Dans l’anuccheda 238 du Bhakti Sandarbha, Shri Jiva Gosvami explique l’importance d’être en compagnie de Vaishnavas ainsi que de les servir. En citant les paroles de Shri Krishna adressées à Uddhava, il montre comment le sadhu-sanga capture le cœur de Shri Krishna.
Dans l’anuccheda 238 du Bhakti Sandarbha, Shri Jiva Gosvami explique l’importance d’être en compagnie de Vaishnavas ainsi que de les servir. En citant les paroles de Shri Krishna adressées à Uddhava, il montre comment le sadhu-sanga capture le cœur de Shri Krishna. Par ailleurs, il explique comment faire face à la situation où l’on a accepté un guru non qualifié. Je présente ci-dessous la traduction de la première partie de cet anuccheda ainsi que mon commentaire à ce sujet.
Traduction de l’anuccheda 238
Avec la permission de son guru, il est bénéfique (shreya) de servir d’autres Vaishnavas également, à condition que cela n’entre pas en conflit avec le service offert à son propre guru. Autrement [si cela est fait sans le consentement de son guru], un tel service sera imparfait, comme le confirme Shri Narada :
gurau sannihite yas tu pūjayed anyam agrataḥ
sa durgatim avāpnoti pūjanaṁ tasya niṣphalam
« Celui qui adore d’abord quelqu’un d’autre en présence de son guru atteint un résultat défavorable et son adoration de Bhagavan en est rendue vaine ».
Les caractéristiques d’un guru authentique ont déjà été expliquées [dans l’anuccheda 202] dans des versets comme celui-ci :
tasmād guruṁ prapadyeta jijñāsuḥ śreya uttamam
śābde pare ca niṣṇātaṁ brahmaṇy upaśamāśrayam
« Par conséquent, une personne qui est profondément curieuse au sujet du bien ultime devrait trouver refuge auprès d’un précepteur qui est profondément versé dans la forme sonore de Brahman [les Védas], qui a réalisé directement le Brahman transcendant et qui est ainsi devenu une véritable demeure de tranquillité intérieure ». (SB 11.3.21)
Une personne qui dès le début n’accepte pas un guru de ce calibre et dont le guru, par envie, ne lui permet pas d’honorer et de servir des dévots de Bhagavan hautement réalisés, aura ainsi méprisé les shastras dès le départ [en acceptant un guru non qualifié] et, de ce fait, les shastras ne tiennent même pas compte de son cas. Une calamité s’abattra sur une telle personne dans les deux cas [car s’il suit l’ordre de son guru, il n’honorera pas les grands dévots ; et s’il honore les dévots, il désobéira à son guru]. C’est dans cet esprit que le Narada-Pancharatra déclare :
yo vakti nyāya-rahitam anyāyena śṛṇoti yaḥ
tāv ubhau narakaṁ ghoraṁ vrajataḥ kālam akṣayam
« La personne dont les instructions ne sont pas en accord avec les écritures et celle qui entend de tels enseignements illégitimes se préparent à aller dans un enfer épouvantable pour une durée illimitée ».
Par conséquent, un tel guru ne devrait être respecté qu’à distance, et s’il est hostile envers les Vaishnavas, il devrait certainement être abandonné, comme cela est indiqué ci-dessous :
guror apy avaliptasya kāryākāryamajānataḥ
utpatha-pratipannasya parityāgo vidhīyate
« Il est stipulé qu’un guru vaniteux, qui ne sait pas ce qui doit être fait et ce qui doit être évité, et qui a trébuché sur la mauvaise voie doit être abandonné ». (MB, « Udyoga Parva » 179.25)
De plus, un tel guru ne peut pas être considéré comme un Vaishnava car il n’a pas le caractère d’un Vaishnava et, par conséquent, la recommandation suivante est donnée à l’égard d’un tel guru :
avaiṣṇavopadiṣṭena mantreṇa nirayaṁ vrajet
punaś ca vidhinā samyag grāhayed vaiṣṇavād guroḥ
« L’on va en enfer lorsque l’on reçoit un mantra d’un guru qui n’est pas Vaishnava. Une telle personne devra à nouveau accepter un mantra d’un guru Vaishnava, conformément aux principes prescrits ».
Si, cependant, un guru authentique doté des qualités décrites précédemment n’est plus présent, alors un service régulier offert à un dévot hautement réalisé (maha-bhagavata) sera fort bénéfique. De plus, le maha-bhagavata que l’on sert devrait avoir le même regard de dévotion (sama-vasana) qu’avait son guru et il devrait faire preuve de la compassion envers celui qui le sert. Ce principe est énoncé dans le Hari-bhakti-sudhodaya :
yasya yat-saṅgatiḥ puṁso maṇi-vat syāt sa tad-guṇaḥ
sva-kularddhyai tato dhīmān sva-yūthyān eva saṁśrayet
« De même que les qualités d’un objet proche se reflètent dans un cristal, de même les qualités de la personne que l’on fréquente se reflètent dans son propre être. Par conséquent, pour le progrès de sa lignée, une personne de discernement doit rester en compagnie de ceux qui appartiennent à sa propre communauté ». (HBS 8.52)
Il est essentiel d’accepter la compagnie d’un maha-bhagavata qui éprouve de la compassion envers autrui, car s’il n’éprouve pas de compassion, l’on ne développera pas d’affection pour lui dans son cœur.
Il existe deux types de service offert aux maha-bhagavatas
Par conséquent, l’on devrait offrir un service approprié (seva) à tous ceux qui sont dotés de véritables insignes d’un bhagavata. Le service (seva) offert aux dévots hautement réalisés (maha-bhagavatas) est de deux types : soit les côtoyer (prasanga), soit les assister personnellement dans leurs différentes activités (paricharya).
De ces deux, le service que l’on leur offre en les côtoyant est expliqué par Shri Krishna :
na rodhayati māṁ yogo na sāṅkhyaṁ dharma eva ca
na svādhyāyas tapas tyāgo neṣṭā-pūrtaṁ na dakṣiṇā
vratāni yajñaś chandāṁsi tīrthāni niyamā yamāḥ
yathāvarundhe sat-saṅgaḥ sarva-saṅgāpaho hi mā
« Ni l’[ashtanga]-yoga, ni le sankhya [c’est-à-dire faire la distinction entre le soi (atma) et toutes les catégories empiriques du non-soi (anatma)], ni le dharma [c’est-à-dire la moralité universelle avec l’attitude de la non-violence et ainsi de suite], ni l’étude des Védas (svadhyaya), ni la pénitence volontaire (tapa) ou la vie de renoncement (tyaga, c’est-à-dire le sannyasa), ni les sacrifices au feu (ishta, c’est-à-dire l’agni-hotra) ou les travaux de bien-être social, tels que creuser des puits et des étangs (purta), ni la charité (dakshina, c’est-à-dire le dana), ni les jeûnes (vratani), ni l’adoration des devas dans les cérémonies rituelles (yajna), ni la récitation de mantras secrets (chandamsi), ni la visite de lieux saints (tirthani), ni le respect des codes éthiques (niyama) ou des contraintes morales (yama), ne peuvent Me mettre sous contrôle (avarundhe, c’est-à-dire vasi-karoti) de la même manière que le fait la compagnie de vrais dévots (sat-sanga), laquelle dissipe tous les autres attachements ». (SB 11.12.1-2)
Commentaire
Dans l’anuccheda précédent, Shri Jiva Gosvami a expliqué l’importance de servir son guru pour réussir sur le chemin de la bhakti. À présent, il souligne l’importance du service offert aux dévots de Bhagavan, en particulier le service offert aux dévots hautement réalisés, les maha-bhagavatas. Il prévient, cependant, que le service offert aux autres dévots doit être entrepris avec la permission de son guru. De plus, le service offert à un autre dévot ne devrait pas entrer en conflit avec le service offert à son propre guru. Si quelqu’un néglige son guru et sert un autre grand dévot, cela ne sera pas bénéfique pour son progrès spirituel. Au contraire, cela deviendra un obstacle. Le point essentiel est qu’il ne faut jamais mépriser ou négliger son guru, même pour servir un autre grand dévot. Servir un grand dévot sans la permission de son guru équivaut à mépriser le guru. Si d’autres dévots sont présents dans la même pièce que son guru, l’on doit d’abord offrir du respect à son guru et ensuite aux autres dévots.
Shri Jiva Gosvami soulève un point important concernant la qualification d’un guru. Il dit que le guru doit incarner les caractéristiques approuvées par les shastras. Si un disciple a accepté un guru non qualifié, il y a toutes les chances qu’il finisse par commettre des offenses envers d’autres dévots. Le guru non qualifié, par exemple, peut être jaloux d’autres dévots avancés et peut interdire à ses disciples de leur offrir respect ou service. Que doit faire un disciple s’il est confronté à un tel dilemme ? S’il offre du respect aux dévots avancés, il désobéit à son propre guru, et s’il n’offre pas de respect à ces dévots, il commet une offense envers eux. C’est comme avoir à choisir entre sauter dans une fosse de serpents ou dans un feu d’incendie.
Shri Jiva Gosvami dit que les shastras ne considèrent même pas une telle situation comme digne de discussion. Cela est dû au fait que le disciple a transgressé les shastras dès le début en acceptant un guru qui n’est pas approuvé par les shastras. Cela peut être comparé à deux voleurs qui volent dans une maison et ont ensuite un désaccord sur le partage des biens volés. Pour les aider à régler le litige de manière égalitaire, ils s’adressent alors à un juge. Mais quelle sorte de règlement juridique le juge pourrait-il proposer à ceux qui dès le départ ont enfreint la loi ?
Par compassion, cependant, Shri Jiva Gosvami offre une solution à un tel disciple. Il conseille de ne pas côtoyer un tel guru. Le disciple peut offrir du respect au guru à distance et continuer à l’accepter comme son guru. Si, cependant, le guru est envieux des autres dévots, alors il doit être rejeté et le disciple doit accepter un autre guru qualifié. Shri Jiva Gosvami cite un verset du Mahabharata pour étayer sa conclusion.
En général, nous trouvons dans les shastras des affirmations qui glorifient le guru et qui stipulent au disciple d’honorer le guru en tant que Bhagavan Lui-même. Ces versets sont destinés à un véritable guru qualifié. Mais si le guru n’est pas qualifié, il n’atteindra pas l’objectif d’élever le disciple. Pour cette raison, il doit être rejeté en faveur d’un véritable guru qualifié. Shri Jiva Gosvami est également très clair en disant que seul un Vaishnava peut être un guru, pas un Shaivite ou un Shakta. Par Vaishnava, il entend celui qui a le vaishnava-bhava, sinon il considère un soi-disant Vaishnava dépourvu de vaishnava-bhava comme un avaishnava : « tasya vaiṣnava-bhāva-rāhityena avaiṣṇavatayā ».
Que doit faire un disciple si le guru quitte son corps et que le disciple n’est pas assez avancé pour continuer par lui-même ? Shri Jiva Gosvami répond qu’un tel disciple devrait trouver un Vaishnava qualifié pour qu’il le guide. Il n’est pas nécessaire de recevoir encore une fois les diksha-mantras. Le disciple peut apprendre auprès d’un tel Vaishnava la philosophie et les détails pratiques ayant trait à la sadhana. Shri Jiva Gosvami recommande que le Vaishnava avec qui l’on choisit d’étudier ait la même compréhension philosophique et le même tempérament de dévotion que son propre guru. Sinon, il y aura de la confusion dans l’esprit du disciple, qui peut commettre une offense envers son guru en agissant au mépris de ses enseignements et de son mode de pratique. Dans ce contexte, Shri Rupa Gosvami adresse également la recommandation suivante :
« L’on devrait côtoyer un Vaishnava sadhu qui fait partie de la même lignée spirituelle, qui est bienveillant et qui est plus avancé dans la réalisation » (sajātīyāśaye snigdhe sādhau saṅgaḥ svato vare, BRS 1.2.91).
De plus, l’enseignant Vaishnava doit être compatissant envers son élève. S’il n’est pas compatissant, il ne prendrait pas la peine d’enseigner et l’étudiant ne serait pas non plus capable de développer de l’affection pour lui.
En ce qui concerne le service, il peut être offert à n’importe quel Vaishnava. Un disciple doit s’imprégner de l’humeur de service. Le service doit être effectué en fonction du statut du Vaishnava. Servir ne signifie pas toujours s’engager dans des actes visant directement le bien-être d’un Vaishnava. Même saluer une personne de manière appropriée est un service. Après tout, les disciples ont leurs propres devoirs réguliers et leur propre pratique spirituelle. Ils ne sont pas libres d’offrir un service personnalisé à chaque Vaishnava qu’ils rencontrent. Mais l’idée est de satisfaire tout le monde par la noblesse de son comportement. Dans la mesure du possible, il faut servir les dévots hautement réalisés (maha-bhagavatas) soit par la présence physique, en les écoutant et en recevant leurs instructions (prasanga), soit en leur offrant un service personnel (paricarya).
Le service offert aux Vaishnavas donne à Krishna le plus grand plaisir, à tel point qu’il Le met sous contrôle, ce qui signifie que le dévot L’atteint directement. Ce message est l’essence de cet anuccheda relatif au sat-sanga. De plus, c’est la vérité suprêmement confidentielle (parama-guhya-tattva) que Krishna a promis de révéler à Uddhava (SB 11.11.49). Les deux versets cités ici (SB 11.12.1-2) contiennent le secret auquel Krishna vient de Se référer. Au fur et à mesure que le chapitre 12 du onzième chant se poursuit, Krishna élabore de nombreuses catégories d’êtres vivants qui ont atteint la perfection simplement en côtoyant les Vaishnavas. Il le fait juste pour souligner le pouvoir du sat-sanga, attestant encore de son caractère suprêmement confidentiel.
If we need a job, how much do we think about getting a job? We become impatient for getting a job. We have to become impatient like that for chanting. We have to be ready to do anything just to chant, then only is it possible to get a taste for it and our mind will become peaceful.
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