Nous avons tous entendu le célèbre payar tiré du Chaitanya Charitamrita : « guru-kṛṣṇa-prasāde pāye bhakti-latā-bīja » – « L’on obtient la graine de la liane de la bhakti par la grâce du guru et de Krishna ». Dans l’anuccheda 179 du Bhakti Sandarbha, Shri Jiva Gosvami explique que la seule manière pour un être conditionné de devenir enclin à la dévotion est d’être en la compagnie d’un dévot. Dans l’anuccheda 180, il en donne le raisonnement et poursuit en disant que c’est la grâce d’un dévot qui est la cause principale de l’obtention de la bhakti. Il explique pourquoi Bhagavan n’en est pas la cause principale, bien qu’Il semble l’être. Ci-dessous, nous présentons la traduction de cet anuccheda avec un commentaire.
Traduction de l’anuccheda 180
Il a ainsi été établi qu’à cet égard [en matière d’induire le sammukhyata sous la forme de bhakti], le sat-sanga seul en est la cause principale et c’est certainement approprié, car pour ceux dont le regard est détourné de Bhagavan (tad-vaimukhyavatam) – [ce phénomène étant] enraciné sans commencement dans l’absence de prise de conscience de Lui –, cela [le sammukhyata sous forme de bhakti] est autrement impossible.
En conséquence, il est dit dans le Mahabharata :
tarko’pratiṣṭhaḥ śrutayo vibhinnā
nāsāv ṛṣir yasya mataṁ na bhinnam
dharmasya tattvaṁ nihitaṁ guhāyāṁ
mahājano yena gataḥ sa panthāḥ
« La logique n’a pas de fondement ultime ; les écritures (shrutis) proposent des points de vue divergents, et il est impossible [pour quelqu’un] d’être reconnu comme un sage (rishi) à moins que sa philosophie ne soit distincte de celle des autres. L’essence du dharma est cachée dans les recoins les plus intimes des cœurs [des êtres réalisés], il faut de ce fait suivre le chemin parcouru par un être éveillé (mahajana) ». (« Vana Parva » 313.117)
Les deux affirmations suivantes de Shri Prahlada confirment la même conclusion [que le sammukhyata sous forme de bhakti n’est possible que par le sat-sanga] :
matir na kṛṣṇe parataḥ svato vā
mitho’bhipadyeta gṛha-vratānām
adānta-gobhir viśatāṁ tamisraṁ
punaḥ punaś carvita-carvaṇānām
« Pour ceux qui se consacrent uniquement à la vie de famille, qui, à cause de leurs sens non maîtrisés, sont plongés dans l’enfer [du samsara] et qui mâchent à plusieurs reprises ce qui a déjà été mâché, un regard de dévotion (mati) n’est jamais suscité envers Sri Krishna, que ce soit par les instructions des autres [qui sont également attachés], par leurs propres efforts, ou par une combinaison des deux ». (SB 7.5.30)
Et plus loin encore :
naiṣāṁ matis tāvad urukramāṅghriṁ
spṛśaty anarthāpagamo yad-arthaḥ
mahīyasāṁ pāda-rajo’bhiṣekaṁ
niṣkiñcanānāṁ na vṛṇīta yāvat
« Tant que ces personnes [au regard matérialiste] ne se baignent pas dans la poussière des pieds des dévots exaltés, qui ont abandonné toute attitude de possession, leurs esprits ne peuvent pas toucher les pieds de Bhagavan Urukrama [Sri Krishna] : l’objet dont le contact est la cessation de l’existence viciée ». (SB 7.5.32)
Atteindre le sammukhya envers Bhagavan en accomplissant des devoirs prescrits (karma) qui Lui sont indifférents (tad-vimukha) est tout à fait impossible, comme indiqué dans la shruti suivante :
anyatra dharmād anyatrādharmād anyatrāsmāt
kṛtākṛtāt anyatra bhūtāc ca bhavyāc ca
« L’Absolu est au-delà [c’est-à-dire inaccessible par] le dharma et l’adharma, au-delà de ce [monde visible de] cause et effet il est au-delà du passé et du futur ». (La Kathopanishad 1.2.14)
Cependant, la shruti parle d’une action prescrite employée spécifiquement comme une forme de sammukhya envers Bhagavan :
tam etam ātmānaṁ vedānuvacanena brāhmaṇā
vividiṣanti yajñena dānena tapasā ’nāśakena
« Les brahmanes cherchent à réaliser l’Absolu par l’étude et la récitation des Védas ainsi que par le sacrifice, la charité, la pénitence et le jeûne ». (La Brihad Aranyakopanishad 4.4.22)
Alors, comment se produit le sammukhya envers Bhagavan ? Il faut s’enquérir sur la cause de cela une fois de plus.
À cet égard, l’on peut supposer que la miséricorde (kripa) de Bhagavan en elle-même est la cause principale de ce détour de regard vers Lui (tat-sammukhya), alors qu’en réalité Sa miséricorde est secondaire. La grâce de Bhagavan ne favorise pas indépendamment ceux dont le regard se détourne de Lui (tad-vimukheshu), même s’ils sont tourmentés par des misères mondaines interminables et insurmontables car cela conduirait à l’impossibilité suivante.
La miséricorde (kripa) est une transformation du cœur (ceto-vikara) qui se produit uniquement lorsque la souffrance d’une autre personne touche son propre cœur. Cependant, la shruti a établi Bhagavan comme étant distinct de l’être vivant (jiva) en ceci qu’Il est la personnification directe de la félicité transcendante du « Goût unique » (paramanandaika-rasatvena) et totalement épargné de toute impureté (apahata-kalmasatvena). Par conséquent, comme la souffrance du jiva, née de l’ignorance, ne peut point toucher le cœur de Bhagavan, pas plus que les ténèbres ne peuvent obscurcir la lumière, il est exclu que la miséricorde s’éveille dans Son cœur. Ainsi, bien que Bhagavan soit toujours présent [en tant que le Soi Immanent, le Paramatma] et bien que l’action, l’inaction, et les actions contradictoires sont toutes en Son pouvoir, il n’y a pas de cessation de l’angoisse du monde pour ceux dont le regard se détourne de lui (tad-vimukhanam).
Ainsi, la seule alternative restante est la grâce des dévots authentiques (les sat). Bien que les dévots résidant dans ce monde ne soient pas touchés par les misères temporelles, ils peuvent parfois se souvenir de leurs propres souffrances antérieures de la même manière qu’une personne se souvient d’un cauchemar en se réveillant. Les dévots sont ainsi capables d’accorder leur grâce aux gens du monde, tout comme Shri Narada a béni Nalakuvara et Manigriva.
Par conséquent, dans ce cas de figure également, la misère matérielle elle-même n’est pas la cause de l’obtention de la miséricorde de Bhagavan. Au contraire, la miséricorde de Parameshvara ne se manifeste qu’en relation avec la bhakti caractérisée par l’humilité, comme lorsqu’une personne déclare : « Bhagavan est mon seul refuge ». Le cas de Gajendra [qui a exprimé un tel sentiment au milieu d’une calamité matérielle et a reçu la miséricorde de Bhagavan] en est l’exemple parfait. Les habitants de l’enfer en sont le contre-exemple [car ils ne prient pas pour la miséricorde de Bhagavan, ni ils ne la reçoivent pas non plus].
La bhakti est une puissance spéciale (shakti-vishesha) de Bhagavan, qui, en entrant dans le cœur de Ses dévots, acquiert le pouvoir de faire fondre le cœur de Bhagavan. Cela a été expliqué plus tôt et sera expliqué en détail plus tard [dans le Priti Sandarbha]. En entrant en contact avec l’attitude d’humilité [du suppliant], cette puissance particulière de la bhakti surgit davantage et accroît considérablement chez le dévot. Ainsi, il est établi que la miséricorde de Bhagavan, qui est présente dans Ses dévots, est transmise à un autre être vivant soit par l’intermédiaire de sat-sanga, soit par l’intermédiaire des bénédictions d’un dévot authentique (sat-kripa), et non pas indépendamment.
Les devas ont transmis cette idée dans une prière adressée à Bhagavan, alors qu’Il était présent dans l’utérus de Devaki devi :
svayaṁ samuttīrya sudustaraṁ dyuman
bhavārṇavaṁ bhīmam adabhra-sauhṛdāḥ
bhavat-padāmbhoruha-nāvam atra te
nidhāya yātāḥ sad-anugraho bhavān
« O Resplendissant (dyuman), Tu es sad-anugrahah, “celui dont la grâce se manifeste à travers les saints”. Ayant personnellement traversé l’océan effrayant de l’existence matérielle, qui est le plus difficile à traverser, ces grandes âmes, qui regorgent de compassion pour tous les êtres vivants, ont atteint l’autre rive, en laissant derrière elles dans ce monde la barque de Tes pieds de lotus ». (SB 10.2.31)
Le mot « dyuman », « resplendissant », est une invocation signifiant « qui se révèle soi-même » (sva-prakasha !). Les pieds de lotus de Bhagavan (bhavat-padambhoruha) sont désignés comme un bateau qui est le moyen de traverser l’océan de l’existence matérielle. Bien que les grandes âmes aient traversé cet océan en utilisant le bateau des pieds de lotus de Bhagavan, elles l’ont en même temps laissé ici, de ce côté, c’est-à-dire qu’elles ont révélé aux futurs aspirants la méthode de le traverser.
En réponse à la déclaration des devas, Bhagavan pourrait bien demander : « Pourquoi doivent-ils [les saints] le faire ? Pourquoi ne pourrais-Je simplement pas révéler ce moyen Moi-même ? En effet, pourquoi suis-Je dépendant d’eux ? »
La réponse à cette question se trouve dans le verset par le mot composé « sad-anugrahah », lequel qualifie Bhagavan. Sad-anugrahah signifie que « Bhagavan est celui qui bénit les autres (anugrihnati) uniquement par la passerelle de Ses dévots authentiques (les sat) ». Alternativement, cela signifie que « Bhagavan est celui dont la grâce est les dévots eux-mêmes ». Dans les deux cas, l’important est que la grâce de Bhagavan qui est disponible dans le monde n’est présente que sous forme de dévots authentiques et sous aucune autre forme.
Comme il est dit dans la « Rudra-gita » :
athānaghāṅghres tava kīrti-tīrthayor
antar-bahiḥ-snāna-vidhūta-pāpmanām
bhūteṣv anukrośa-susattva-śīlināṁ
syāt saṅgamo’nugraha eṣa nas tava
« Par conséquent, ô Bhagavan dont les pieds ôtent tous les péchés, puisses-Tu nous accorder la compagnie de ceux dont les péchés ont été purifiés en se baignant intérieurement dans Ta gloire et extérieurement dans Tes lieux saints [comme le Gange], qui sont épris de compassion envers tous les êtres vivants, établis dans l’être non allié (su-sattva) et dotés de vertus, telles que la simplicité. Tu répandras ainsi, en effet, Ta grâce sur nous ». (SB 4.24.58)
Alternativement, même si le mot composé « sad-anugrahah » [dans SB 10.2.31] est interprété comme « celui dont la grâce (anugraha) est dirigée vers les dévots (les sat), cela implique que la grâce de Bhagavan n’est pas obtenue par ceux dont le regard est détourné de Lui (tad-vimukheshu) et qui sont ainsi liés à un être inauthentique (asatsu). De ce fait, il est tout à fait opportun que la grâce de Bhagavan ne se manifeste que par l’intermédiaire des sat. Telle est bien la conclusion.
Cela étant, même dans la déclaration suivante tirée du « Moksha-dharma », la mention d’une personne libérée immédiatement après sa naissance par la miséricorde du regard de Bhagavan doit être comprise comme se référant spécifiquement à celui qui a déjà reçu le sat-sanga dans une vie antérieure :
jāyamānaṁ hi puruṣaṁ paśyed yaṁ madhusūdanaḥ
sāttvikaḥ sat tu vijñeyo bhaven mokṣārtha niścitaḥ
« Si Bhagavan Madhusudana jette un regard sur une personne au moment où elle prend naissance, il faut comprendre que cette personne est établie dans un être authentique (sattvikah) et que sa libération est assurée ». (Le Mahabharata 12.348.73)
Commentaire
Dans cet anuccheda, Shri Jiva Gosvami établit la raison pour laquelle la bhakti n’est transmise aux êtres vivants que par la grâce d’un dévot authentique (le sat). Les êtres conditionnés sont soumis à l’existence antérieure sans commencement de prise de conscience (anadi-jnana-prag-abhava) de leur véritable identité et de Bhagavan. Le terme technique « prag-abhava », ou « absence antérieure », implique que bien que cette absence de prise de conscience soit sans commencement, elle peut quand même prendre fin un jour. Shri Jiva Gosvami explique comment cela peut devenir possible : il n’y a pas d’autre moyen hormis la grâce d’un dévot authentique car personne d’autre n’est établi dans la prise de conscience immédiate de Bhagavan.
Le verset du Mahabharata « Vana Parva » 313.117) est énoncé par le roi Yudhishthira, un grand dévot de Shri Krishna. Cent questions lui ont été posées par Dharma déguisé en un Yaksha. Parmi les questions figurait la suivante : « Par quels moyens la Réalité peut-elle être connue ? » En réponse, le roi prononça le verset bien connu cité ici.
Yudhishthira déclare que la Réalité ne peut être saisie par la logique et les arguments. « La logique est un produit de l’esprit et est, de ce fait, matériel. Il ne peut approcher le transempirique. De plus, toute conclusion fondée sur la simple logique n’est pas certaine, elle peut être réfutée à tout moment par un autre logicien plus habile ». (BRS 1.1.46)
De plus, même les grands philosophes et contemplatifs ont nécessairement des opinions divergentes s’ils n’adhèrent pas aux conclusions des Védas. Ils étudient le monde et la nature sous leur propre angle de vue et parviennent à différentes réalisations. En formulant leurs idées, ils ont aussi recours à des inférences mentales ou logiques, même s’ils peuvent accéder directement à l’état de samadhi. Ainsi, la conclusion de Yudhishthira est que la Réalité ne peut être connue qu’en suivant les mahajanas, ou les dévots grandement réalisés. Sans la grâce d’un dévot, personne ne peut connaître la Réalité en vérité, même en étudiant les écritures. C’est l’opinion définitive de Prahlada, qui parle par expérience (dans SB 7.5.30, 32).
Shri Jiva Gosvami fait remarquer que même Bhagavan Lui-même n’est pas la cause directe du détour de la prise de conscience envers Lui. Cela signifie qu’Il bénit une personne par l’intermédiaire de Son dévot et non directement. Étant complètement transcendant vis-à-vis de la phénoménalité, Il n’a aucun contact avec la misère matérielle et ne peut de ce fait pas sympathiser avec la souffrance des êtres de ce monde. C’est la raison pour laquelle les gens continuent à souffrir en dépit du fait que Bhagavan est pleinement capable d’éliminer leurs souffrances.
Ici, un doute peut être soulevé : cela signifie-t-il que Bhagavan qui est appelé omniscient, « sarvajna », ignore la souffrance des êtres conditionnés ? La réponse est qu’Il ne l’ignore pas, mais la souffrance ne touche pas Son cœur. Il parle de la souffrance des êtres vivants dans le monde matériel. À plusieurs reprises, Krishna fait référence à la souffrance des êtres conditionnés tout en instruisant Arjuna dans la Bhagavad Gita, ainsi qu’Uddhava dans le onzième chant du Srimad Bhagavata. Dans la psychologie moderne, l’empathie est divisée en deux groupes appelés empathie cognitive et empathie affective. Une personne qui a de l’empathie cognitive connaît la souffrance des autres et peut agir pour les aider mais une telle personne ne ressent pas sa souffrance. Cependant, celui qui a de l’empathie affective ressent, lui, la souffrance. Ainsi, il est possible de dire que Krishna est conscient de la souffrance des êtres vivants mais Il ne la ressent pas. Par conséquent, Il ne leur accorde pas la bhakti, bien qu’Il donne des instructions relatives à la bhakti.
La logique conventionnelle dicte selon laquelle l’expérience inenterrompue de la souffrance du monde ne pourrait être possible que s’il n’y avait pas de Dieu, ou si Dieu était incapable d’éliminer la souffrance, ou si, même s’Il en était capable, Dieu ne serait pas compatissant. Aucune de ces options n’est vraie. Le fait est que Dieu ne ressent pas directement la douleur d’un être vivant souffrant. S’il n’en était pas ainsi, Son être transcendant n’aurait aucun sens. Par conséquent, Bhagavan fait la déclaration suivante dans la Bhagavad Gita :
samo’haṁ sarva-bhūteṣu
na me dveṣyo’sti na priyaḥ
ye bhajanti tu māṁ bhaktyā
mayi te teṣu cāpy aham
« Je suis égal à tous les êtres. Il n’y a personne qui Me soit détestable ou cher, mais ceux qui M’adorent avec dévotion sont en Moi et Je suis aussi en eux ». (BG 9.29)
Bhagavan transmet Sa propre svarupa-shakti sous forme de bhakti à Ses dévots. Par Sa nature constitutionnelle, Bhagavan est directement et personnellement lié uniquement à Son svarupa-shakti. Ainsi ne réciproque-t-Il directement qu’avec Ses dévots, en qui le svarupa-shakti est présent. En ce qui concerne ceux dont la conscience est détournée de Lui, Il reste neutre. Cela signifie qu’Il traite avec eux de manière indirecte, via les lois impersonnelles de l’administration cosmique.
Les lois de la nature, y compris la loi du karma, ont été instituées par Bhagavan pour les êtres vivants en général, c’est-à-dire pour tous ceux qui ne portent pas le regard de dévotion envers Lui. Cela implique également la nomination de diverses divinités pour mettre en œuvre et préserver la loi universelle. Bhagavan Lui-même n’interfère pas personnellement avec ces lois ou la vie des non-dévots. C’est la raison pour laquelle les gens parlent souvent de Dieu comme d’une énergie. En raison du caractère impersonnel de la loi naturelle, il est très difficile pour les gens en général de croire que Dieu est réellement une personne.
Les dévots sont le lien entre Bhagavan et les êtres vivants conditionnés car ils ont fait l’expérience du monde matériel avant d’atteindre la bhakti. Bien que les dévots ne s’identifient plus avec la souffrance matérielle, ils leur arrive de se souvenir des expériences passées et ils peuvent ainsi sympathiser avec la misère des êtres conditionnés. Shri Jiva Gosvami donne l’exemple d’un rêve désagréable. Après le réveil, on n’est plus tourmenté par les images de rêve et les situations menaçantes, mais l’on peut encore se souvenir de ce que l’on a éprouvé pendant le sommeil. Ainsi, les dévots peuvent transmettre la grâce qui provient en fin de compte de Bhagavan car ils n’agissent pas indépendamment, étant pleinement en accord avec Sa volonté. Lorsqu’il est dit que les dévots ont une volonté indépendante, cela signifie qu’ils ne sont pas gouvernés par les lois matérielles mais seulement par la bhakti, qui est la puissance intrinsèque de Bhagavan.
Par conséquent, la conclusion est que la grâce de Bhagavan sous forme de bhakti est transmise ou bien par la compagnie, ou bien par la grâce d’un dévot. Si une personne est libre d’offenses, alors son regard peut être tourné vers Bhagavan par le simple fait d’être en compagnie d’un dévot. Si, cependant, des offenses sont présentes, un être conditionné doit être particulièrement béni par un dévot pour devenir enclin à la dévotion. La bhakti n’est pas accordée à un être vivant conditionné directement par Bhagavan simplement parce que la personne souffre matériellement. La grâce de Bhagavan ne vient directement que lorsque l’on s’abandonne à Lui dans l’humilité, ce qui est une forme de bhakti. La simple souffrance n’est pas la cause de l’obtention de la grâce de Bhagavan, sinon Il aurait délivré tous les résidents de l’enfer.
Un doute est soulevé à cet égard : dans le chapitre 348 du « Shanti-parva » du Mahabharata, le sage Vaishampayana a établi la grandeur de la bhakti et la manière dont elle s’était propagée dans le passé. Il a souligné que les ekanti-bhaktas sont extrêmement rares. En entendant cela, le roi Janamejaya a demandé quelle en était la cause. Au cours de sa réponse, le sage prononça le verset cité à la fin de cet anuccheda. D’après ce verset, il pourrait sembler que Bhagavan accorde également Sa grâce directement, puisqu’une personne qui est libérée à la naissance par le simple regard de Bhagavan n’aurait eu aucune occasion de se trouver en compagnie de dévots. Shri Jiva Gosvami répond que cette déclaration n’est applicable qu’à celui qui a déjà atteint dans sa vie précédente la miséricorde sous forme de compagnie d’un dévot. Seule une telle personne peut devenir le destinataire de la grâce de Bhagavan.
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