’impossibilité de profiter d’un semblant de bhakti.
Shri Jiva Gosvami continue d’expliquer la conséquence de la malhonnêteté dans l’anuccheda suivant.
À suivre
Material desires have no end. They can’t be brought to end by fulfilling them. Fulfilling your material desires is just like pouring ghee into the fire. Pour ghee on the fire and it goes down. But, after some time, the fire comes up again, and even stronger than before. Similarly, satisfy a desire and it will breed more desires.
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